L'UE se rebiffe, la Russie tape du poing sur la table et l'Ukraine risque un nouveau Maïdan - L'entropie du système global s'affole

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Les États-Unis prépareraient la guerre qu'ils ne s'y prendraient pas autrement


La semaine se termine avec plusieurs annonces qui peuvent sembler positives pour certaines, mais qui au final n'augurent rien de bon. Car c'est lorsqu'il est acculé qu'un système devient alors le plus dangereux, et le plus incontrôlable. Et c'est exactement à cela que nous sommes en train d'assister en Ukraine, en Europe, en Russie et aux États-Unis.


L'annonce la plus marquante sur le plan international fut sans nul doute celle des nouvelles sanctions votées contre la Russie, l'Iran et la Corée du Nord par les États-Unis. Ces sanctions visent principalement le domaine énergétique, et concernant la Russie, elles compromettraient le fameux projet Nord Stream 2 qui doit permettre d'acheminer plus de gaz russe en Europe via un gazoduc sous-marin passant par la Baltique.


En effet, la loi qui a été votée permet au président américain d'imposer des sanctions aux personnes physiques et aux entreprises qui ont l'intention d'investir plus de cinq millions de dollars par an dans la construction de pipelines d'exportation russes, un million de dollars en une fois ou fournir aux projets des services, des technologies ou un soutien informatique. Le but pour les États-Unis étant bien sûr de vendre à l'Europe son gaz liquéfié, dont une partie vient d'exploitations de gaz de schiste extrêmement polluantes et dangereuses, pour remplacer le gaz russe.


Ce sont donc des sanctions totalement illégales, dont le but est de donner un avantage aux entreprises américaines dans le domaine énergétique face à la Russie. Et si jusqu'ici les sanctions made in USA passaient comme une lettre à la poste, là ça coince et ça grince. Même en Europe. Car le gaz américain est plus cher que le gaz russe, et certains pays comme l'Allemagne ont besoin de beaucoup de gaz pas cher, entre autre pour produire leur électricité (l'Allemagne ayant décidé de renoncer progressivement à l'énergie nucléaire).


Le transit via l'Ukraine étant de plus en plus problématique et peu fiable, le projet Nord Stream 2 devait assurer à l'Allemagne un acheminement sûr et continu de gaz russe à bon prix, sans risque d'interruption pour cause de facture impayée par l'Ukraine, de vol de gaz par cette dernière lors du transit, ou de coupure en cas de conflit ouvert entre la Russie et l'Ukraine.


Résultat cette fois, l'Allemagne se rebiffe, et refuse que les sanctions américaines s'appliquent en dehors du territoire des États-Unis. C'est par la voix du chef de la diplomatie fédérale Sigmar Gabriel, que l'Allemagne a fait savoir qu'elle estime que ces sanctions sont inacceptables car elles portent atteinte aux intérêts des sociétés européennes.


« Le fait est que nous n'acceptons en aucun cas une application extraterritoriale des sanctions américaines contre des entreprises européennes », a-t-il ainsi déclaré dans une interview au journal allemand Spiegel.


Alors que jusqu'ici l'Allemagne avait obéi et appliqué systématiquement via l'UE toutes les sanctions américaines, lorsque la sécurité énergétique du pays est menacée, d'un seul coup, l'unité face à la Russie n'est plus de mise. Le ministre lâche même ouvertement ce qui se cache derrière ce nouveau train de sanctions.


« La politique de sanctions n'est pas un outil approprié ni adéquat pour promouvoir des intérêts nationaux dans les domaines de l'exportation et de l'industrie énergétique », a-t-il déclaré.


Lorsque ses propres plans sont menacés, l'Allemagne fait mine de découvrir que les sanctions américaines ont pour but de favoriser les États-Unis, leurs intérêts et leurs entreprises. Sauf que cela a toujours été le cas. Espionnage, sanctions, et guerres menés par les États-Unis ont toujours eu pour but de rafler un maximum de ressources naturelles, de leur donner un avantage économique, et donc de leur donner plus de pouvoir à l'échelle mondiale.


