Lettre à Pauline Marois

La guerre, oui madame

Défendez le P.Q. qui n’a jamais su se défendre et qui dort, et qui dort, et qui dort depuis 1995.

Tribune libre

De l’air frais qu’ils disent. Quel air frais ? C’est depuis la création de Q.S. que cela n’a pas lâché, qu’une certaine gauche appelle à l’union électorale avec le P.Q. Un incessant et un indécent chantage. Et maintenant un souverain mépris pour le militantisme péquissse, « manipulé », parait-il, à hauteur de 93%. Parait-il aussi que le P.Q. devrait maintenant mourir, pour renaître ensuite, et sans doute aussi pour le plus grand bien de Québec Solidaire…
On appelle maintenant à se parler et s’écouter, mais après qu’une certaine gauche-- la machine de guerre anti-souverainiste, catapultée par la gauche fédéraliste—ait craché à la figure de Mme Marois pendant des mois, au point de disputer à Gesca et Radio Canada la première place dans la descente du P.Q. dans les sondages.
En appeler maintenant à se parler et s’écouter, cela ne peut se faire que sur le mode Respect. Lisez donc alors, ici même, sur Vigile, à deux ans des élections, prévisibles si décisives, alors que le temps est compté aux indépendantistes, le ton employé par plusieurs « anti-Marois » ! Et quel ton ! Demandez-vous ensuite l’intérêt qu’il y aurait pour votre chefferie d’écouter davantage de ce discours anti-souverainiste planqué derrière le discours anti-P.Q.
Il y en a un parti indépendantiste. Il existe un parti indépendantiste. Il y a tout au plus quelques centaines d’indépendantistes dans tout le Québec pour à la fois clamer très haut leur fidélité, mais contester jusqu’au dénigrement, et qui semblent solidement décidés à ignorer l’existence du P.I. mais pas celle du P.Q. Ce serait pourtant une très bonne chose, pour eux et pour le P.Q., que ces indépendantistes insatisfaits, que dis-je, qui sont écoeurés du P.Q., s’y retrouvent au P.I. Ben quin ! La position du P.I. n’a rien à voir avec la fameuse gouvernance souverainiste qui fait tant souffrir. Et il a là toute l’énergie qu’a déjà eu le « mouvement » R.I.N. d’il y a très longtemps. Qui sait, cela pourrait peut-être mettre un baume sur de vieilles blessures. Et même permettre, qui sait encore, de continuer ailleurs un admirable travail de sape à l’égard de toute chefferie.
Faire du maraudage ouvert et transparent auprès des indépendantistes du P.Q. est une chose plutôt vexatoire pour vous, Mme Marois, mais cependant très légitime. Mais, sous couvert de maraudage, faire en réalité du bashing , cela relève d’une toute autre stratégie : cela relève d’une sorte de machine de guerre anti-indépendantiste, et qui fait maquis parmi les troupes souverainistes.
On verra bien. On verra bien si votre P.Q. est aussi insouciant maintenant que le Bloc a pu l’être avant le 2 Mai dernier.
Je n’hésite pas à penser ni à écrire encore : défendez-vous Pauline Marois. Défendez le P.Q. qui n’a jamais su se défendre et qui dort, et qui dort, et qui dort depuis 1995. Défendez votre méthode, la gouvernance souverainiste, qui vaut mieux que toutes celles d’avant, et qui ont toutes mené à l’échec, lorsque les indomptables d’aujourd’hui étaient au Pouvoir.
Contre tout bon sens, vos ennemis et les ennemis du P.Q., ceux du tir-ami s’entend, croient que vous abusez de l’électorat, des indépendantistes en particulier, et croient surtout pouvoir eux-mêmes le faire à votre place et suite, comme si tout l’électorat souverainiste et indépendantiste était un électorat bête et captif. Et tout cela… incroyable, proprement sidérant, à deux ans des élections, peut-être moins. Ils croient pouvoir retourner un électorat devenu superbement agacé, superbement impatient, en moins de deux ans de la tenue des élections. Peut-être même que certains parmi eux renoncent au Pouvoir pour bientôt, ce qui vous est interdit. Peut-être même qu’ils renoncent…Et ils croient cela, ils sont certains, leur bonne foi sur la table, malgré tous les sondages, sondages qui vont bien au-delà de la simple personne du « chef » du P.Q. (Pour les intéressés, le Sondage des sondages a eu lieu le 2 Mai dernier, avec bien plus que mille répondants, marge d’erreur nulle…).
Leur déni, depuis, tenez-vous bien madame, ils le rejettent en votre direction. François Legault a beau dire, lui, que les indépendantistes sont dans le déni, et se retrouver en tête des sondages, c’est vous qui êtes l’unique accusée par le tir-ami pour vous retrouver si bas dans les mêmes sondages.
P-a-t-h-é-t-i-q-u-e.
Mme Marois, vous êtes la cheffe très LÉGITIME du P.Q. Défendez-vous ! Votre bilan ne semble pas suffire. À vrai dire, aucun bilan ne pourra jamais satisfaire des opposants. Défendez-vous donc, Mme Marois, vous et le P.Q dont vous êtes chef, vous serez alors appuyée.
Défendez-vous, oui, attaquez même, ceux-là qui le méritent plus qu’amplement, mais qui se croient pourtant, on ne sait ni comment ni pourquoi, qui se croient méritants de la patrie, vous remonterez alors dans les sondages.
À la guerre comme à la guerre, Madame, ce n’est pas vous qui aurez initié la plus sale des guerres, la guerre fratricide, celle des indépendantistes.
Faites donc ce qu’il y a à faire … chez nous, avant de faire ce qu’il y a faire pour Nous.


