Benjamin Nétanyahou a confirmé que ladite commission ne pourrait pas interroger directement les militaires impliqués. Photo: AFP
Marius Schattner - Composée de juristes conservateurs d'âge avancé, d'observateurs étrangers sans droit de vote et dépourvue de mandat pour interroger les soldats, la commission d'enquête d'Israël sur l'arraisonnement controversé du 31 mai n'a rien pour inquiéter les autorités israéliennes.
La mise en place de cette «commission publique indépendante» répond à deux impératifs, a expliqué lundi le premier ministre Benjamin Nétanyahou: «Préserver la liberté d'action de nos soldats et prouver que nos actions étaient de caractère défensif et donc justifiées» sur le plan du droit international.
M. Nétanyahou a confirmé que ladite commission ne pourrait interroger directement les militaires impliqués, à l'exception du chef d'état-major Gaby Ashkénazi.
Qu'ils approuvent ou critiquent la création de la commission, les médias israéliens estiment tous qu'elle est destinée à justifier à postériori l'interception de la flottille humanitaire internationale en route pour Gaza le 31 mai qui a fait 9 morts civils et des dizaines de blessés.
«L'objectif est de donner une réponse au monde» qui a mis Israël en accusation, écrit le quotidien gratuit Israël Hayom (droite), proche de M. Netanyahu.
«Il est bien évident que cette commission est à usage externe. Son but n'est pas d'enquêter ni d'examiner le bien fondé des décisions de l'échelon politique ou militaire», estime le quotidien à grand tirage Yediot Aharonot qui ironise sur l'âge vénérable de ses membres israéliens.
Son président, le juge en retraite de la Cour Suprême israélienne, Yaakov Tirkel, 75 ans, a une réputation de juriste conservateur, indépendant d'esprit, qui avant même sa nomination s'est publiquement prononcé contre toute idée de sanctions.
Les deux autres représentants israéliens sont le professeur de droit international Shabtai Rosen, 93 ans, et le général à la retraite Amos Horev, 86 ans.
Pour les «observateurs» étrangers, Israël a fait appel à David Trimble, 66 ans, ancien chef du Parti unioniste d'Ulster et prix Nobel de la paix 1998, et Ken Watkin, 59 ans, un ex-avocat général de l'armée canadienne.
Selon la presse, Lord Trimble, un conservateur protestant, a récemment participé au lancement de l'initiative des «Amis d'Israël», un groupe de personnalités internationales qui défend le droit de l'État hébreu à exister.
Le mandat des deux observateurs est limité: ils n'auront pas le droit de voter sur les travaux et les conclusions de la commission.
Celle-ci examinera essentiellement la conformité du raid israélien et du blocus maritime de Gaza au droit international.
L'opération «Brise marine» a déclenché une profonde crise diplomatique entre Israël et la Turquie, et suscité l'indignation et les condamnations de la communauté internationale.
Les autorités israéliennes ont catégoriquement rejeté le principe d'une mission d'enquête internationale.
Elles ont cependant accepté une «présence internationale» afin d'éviter de se retrouver mises en accusation, comme après la publication l'an dernier du rapport du juge sud-africain Richard Goldstone, mandaté par l'ONU, qui avait enquêté sur l'opération «Plomb durci» de l'armée israélienne à Gaza il y a 18 mois (plus de 1 400 morts palestiniens).
Israël avait alors boycotté cette commission d'enquête qui, dans ses conclusions, l'accusait d'avoir commis des crimes de guerre et recommandait la saisine de la Cour pénale internationale (CPI) en cas de refus de l'État hébreu d'ouvrir une enquête «crédible».
L'armée israélienne a de son côté chargé le général de réserve Giora Eiland de superviser une «équipe d'experts», composée de généraux de réserve, qui rendra ses propres conclusions d'ici le 4 juillet sur le déroulement du raid.
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