Les États-Unis se comportent depuis des décennies comme une nouvelle Rome qui entend bien étendre son empire au monde entier. Sauf que ça coince. Et de plus en plus. Si même les valets les plus zélés des États-Unis comme l'Allemagne commencent à sortir les griffes, c'est plutôt mauvais signe. Cela montre que ce nouvel empire est déjà sur le déclin, que certains vassaux le savent, et ne sont pas prêts à couler avec le Titanic.


Car face à cette énième décision américaine qui sent bon l'hégémonisme, la Russie est cette fois sortie de ses gonds. Beaucoup d'experts se demandaient jusqu'à quand la Russie allait rester de marbre face aux provocations américaines. Il semble qu'ils ont obtenu leur réponse. Cette fois c'est la goutte d'eau qui fait « déborder le vase de la patience de la Russie » (et Dieu sait qu'il était très grand ce vase), dixit le vice-ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Riabkov.


Le député russe Alexeï Pouchkov les a même qualifiées de déclaration de guerre politique, ajoutant qu'elles étaient le signe d'une « super-puissance qui perd la raison ». Les États-Unis ont franchi la ligne rouge. Le président russe, Vladimir Poutine s'est lui-même fendu d'une déclaration tout ce qu'il y a de plus claire et directe.


« Il en est de même avec les sanctions, elles sont absolument illégales du point de vue du droit international, nuisent aux principes du commerce international et aux normes de l’Organisation mondiale du commerce », a déclaré le président russe.


Comme Sigmar Gabriel, le président russe a souligné que ces sanctions avait pour but évident d'user de l'avantage géopolitique des États-Unis pour favoriser leurs entreprises dans un domaine qui est censé être concurrentiel. Il a même ajouté que ces sanctions sont cyniques, et que la Russie devra y répondre.


« Comme vous le savez, nous faisons preuve de retenue, de patience, mais un moment donné nous devrons répondre. Il est impossible de subir à l’infini les mufleries à l’encontre de notre pays», a ainsi souligné le chef d’État.


En guise de première réponse, la Russie a imposé une réduction des effectifs de l'ambassade et des consulats américains en Russie, avec obligation de ramener le tout d'ici le 1er septembre à 455 personnes, soit strictement le même nombre que celui du personnel diplomatique russe se trouvant aux États-Unis suite à l'éviction de 35 diplomates russes l'an passé. L'ambassade américaine se trouve aussi privée d'accès à ses deux sites situés à Moscou à partir du 1er août. Et ce n'est que le début, car la Russie est désormais prête à prendre toutes les mesures possibles pour répondre aux provocations américaines


« Nous n'excluons aucune mesure afin de rendre la raison aux États-Unis. En cas de poursuite des pressions, nous répliquerons », a promis M. Riabkov.


Et pendant que les deux grandes super puissances commencent à faire grimper la température, en Ukraine, Porochenko commence à avoir très chaud. Au point de considérer Mikheil Saakachvili comme une menace sérieuse, et de lui retirer sa nationalité ukrainienne.


Le prétexte (il aurait menti lors de sa demande de nationalité ukrainienne en omettant de signaler qu'il était poursuivi par la justice géorgienne) ne tient pas la route cinq secondes, quand on voit que même la fiche Wikipedia française de Saakachvili indique que les poursuites contre lui ont été lancées par la Géorgie dès 2014. Soit un an avant qu'il reçoive la nationalité ukrainienne. Sans parler des deux demandes d'extradition formulées par la Géorgie à l'Ukraine le concernant. Des demandes d'extradition qui avaient été refusées par l'Ukraine.


Alors, à quel jeu joue Porochenko ? Tout d'abord, Porochenko a besoin de resserrer les liens avec la Géorgie, et déchoir Saakachvili de sa nationalité ukrainienne pour l'offrir en pâture à Tbilissi est une bonne option. Mais surtout Porochenko est de plus en plus isolé sur la scène politique ukrainienne.


