L’Italie se dote d’un gouvernement pro-européen et penchant à gauche

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Le M5S déjà totalement soumis aux impératifs bruxellois


Scellant la fin d’un inédit gouvernement populiste dont le souverainiste Matteo Salvini était devenu l’homme fort, Giuseppe Conte et ses ministres ont prêté serment jeudi, pour l’investiture d’un exécutif qui s’appuie sur une majorité pro-européenne et penchant à gauche.


Furieux de n’avoir pu éviter la formation d’une nouvelle coalition entre ses ex-alliés Cinq Étoiles et le Parti démocrate (PD), première force de gauche, Matteo Salvini a dénoncé jeudi sur la radio Rai1 de présumées manoeuvres européennes, affirmant qu’il s’agit « du premier gouvernement italien qui naît à Bruxelles ».


Le premier ministre qui reste en fonction, les dix ministres provenant de l’inclassable Mouvement 5 Étoiles (M5S), les neuf du Parti démocrate (PD, première force de gauche), ainsi qu’un venant de Libres et Égaux (LEU, gauche) et la ministre de l’Intérieur sans étiquette, ont prononcé la formule traditionnelle, jurant d’être fidèles à la République, la Constitution et aux lois.


Le nouveau gouvernement, censé rester en place jusqu’à la fin de la législature en 2023, doit encore passer le cap d’un vote de confiance au parlement italien.


Cet exécutif est bien plus pro-européen que le précédent où M. Salvini, chef de la Ligue (extrême droite) avait acquis un poids prépondérant, entraînant de fortes tensions, en particulier sur la question de l’immigration, avec Bruxelles ainsi que Paris et Berlin.


« Rôle de premier plan »


Pendant ses 14 mois au ministère de l’Intérieur, il a critiqué ses partenaires de l’Union européenne (UE), les accusant de vouloir transformer l’Italie en « camp de réfugiés » et d’un manque de solidarité dans la gestion des migrants.


Sur les sujets économiques, à côté d’un Matteo Salvini très « pro-business », c’est le courant eurosceptique du M5S, formation bâtie sur le rejet de la vieille classe politique, qui s’opposait à des projets européens comme la ligne à grande vitesse Lyon-Turin.


Dans une lettre à Giuseppe Conte, le président de la Commission européenne sortant, Jean-Claude Juncker s’est dit « certain que sous (son) leadership, l’Italie saura jouer un rôle de premier plan et être à la hauteur de ses responsabilités de pays fondateur de l’UE ». L’Italie a proposé le nom de l’ex-Premier ministre de gauche très pro-européen Paolo Gentiloni comme commissaire à Bruxelles.


Depuis Paris, la secrétaire d’État aux Affaires européennes Amélie de Montchalin s’est réjouie que l’Italie fasse « le choix de l’Europe […] qu’ils nous disent “on a envie de travailler avec les Européens” parce qu’on voit bien qu’un certain nombre des grands défis italiens ne peuvent pas trouver de solution seulement à Rome ».


De leur côté, les marchés financiers ont salué le choix de l’eurodéputé social-démocrate Roberto Gualtieri, considéré comme un expert en économie européenne en tant que président de la commission des affaires économiques du Parlement européen. Jeudi, le taux italien à 10 ans flirtait avec ses plus bas historiques à moins de 1 %.


Tout comme le président Sergio Mattarella, les partenaires européens de l’Italie voyaient d’un mauvais oeil la perspective d’élections anticipées que Matteo Salvini exigeait pour l’automne, période cruciale où une nouvelle Commission européenne va entrer en fonction et où les pays de l’UE devront élaborer leur budget pour 2020.


Après avoir prêté serment, les 21 ministres, dont 7 femmes, se sont rendus au siège du gouvernement pour participer à un premier conseil des ministres, sous la houlette de Giuseppe Conte.


M. Conte, un juriste de 55 ans, novice en politique jusqu’à l’an passé et considéré comme proche du M5S, s’est attaché à constituer une équipe respectant l’équilibre entre deux forces politiques, qui s’étaient jusqu’ici toujours combattues.


Il va devoir préparer un discours de politique générale qu’il prononcera lundi à la Chambre des députés avant un vote de confiance qui ne devrait pas poser de problèmes, avec plus de 340 députés sur 630, appartenant aux partis de la majorité gouvernementale.


Selon des projections, la situation est un peu moins confortable au Sénat où la nouvelle coalition disposerait de seulement 167 élus sur 315, une majorité étroite de seulement 9 sièges.




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