Les mutations tranquilles

L'Islande écrit sa nouvelle constitution en mode participatif

Actualité internationale


Fabien Deglise - Les révolutions sociales se suivent et ne se ressemblent pas en Islande. La preuve: après la chute du gouvernement, sous la pression du peuple et dans la foulée de la crise financière de 2008 qui a passablement affecté le pays, les Islandais font aujourd'hui une énième fois dans l'originalité. Comment? En écrivant la nouvelle constitution du pays collectivement et en ligne.
C'est la transparence comme remède à la crise de confiance matinée d'une grande dose de démocratie numérique. Depuis avril dernier, la nouvelle constitution de l'Islande s'écrit en effet à plusieurs mains citoyennes dans le cyberespace où l'Assemblée constituante de l'Althing, le parlement islandais, a décidé d'élire en partie domicile.
Cette assemblée qui supervise l'avancement des travaux est composée de 25 membres issus de la société — il y a des journalistes, des avocats, des étudiants, des économistes... — chargés aussi d'écouter le reste de la population qui décide de se prononcer sur cette rénovation fondamentale d'un texte de loi datant de 1944. À l'époque, l'Islande est devenu un pays à part entière en se détachant du Danemark.
L'exercice démocratique trouve sa voie sur une page Facebook, un compte Twitter, expose son écriture en temps presque réel sur Internet et offre la diffusion de travaux de l'Assemblée sur YouTube. Ouf.
Au pays de Björk — oui, la chanteuse atypique sur la scène pop contemporaine —, cette mise en mode collaboratif de l'écriture d'un document aussi crucial qu'une constitution n'étonne pas, même s'il représente une première à l'échelle mondiale. C'est en tout cas ce qu'affirme la journaliste suédoise Ellen Albertsdóttir (oui, ça veut dire «la fille d'Albert»!) dans les pages numériques du presseurop.eu.
Et comment! Avec ses 320 000 âmes à peine, soit l'équivalent environ de la ville de Québec, l'Islande a finalement les atouts qu'il faut pour favoriser les rapprochements numériques, sur toutes sortes de sujets, y compris un projet à teneur démocratique. Sans compter que l'accès à Internet des ménages y est particulièrement élevé, tout comme d'ailleurs le niveau de scolarité moyen de sa population dans laquelle les analphabètes sont finalement beaucoup plus rares que les volcans en éruption.
Comme si cela n'était pas assez, les prémisses de cette constitution en construction font aussi preuve d'originalité en mettant l'accent sur le droit des générations futures, ce qui semble être une autre première dans un tel document. Première qui souhaite faire table rase sur le principe du «après-moi-le-déluge» qui a induit la dernière crise boursière et du présentisme très contemporain qui afflige les sociétés occidentales.
Une fois fignolée, cette constitution issue de la démocratie islandaise 2.0 va devoir être adoptée par référendum par le peuple qui en assure actuellement son écriture. Et pourrait bien se montrer inspirant pour d'autres...


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