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10 commentaires

  • Marcel Haché Répondre

    24 août 2011

    @ O
    J’entends bien votre objection. Je la fais mienne en grande partie. Je ne renie pas ni le R.R.Q. ni le P.I. Et ce n’est pas dans cette direction que j’estime que Pauline Marois devrait rendre coup pour coup, bien au contraire…
    Salutations à vous.

  • Marcel Haché Répondre

    24 août 2011

    @ André Vincent
    Bernard Frappier est à la fois un homme d'opposition et un homme de pouvoir.Cela est rare, comme Vigile...Sans aucun doute,Bernard Frappier doit lire pas mal plus que ce vous et moi pouvons y lire...et qui parfois peut nous déplaire.
    Je vais vous taquiner un peu,mon ami : restez donc avec Vigile et apportez-y votre voix.
    Salutations fraternelles.

  • Marcel Haché Répondre

    24 août 2011

    @ Sylvain Marcoux
    Le temps presse...pis en maudit à part ça.
    Mais il presse pour les indépendantistes,pas pour la Nation avec la même intensité.La Nation,comme vous dites,va continuer comme elle a continué depuis longtemps.Et elle va continuer encore longtemps.C'est l'espoir et l'action des indépendantistes qui deviendraient pas mal plus compliqué si les rouges ou même l'éventuel parti de François Legault était porté au Pouvoir.
    Le Pouvoir est essentiel aux indépendantistes.Remettre l'espoir à toujours plus tard relève du déni.Le P.Q. ne vous apparaît peut-être pas bien fort,il l'est quand même plus que la gang du West Island qui Nous dirigent maintenant.
    Salutations à vous.

  • Marcel Haché Répondre

    24 août 2011

    @ Nicole Hébert
    Mme Marois doit se battre.Si elle se met à écouter ses opposants,il lui arrivera ce qui est arrivé à Gilles Duceppe qui s'était mis à jaser avec les libéraux et les néo-démocrates.
    Les purs et durs de l'indépendance( j'ai moi-même été longtemps sur Vigile à espérer une élection référendaire et trouvé la position du P.I. parfaitement admissible)ne semblent pas apercevoir le Mur vers lequel ils se dirigeraient maintenant, à deux ans des élections. Surtout,ils ne veulent pas considérer que la gouvernance souverainiste puisse être une alternative de contournement.Ils y voient une alternative de perdition sur un chemin qui mène nulle part.
    Il me semble très évident que la prise du Pouvoir par le P.Q. briserait l'impasse dans laquelle tout un peuple s'impatiente présentement. Rien ensuite--absolument rien--ne pourrait entraver l'action des indépendantistes,alors que nous sommes présentement en marge de l'histoire qui s'écrit continuellement.
    Salutations à vous.