Entre Ioulia Tymochenko qui se voit bien en calife à la place du calife, Nadia Savtchenko dont les dents rayent autant le parquet que son ex-protectrice et qui se voit bien en future présidente de l'Ukraine, les unités des bataillons néo-nazies qui se rassemblent autour de Kiev, et le désastre économique de l'Ukraine, qui se solde par la liquidation de 1255 entreprises publiques ukrainiennes, dont le mythique constructeur d'avions Antonov, Porochenko est sur un siège éjectable et il le sait.


D'ailleurs dans l'interview vidéo de France 24, Saakachvili ne cache pas qu'il veut revenir en Ukraine pour régler ses comptes avec Porochenko. Il en profite pour lui tailler un costume pour l'hiver, et même pour mêler la Russie à ce bourbier ukraino-géorgien, en parlant de « système oligarchique poutinesque » pour qualifier les élites ukrainiennes.


Lors de cette interview faite totalement en français, Saakachvili démonte totalement Porochenko et ses pseudo réformes, expose publiquement sa corruption, mais aussi les pressions et harcèlements que subissent les opposants à Porochenko. Il présente Porochenko comme un président autoritaire voire un dictateur, en menaçant à demi mots ce dernier de son prochain retour en Ukraine.


Mais surtout il annonce clairement la couleur concernant le futur des autorités ukrainiennes actuelles.


« Pour l'Ukraine, pour être plus efficace dans sa lutte contre la Russie, pour arrêter l'agression russe, c'est très important de se débarrasser de cette ancienne élite, corrompue, qui a beaucoup de choses communes avec les Russes. Le peuple ukrainien, très héroïque, est vraiment très différent. Il est beaucoup plus européen, beaucoup plus civilisé, beaucoup plus moderne. Mais l'élite ancienne qui a tué l'Ukraine, qui a détruit vraiment l'état ukrainien, c'est un problème de même échelle que l'agression de la Russie. Donc il faut se débarrasser de cette élite pour être plus forts contre les Russes. »


En clair Saakachvili (qui est clairement une marionnette de la CIA) appelle ni plus ni moins qu'à un nouveau Maïdan pour renverser Porochenko. Un appel relayé via un média européen depuis les États-Unis où il se trouve actuellement. De là à se dire que certains dirigeants de ces pays soutiennent ce plan, il n'y a qu'un pas... Si on rapproche cette information avec celle concernant les unités néo-nazies et ultra nationalistes qui se concentrent vers Kiev, la menace d'un Maïdan 3.0 sauce néo-nazie semble se confirmer.


Si ce nouveau Maïdan a lieu et réussit, les accords de Minsk seront définitivement enterrés, et l'Ukraine sombrera dans la guerre civile généralisée et le chaos le plus total. En refusant de lâcher leur emprise hégémonique sur le monde, les États-Unis vont offrir à l'Europe le chaos à ses portes, et le risque que ce chaos et la guerre ne s'étendent à toute l'Europe, voire pire.


Tous les empires naissent, s'étendent, puis meurent. Mais immanquablement leur agonie est synonyme de guerres et de bains de sang. Incapables de retenir les leçon de l'histoire, les États-Unis sont prêts à entraîner le monde dans une conflagration mondiale plutôt que de changer de modèle de développement et de fonctionnement. La Russie a été patiente jusqu'ici, consciente des risques qu'entraînerait une guerre avec les États-Unis. Mais elle n'a désormais plus le choix que de répondre ou de plier. Cette deuxième option étant inacceptable pour les Russes, on se dirige vers une escalade de sanctions et de tensions entre les deux premières puissances militaires mondiales.


La question n'est plus désormais de savoir jusqu'à quand la Russie laissera les États-Unis la provoquer pour ne pas envenimer la situation, mais quand et où l'étincelle sera finalement lâchée sur les barils de poudre qui ont été vidés un peu partout par les États-Unis.


Christelle Néant


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