La rue va-t-elle s'avérer néfaste pour ceux qui l'ont prise?

Tribune libre

Déjà, les libéraux de Jean Charest, en incroyables stratèges électoraux qu'ils sont, ont commencé à diffuser une pub nous montrant madame Pauline Marois, cheffe du parti Québécois, jouant de la casserole dans la rue.
Les libéraux touchent ainsi une corde extrêmement sensible chez l'électorat québécois. Dans une démocratie, les décisions se prennent dans un parlement démocratiquement élu et non dans la rue.
Les Québécois forment un peuple extrêmement attaché à la démocratie parlementaire. Ainsi, la pub du parti libéral est un coup de génie.
Les dernières élections partielles ont certainement enhardi les libéraux malgré une défaite dans Argenteuil. Car le parti le plus identifié à la rue par l'électorat québécois n'est pas le PQ mais bien Québec solidaire. Et ce parti a été sévèrement sanctionné aux élections partielles dans LaFontaine et Argenteuil. Ainsi, les libéraux tentent donc de faire également identifier le PQ à la rue; c'est de bonne guerre.
Malgré les défilés de casseroles des dernières semaines, les libéraux savent que les Québécois sont d'abord et avant tout un peuple paisible qui n'aime pas être dérangé dans son train-train quotidien.
Les libéraux n'ont pas tort de dire que la majorité silencieuse est de leur côté. Et il faut noter que cette majorité silencieuse est formée en général des "satisfaits" de la société, ceux qui ne manquent de rien et dont l'avenir est financièrement assuré. Et ce sont ces gens qui se déplacent en grand nombre lors des élections afin de se présenter aux urnes. Car il est bien connu que les classes moins favorisées et les étudiants ne se déplacent habituellement pas beaucoup pour aller voter.
Encore une fois, la riche élite capitaliste de la finance et des affaires frappe à la bonne place avec cette publicité libérale à l'encontre de madame Marois. Car cette élite sait que les "satisfaits" de la société, ceux-là même qui vont voter en grand nombre, ne votent pas pour un quelconque projet de société mais votent strictement en fonction de leur situation personnelle.
Tant et aussi longtemps qu'il n'y aura pas davantage de solidarité sociale au Québec, le statu quo social, économique et politique, statu quo qui crée l'appauvrissement d'une bonne partie de la population, perdurera.


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4 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    28 juin 2012

    Monsieur Proulx,
    Je vous suggère de lire, si vous ne l'avez pas fait, cet article de monsieur Michel Rolland qui rejoint ma pensée:
    http://www.vigile.net/Au-summum-de-l-insignifiance
    Vous verrez que je ne suis pas le seul à être comme vous le dites "pessimiste". N'est-ce pas plutôt du réalisme?

  • Gabriel Proulx Répondre

    28 juin 2012

    Monsieur Didier,
    Cela fait plusieurs semaines déjà que vous étendez votre défaitisme le plus profond dans les pages de ce site, allant jusqu'à donner raison à un individu d'extrême droite qui s'est moqué de vos positions en vous nommant personnellement. Avoir un mauvais « lendemain de veille », ou même une mauvaise semaine, après une élection partielle difficile, cela est normal et compréhensible, mais cela fait maintenant bien longtemps que vous étendez à longueur de textes et de commentaires que « tout est perdu » parce que Québec Solidaire a enregistré une contre-performance dans une circonscription, Argenteuil, où il n'a pas d'organisation locale et n'a fait aucune campagne à cause de tous les dossiers qui l'occupent en ce moment. Lafontaine de son côté, est une circonscription sans importance où les libéraux gagnent toujours à cause d'une importante communauté italienne qui vote systématiquement pour les libéraux, peu importe le candidat ou la situation politique au Québec.
    Pour être franc, Didier, je commence à en avoir ras-le-bol de votre défaitisme et de vos arguments assez réducteurs contre l'électorat québécois. Oui, il y a un énorme problème de cynisme chez notre peuple, un problème causé principalement par le matraquage médiatique constant contre un peuple dont l'esprit critique n'est pas développé à l'école avant d'entrer au cégep. Dire comme vous que les pauvres ne votent pas « parce qu'ils sont pauvres » et que le reste de la société est « satisfait » de la situation actuelle au Québec, cela n'a aucun fondement sociologique valable. Les gens moins nantis ne votent pas parce que ça fait des années qu'on leur rentre dans le crâne que « les politiciens, c'est juste des crosseurs, donc ça donne rien d'aller voter ».
    La population québécoise (qui a tout de même fait tomber une forteresse libérale dans Argenteuil en passant) n'est attachée ni aux politiques libérales (qui ne créent vraiment pas beaucoup de satisfaits), ni au système parlementaire (sinon le taux de participation ne serait pas aussi anémique lors des partielles), il est juste déboussolé en ne sachant pas quoi faire pour se débarrasser de Charest, avec la propagande qui lui montre des sondages menteurs pour lui faire croire que « la majorité supporte Charest contre les étudiants ». En fait, le principal problème de la société québécoise, c'est son puissant esprit de troupeau. Voici la faille que les stratèges propagandistes du grand patronat fédéraliste exploitent à merveille.
    Enfin, cher Didier, la population ne peut pas « sanctionner » un parti qui n'a jamais fait de gros scores dans la circonscription de toute façon. Si un parti a bien été sanctionné dans Argenteuil, c’est le PLQ.
    Vous devriez vous sortir de votre torpeur et militer pour une alliance électorale des forces indépendantistes pour faire comprendre au peuple québécois que sa grande mobilisation a donné quelque chose, plutôt que de contribuer à démolir son moral. Un parti de gauche comme Québec Solidaire pourrait sans doute être apte à prendre le pouvoir d’ici 15 ou 20 ans au Québec, uniquement à condition que le Québec soit indépendant. Pour l’heure, l’avènement d’un gouvernement de gauche au Québec n’aurait aucune importance pour la population, étant coincés que nous sommes dans un Canada réactionnaire et antidémocratique. C’est cela, le vrai problème qui préoccupe les électeurs, qui pensent surtout pour l’instant au débat indépendance/fédéralisme, au lieu de ce que vous décrivez de manière simpliste comme « des pauvres qui ne votent pas parce qu’ils sont pauvres ».

