La Russie promet une « réponse symétrique » à l'essai d'un missile américain

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Le monde multipolaire qui se construit sera plein d'incertitudes


Le président russe, Vladimir Poutine, a promis vendredi une « réponse symétrique » à l'essai récent par les États-Unis d'un missile de portée intermédiaire, leur premier depuis la guerre froide, ce qui fait craindre une nouvelle course aux armements.




J'ordonne aux ministères russes de la Défense et des Affaires étrangères [...] d'analyser le niveau de menace créé pour notre pays par les actes des États-Unis et de prendre des mesures exhaustives pour préparer une réponse symétrique, a déclaré M. Poutine lors d'une réunion de son Conseil de sécurité.


 La Défense américaine a fourni des images du lancement d'un missile sur l'île San Nicolas, au large de la Californie.

La Défense américaine a fourni des images du lancement d'un missile sur l'île San Nicolas, au large de la Californie.


Photo : The Associated Press / Scott Howe




Ce test américain, effectué dimanche depuis l'île de San Nicolas, au large de la Californie, selon le Pentagone, a entériné la mort du traité de désarmement INF, qui abolit l'usage - par la Russie et les États-Unis seuls - des missiles terrestres d'une portée de 500 à 5500 kilomètres.


Ce traité, dont la signature à la fin de la guerre froide, en 1987, avait mis un terme à la crise des euromissiles, déclenchée par le déploiement en Europe des SS-20 soviétiques à têtes nucléaires, a officiellement été suspendu par les deux puissances rivales au début du mois d'août, après six mois d'un dialogue de sourds.


La Russie et la Chine avaient aussitôt condamné l'essai de dimanche, en dénonçant le risque d'une escalade des tensions militaires et d'une relance de la course aux armements.



Il est évident que [l'essai du missile américain] n'était pas le résultat d'une improvisation, mais un maillon de plus dans une chaîne d'évènements planifiés depuis longtemps


Le président russe, Vladimir Poutine


Cela ne fait que confirmer le fondement de nos préoccupations exprimées auparavant, a ajouté M. Poutine.


Depuis le début de l'année, Moscou et Washington ne cessent de s'accuser mutuellement de violer le traité INF.


Une composante du système de missile de croisière russe SSC-8/9M729 lors d'une démonstration à Moscou.

Une composante du système de missile de croisière russe SSC-8/9M729 lors d'une démonstration à Moscou


Photo : Reuters / Maxim Shemetov




Ce que reproche Washington à Moscou


Les Américains mettent notamment en cause le missile russe 9M729, d'une portée, selon eux, de 1500 km, ce que Moscou dément. La Russie dénonce de son côté le système de défense antimissile américain Aegis Ashore déployé en Pologne et en Roumanie, en redoutant que celui-ci ne soit utilisé pour le lancement de missiles de croisière visant le territoire russe.



Maintenant, une violation est évidente, il est inutile de le contester, a dénoncé M. Poutine. Mais cela soulève maintenant cette question : comment pourrons-nous savoir ce qui sera déployé en Roumanie et en Pologne?


Selon le président russe, les vraies intentions des États-Unis sont de déployer dans différentes régions du monde des missiles interdits auparavant.


Mais leur déploiement en Europe comme en Asie touche nos intérêts de base, puisque c'est à proximité des frontières russes, a souligné M. Poutine.


Nous n'avons jamais voulu, ne voulons pas et n'allons pas nous entraîner dans une course aux armements, très coûteuse et destructrice pour notre économie, a-t-il toutefois assuré.


D'après M. Poutine, la Russie reste toujours ouverte à un dialogue constructif et d'égal à égal avec les États-Unis afin de rétablir la confiance et renforcer la sécurité internationale.


Avec la fin du traité INF, il ne reste désormais en vigueur qu'un seul accord nucléaire bilatéral entre Moscou et Washington : le traité START, qui maintient les arsenaux nucléaires des deux pays bien en deçà du niveau de la guerre froide. Il doit arriver à échéance en 2021.




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