  • Archives de Vigile Répondre

    23 août 2011

    Vous écrivez une lettre à Marois sur Vigile ?!
    Je suis sûr qu'elle n'a jamais lu Vigile ou même aucun site indépendantiste.
    Vous attendez une réponse d'elle aussi ? MDR !!
    Un indépendantiste. Ou Al Quaida (pour Pauline)

  • Archives de Vigile Répondre

    23 août 2011

    Pourtant, il ne faut pas oublier ce qui bloque la Cause: l'argent et la culture, la langue.
    Et qui s'est battu de l'intérieur sans appui de la cheffe? L'économiste Aussant et le guerrier de la langue Curzi. Affrontements qui ont mené à la dissidence!
    Pour l'argument du nombre des membres contre les 450 en action dimanche dernier, il y a mauvaise foi. Les indépendantistes présents étaient une fraction de ceux qui sympathisent avec les dissidents, camisoledeforcés par la ligne de parti dans l'affaire de Québec. C'est plutôt à eux que pourrait s'adresser la défense: "ce n’est pas vous qui aurez initié la plus sale des guerres, la guerre fratricide, celle des indépendantistes."
    Si la chef avait montré de l'enthousiasme pour les ABCD de la souveraineté où Aussant démontre la nuisance du Canada au Québec, si elle avait appuyé la croisade de Curzi pour la loi 101 au cegep, base de la nation vivante, elle n'aurait pas aujourd'hui à répondre de cet ultimatum: se battre sans faux fouyants pour le Québec ou renoncer.

  • Archives de Vigile Répondre

    23 août 2011

    Merci Marcel Haché,
    Je pense à écrire un texte bientôt sur la meute lâchée lousse sur Vigile, et les conséquences de ce geste politique dont on voit déjà les premiers résultats dans les sondages. La seule chose qui me fait hésiter est que Bernard Frappier ne publie plus mes commentaires et je me demande s'il va publier ce texte.
    Je n'aime pas écrire pour-e-rien.
    André Vincent

  • Pierrette St-Onge Répondre

    23 août 2011

    M. Haché,
    J’étais à répondre à M. Sauvé… avoir su, je ne l’aurais pas fait, pas tout de suite en tout cas. Je viens de lire votre texte. Votre plaidoyer en faveur de Pauline Marois est tellement vrai et le ton tellement formidable.
    Comme Madame Hébert, je vous aime et je suis ravie que votre texte reflète en tout point le fond de ma pensée. Je sais que Pauline Marois va rester, elle l’a confirmé ce matin à Paul Arcand.
    Merci… Ça fait du bien.
    Pierrette St-Onge

  • Archives de Vigile Répondre

    23 août 2011

    Pathétique...
    Ce qu’il l’est vraiment… c’est de constater que Mme Marois en a perdu une bataille… Celle de décembre 2008. Et ce n’est pas parce qu’elle ne fut pas préparé. Mme Marois fut couronnée cheffe du PQ en juin 2007 et fut élu député en septembre de la même année.
    Ce qui est encore plus pathétique… c’est le dernier sondage qui vient démontrer qu’elle ne récolterait pas plus de 16 % des intentions de vote au Québec advenant une élection si un Legault (un pseudo-sauveur…) venait à s’y présenter également.
    La prochaine bataille, celle de 2012 ou 2013… sera quant à elle décisive. Si le mouvement indépendantiste (incarné ou non au sein du PQ) perd cette bataille, et bien s’en sera fini pour la nation ; La nation aura perdu la GUERRE. Et bienvenue dans le monde multi-culturaliste nord américain… (Mais au fait… n’est-ce pas déjà ce monde là que le PQ nous propose actuellement ?)
    Sylvain Marcoux

  • Nicole Hébert Répondre

    23 août 2011

    Monsieur Haché,
    Je vous aime! J'aurais voulu écrire cela, et sur ce ton-là. Et j'espère que vous lui avez fait parvenir cette lettre.
    Je crois, OUI, qu'elle doit rester là et se battre. Mais que nous devons accepter qu'elle le fasse à SA façon, qui ne sera pas celle d'un René Lévesque, d'un Bourgault ou d'un Parizeau. C'est une opiniâtre. J'aime les conseils de M. Deshaies; qu'elle s'entoure, de femmes et d'hommes capables de nourrir sa réflexion, éclairer ses décisions et soutenir les forces qui sont les siennes; elle ne se laissera pas "paterner" ni manipuler; elle fera le tri et agira.
    Je suis avec vous, M. Haché. Et j'endosse ce que vous dites de ces dévoreurs de Marois. Là aussi, ça prendrait peut-être un bon examen - dans le sens d'analyse (voir le dernier texte de L'Engagé) de conscience?
    Merci!
    Nicole Hébert