  • Ouhgo (Hugues) St-Pierre Répondre

    27 juin 2012

    Il y eut ce soir à la télé une image d'anthologie d'ignorance du terme "politique".
    Pénélope demandant à Isabelle Boulay si la Fête nationale devrait être une "saaêne" moins politique... belle séance de patinage.
    Pénélope demandant à Geneviève Borne de nous parler de son voyage en Israël, terres occupées par qui, sur qui??? Le mur!
    Pénélope demandant à Barbie Twinkle Withenshaw la distinction entre ses 2 cultures/langues... elle nous montre un segment avec Cassivi!

  • Archives de Vigile Répondre

    27 juin 2012

    « …Les décisions se prennent dans un parlement démocratiquement élu et non dans la rue… »
    Cette affirmation n'est en rien essentielle quand on sait que le mot « rue » connote fortement des concepts comme prostitution, criminalité, contestation, etc.
    En opposition à la rue se retrouve la chambre, feutrée, calme, posée et rationnelle. Mais ne retrouve-t-on pas également dans la chambre l'illicite, la médisance, le secret voire le déni et le tabou? On ne peut, lorsqu'on s'adonne un peu à l'étymologie des mots, qu'on ne les oppose pas et qu'on les apprécie, déconstruire les discours simplistes – car les discours actuels de tout genre s'enferment dans une telle haine et une si grande violence de la différence et de la diversité qu'ils perdent tout sens cohérent et entraînent les plus dépourvus intellectuellement dans des dédales sémantiques desquels ils ne sont pas près de sortir – et jeter à la rue les idées en pensant que seule la chambre règne sur le vivant. Si le législatif caméral ne s’alliait pas à l’exécutif du macadam, la Loi 78 aurait permis à la police de remplir les prisons québécoises en très peu de temps!
    Plusieurs décisions se prennent dans la rue et il est erroné de prétendre que les Québécois sont attachés à la démocratie parlementaire. Encore faudrait-il savoir s’ils font simplement la différence! Quand on pense à cette « artiste » que je ne nommerai pas et qui prétendait « ne pas avoir eu le temps » d’aborder le sujet, on peut certes penser qu’elle représente – cette artiste – une assez large majorité de Québécois qui ne s’intéressent pas à la « chose » politique.
    Et pourtant, je rappelle la définition du mot politique :
    « L'étymologie du mot politique vient du grec “politikè” qui signifie : science des affaires de la Cité. La politique est donc l'organisation de la Cité ou de nos jours l'État. Nous constatons trois sens pour La Politique : Le sens global “Politikos” (la civilité), indique la société organisée et développée. Un sens plus précis “Plolitea” concerne la constitution et donc la structure et le fonctionnement (méthodique, théorique et pratique) d'une communauté, d'une société, d'un groupe social. La politique porte sur les actions, l’équilibre, le développement interne ou externe de cette société, ses rapports internes et ses rapports à d'autres ensembles. La politique est donc principalement ce qui a trait au collectif, à une somme d'individualités et/ou de multiplicités. C'est dans cette optique que les études politiques ou la science politique s'élargissent à tous les domaines d'une société (économie, droit, sociologie, et cetera). Un sens restreint “Politikè” se réfère à la pratique du pouvoir. C'est-à-dire aux luttes pour le pouvoir et la représentativité du peuple entre des hommes et femmes ou différents partis politiques auxquels ils peuvent appartenir. » [Note 1]
    Le pouvoir, comme l’a montré Michel Foucault, ne se concentre pas dans des institutions, des champs de connaissances, des domaines ou des castes mais percole sans différenciation à travers les frontières en apparence étanches que créent les hommes pour s’appuyer sur des processus grandement différents des grandes théories orthodoxes.
    [Note 1] http://paixetecologie.forumactif.org/t6-origine-du-mot-politique