La grosse armoire au milieu du salon

Tribune libre

La grosse armoire au milieu du salon
Paraîtrait qu'Amir Khadir et Françoise David veulent « tirer le PQ vers le centre-gauche... ». Z'auront pas beaucoup de travail à faire parce que le PQ, il y est déjà — au centre-gauche.
Ce que QS ne semble pas catcher comme y faut, et ce depuis sa fondation, c'est le fait que le gros-gros problème du Québec est dans le noeud du problème, si on peut dire, et il restera noué là tant qu'on ne le défera pas ensemble. La liberté, ou l'indépendance ne sont ni à gauche, ni à droite, et ce n'est surtout pas en l'enrobant dans un grand projet de société machin de gauche social-démocrate anti-capitaliste qu'on va finir par le défaire et libérer nos forces vives.
C'est vrai que QS n'a pas à s'excuser d'exister, mais il devra assumer une part de responsabilité si la division du vote nous fait reculer en arrière au lieu d'avancer en avant, descendre en bas au lieu de monter en haut et sortir sur la terrasse pour voir loin-loin là bas : Hello le monde entier... youhou... c'est nous-autres !
Je vais donc tenter d'expliquer à mes bons amis gauchistes que depuis quarante ans, l'indépendance du Québec c'est comme une grosse armoire au milieu du salon. Une maudite belle grosse armoire canadienne-française québécoise de souche taillée à ' hache par le grand six pieds en personne, dans laquelle il y a de toute-toute : de l' Histoire à n'en plus finir, du patrimoine en masse, notre culture culturelle, nos bonnes chansons, depuis la Bolduc jusqu'à aujourd'hui, des belles menteries de conteux, Séraphin Poudrier, le crucifix de l'Assemblée Nationale, le drapeau des Patriotes, Duplessis, Lesage, Lévesque, Parizeau, enfin toute je vous dis, même des couleurs de d'autres pays, avec d'autres cultures et d'autres sortes de crucifix, avec même pas de p'tit Jésus dessus...
Mais alors le problème c'est qu'a prend d'la place en diable au milieu du salon, et chaque fois que tu veux aller dans ' cuisine par exemple, faut que tu fasses le tour. Pareil pour les chambres, la salle de bain, et même pour sortir dehors. À certains moments, on dirait que tu la vois plus et puis, d'un coup comme ça, ba-dang, elle te revient dans ' face et là, tu te dis en toi-même : « Non mais on va-tu finir par y trouver une place à c'te maudite armoire-là ?».
Certains voudraient même la mettre au chemin comme une vieille chose, QS voudrait l'enrober de sucre d'érable comme je le disais plus haut, pendant que mononcle Buzinesse aimerait bien la vendre beau-bon-pas cher, ou la recycler en armoire à glace au pôle Nord ; quant à mononcle Lacaque, lui, y voudrait la remiser pour dix ans dans ' grange, non mais faut-tu être tarla rien qu'un peu... Mais eh ! cela n'est pas possible, c'est plein de toute-toute dedans, ça pèse une tonne en plus alors moi, je dis que tant qu'on lui trouvera pas SA place dans ' maison, elle va continuer à emmerder tout l'monde.
Après, une fois le salon libéré, on pourra aller à gauche à droite n'importe où sans toujours être obligé d'en faire le tour. Non c'est vrai, ça vient fatigant à la longue. On pourrait même percer une porte-patio, côté jardin, et se faire une belle grande terrasse...
... avec vue sur le fleuve...
André Vincent


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3 commentaires

  • Marcel Haché Répondre

    31 août 2012


    Il est requis de chaque génération qu’elle apporte sa marque, certes, mais aussi sa pierre à l’édification de notre Habitation. C’est un travail exigeant d’humilité et de fidélité.
    Il reste peu de temps pour qu’une vieille génération consente à passer le drapeau à une plus jeune, qui devrait consentir à prendre le relais. Sans le consentement de la plus jeune, une vieille génération est perdue. Et sans la générosité des plus vieux, il ne restera rien aux plus jeunes, seulement peut-être une dérive sans fin. Chaque génération ne peut pas toujours refaire les plans et tout recommencer. Il reste peu de temps pour que les générations d’indépendantistes s’accordent et se tendent la main.
    Le Québec est prêt. Mais le temps presse.

  • Archives de Vigile Répondre

    31 août 2012

    Dans les modernes condos urbains, la pièce maîtresse, c’est devenu la penderie. La penderie de la chambre des maîtres, c’est l’orgueil de la nouvelle maison : on y fait circuler les visiteurs qui en seront jaloux si elle est plus spacieuse que la leur. On s’ingénie à y construire les plus chics étalages de rangement, qui remplacent les bureaux traditionnels des chambres. Et l’espace ainsi sauvé est regagné dans un vaste salon-cuisinette-salle à dîner ouvert sur l’immense baie vitrée faisant rêver sur le passage des avions…
    On a dit vaste salon… pouvant loger facilement une grosse armoire, et même la mettre à l’honneur, et en être fier désormais.
    L’allégorie de la vie moderne, urbaine, n’est pas innocente. Les détracteurs du projet d’indépendance du Québec aiment à y accoler les images de culs terreux, de repliés en bout de rang, de chauffage au bois, de frileux en chaussons de laine, de Patriote en souliers de beu ! Or les Québécois, comme partout ailleurs, vivent de plus en plus en agglomérations urbaines. Ils ont laissé la vaste terre à l’agriculture moderne, mécanisée. Ils ont appris, un peu tard, à préserver la terre arable en rationalisant l’habitation en résidences plus denses, plus économes en énergie, rassemblées autour des lignes de transport en commun, près de parcs verts.
    Ce nouveau genre de vie réduit le temps accaparé par les besognes domestiques. Il libère l’esprit pour éliminer les cossins inutiles et élargir les visées sur la communauté d’origine. C’est ici que la grosse armoire, replacée dans le salon, prend tout son sens : on l’ouvre à chaque jour pour en faire l’inventaire, classer son contenu, retrouver l’usage réel de chaque élément, la mettre en valeur.
    L’indépendance du Québec, il faudra le rappeler régulièrement à Madame la Première Ministre, ce n’est pas du folklore à sortir seulement en période électorale. C’est le café de tous les matins qui doit nous aider à prendre les bonnes décisions toute la journée, toute l’année, pour nous faire avancer fièrement, sur la piste cyclable, avec toutes les nouvelles ethnies francisées. La grosse armoire n’est plus nuisible : elle nous libère de toute dépendance.

  • Archives de Vigile Répondre

    31 août 2012

    J'ai toujours dit que les forces souverainiste devraient s'unir pour faire le pays du Québec.
    Après ils fonderont leurs partis de gauche-centre-droite-alouette et se plumeront à qui mieux-mieux mais au moins il ne sera plus question de retourner sous l'emprise de la confédération canadienne.
    Mais en même temps il me semble que présentement nous n'avons pas entendu parler autant de souveraineté que depuis 1995.C'est la bonne nouvelle.Et 2 nouveaux partis qui ne sont pas encore établis et qui comme des oisillons tassent de leurs ailes les gros joueurs déjà en place et parlent à leurs tours de souveraineté du Québec.
    C'est une situation vivante et même si un parti fédéraliste prendrait le pouvoir,tout cela ne s'arrêtera pas là.