L’ex-présidente sud-coréenne Park condamnée à 24 ans de prison

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À quand une telle justice au Québec ? À quand Charest devant des juges ?

L’ex-présidente sud-coréenne Park Geun-hye a été condamnée vendredi à 24 ans de prison pour son rôle dans le retentissant scandale de corruption qui avait précipité sa disgrâce l’année dernière.


Première femme élue présidente en Corée du Sud, Mme Park a été destituée et arrêtée en mars 2017 pour toute une série d’accusations qui ont mis en lumière les accointances troubles entre le pouvoir politique et les grands conglomérats familiaux.


La chute de la présidente conservatrice, consécutive à des manifestations monstres dans tout le pays, a permis l’alternance et l’élection de Moon Jae-in, qui a contribué au spectaculaire rapprochement en cours entre les deux Corées.


L’affaire à tiroirs avait permis de révéler l’influence énorme sur la présidente de sa confidente de l’ombre, Choi Soon-sil, une « amie de 40 ans » surnommée « Raspoutine » par les médias et qui n’occupait aucune fonction officielle.


Les deux femmes étaient notamment accusées d’avoir contraint les grands groupes sud-coréens à leur verser en échange de faveurs politiques des dizaines de milliards de wons.


« L’accusée a abusé du pouvoir que lui avait confié le peuple — qui est le véritable souverain de ce pays — pour semer le chaos dans l’administration nationale », a déclaré le juge Kim Se-yoon après avoir déclaré l’ex-présidente coupable notamment de corruption, d’abus de pouvoir ou de coercition.


« En dépit de tous ces crimes, l’accusée a nié toutes les accusations portées contre elle, ne montrant aucun remord et affichant une attitude incompréhensible en renvoyant la faute sur Mme Choi et d’autres responsables », a-t-il ajouté lors d’une audience exceptionnellement retransmise à la télévision.


Mme Park a été condamnée pour avoir reçu ou demandé « plus de 23 milliards de wons » (27,5 millions de dollars canadiens) à certains des plus grands conglomérats du pays, pour avoir partagé des documents confidentiels avec Mme Choi, pour avoir ordonné la création d’une « liste noire » d’artistes critiques ou encore pour avoir limogé les responsables qui osaient s’élever contre ses abus.


« Je condamne l’accusée à 24 ans de prison et 18 milliards de wons d’amendes », a annoncé le juge.


La « Fille de la Nation » déchue


Des centaines de partisans de Mme Park s’étaient rassemblés aux abords du tribunal du district central de Séoul, en scandant des slogans clamant son innocence.


L’ex-présidente de 66 ans a largement boycotté les audiences lors des 10 mois de son procès et accusé les juges de partialité. Elle avait cette semaine fait savoir qu’elle ne quitterait pas sa cellule pour le verdict.


La chute de la fille aînée du dictateur militaire Park Chung-Hee, qui avait accédé en 2013 à la fonction suprême en se drapant dans l’habit de l’incorruptible « Fille de la Nation », a captivé l’opinion sud-coréenne.


« Chacun a certainement des sentiments différents au sujet de l’ex-présidente Park Geun-Hye », a déclaré dans un communiqué la Maison bleue, siège de la présidence sud-coréenne. « Mais un vent de tristesse souffle dans chacun de nos coeurs aujourd’hui. »


« C’est un événement poignant pour la Nation et la personne elle-même », a ajouté la présidence au sujet de Mme Park. « L’histoire est vouée à se répéter si on ne s’en souvient pas. Nous n’oublierons pas ce jour. »


La politique et les grands conglomérats sud-coréens


Mme Park, qui a sept jours pour faire appel, concentre la colère d’une grande partie de la population exaspérée par les relations malsaines entre les classes dirigeantes et les puissantes familles qui tiennent les grands conglomérats de la 11e économie mondiale.


Le parquet avait demandé 30 ans de prison ainsi que 118,5 milliards de wons d’amende contre Mme Park. Jugée dans un procès distinct, Mme Choi a écopé en février de 20 ans d’emprisonnement.


Le vice-président de Samsung Electronics et héritier du mastodonte Samsung, Lee Jae-yong, avait en août été condamné dans ce scandale à cinq ans de prison.


Mais la cour d’appel a ramené sa sanction à de la prison avec sursis et ordonné sa libération immédiate, après presque un an derrière les barreaux.


Mme Park est le troisième chef d’Etat sud-coréen à être condamné après la fin de son mandat, après Chun Doo-Hwan et Roh Tae-woo, qui furent reconnus coupables de trahison et corruption dans les années 1990.


MM. Chun et Roh bénéficièrent tous les deux d’une grâce présidentielle après avoir passé environ deux ans derrière les barreaux. Mais Mme Park pourrait bien attendre des années avant de connaître un tel privilège, estime Jeong Han-wool, expert au sein du centre de réflexion Hankook Research.


> La suite sur Le Devoir.



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