Le Devoir fait-il son devoir ?

L'attaque médiatique contre la Charte: un exemple parfait

Même préjugés à la télé et à la radio fédérale

Tribune libre

Le 11 septembre 2013, Le Devoir fait sa première page avec le titre « Signes religieux : la Charte se bute à un écueil », sous la supervision de Robert Dutrisac. Sous ce titre, nous retrouvons une photo de six jeunes femmes voilées, épanouies et étudiantes de l’UQAM qui disent porter le voile par choix : Hajar Jerroumi, Yassmina Ziad, Sophie Paquette, Latifa Guemache, Soumia Djari et Tasnim Rekik. Ses six femmes, selon l’article, se disent féministes et tiennent parfaitement en main leur destin. La Charte de la laïcité ne passe pas, car elles se sentent discriminées.
En-dessous de cette grande photo (au moins 8 cm par 14 cm), Lisa-Marie Gervais, journaliste expérimentée écrit un long article. Dans ce papier, la journaliste dit s’être promenée à Montréal au Café Safir et à l’UQAM. Le 10 septembre, la journaliste les a rencontrées à une table, près des couloirs bruyants. Les six jeunes femmes sont en colère et aussi inquiètes.
Madame Gervais leur consacre plusieurs paragraphes sous deux titres en plus petits caractères : Voilées et pas soumises et Égalité et neutralité. À l’intérieur de l’article, la journaliste nous dit aussi que Latifa Guemache et Yassmina Ziad sont des étudiantes de CEGEP. Sur la page frontispice, on les disait toutes étudiantes à l’UQAM; légère contradiction, mais passons.
Les propos de l’une d’entre elles, Hajar Jerroumi sont rapportés à deux reprises et dans deux paragraphes différents. Elle semble avoir un certain leadership parmi ses consoeurs.
Première grande question et sous-questions.
L’article de la journaliste Lisa-Marie Gervais, datée du 11 novembre, tait ou oublie de mentionner certains éléments essentiels qui auraient permis de relativiser ce beau tableau. La première page du Le Devoir nous montrant ces femmes brillantes et féministes, pourrait influencer les personnes qui appuient la Charte ou celles qui sont indécises. Tout le reportage jette un certain doute sur la pertinence de la Charte sur la laïcité.
Est-ce que la journaliste Lisa-Marie Gervais, savait que Hajar Jerroumi est la porte-parole féminine du Collectif Indépendance qui était en partenariat avec le Conseil musulman de Montréal pour organiser la conférence « Entre ciel et Terre » qui devait avoir lieu à Montréal le 7 et 8 septembre 2013 ?
Hajar Jerroumi avait même participé à une conférence de presse conjointe (Collectif Indépendance et Conseil musulman de Montréal), le 30 août 2013. Elle affirmait fermement que les conférenciers invités n’étaient pas des islamistes radicaux.
Madame Gervais rencontre ces femmes voilées le 10 septembre 2013, soit 10 jours après qu’un autre article dans Le Devoir, paru le 30 août, signé par le journaliste Zabihiyan, dans lequel nous apprenons que Hajar Jerroumi est la porte-parole féminine du Collectif Indépendance. Nous la voyons sur une photo publiée par Le Devoir, assise avec Ishaq Mustaqim du Collectif Indépendance et Salam Elmenyawi du Conseil musulman de Montréal.
Pour cet article qui va paraître sur la première page avec photo, Le Devoir a trouvé un titre très accrocheur : Signes religieux : la Charte se bute à un écueil. L’autre titre n’est pas en reste : « C’est une Charte contre les femmes ». On sort l’artillerie lourde.
Maintenant, est-ce que la journaliste Gervais peut nous expliquer l’absence de cette information sur les liens directs entre madame Jerroumi, le Collectif Indépendance et la conférence islamique « Entre ciel et terre » dans son article. A-t-elle été bernée ? A-t-elle voulu taire cette information cruciale ?
Nous ne sommes pas dans l’anodin.
Les conférenciers invités étaient Nader Abou Anas, Mohammed Patel, Farid Mounir et Mohamed François, qui selon Omar Koné, iman modéré de la mosquée Al-Iman de Montréal, sont islamistes de tendance salafiste, la plus radicale.
Entre autres, Nader Abou Anas a déjà dit que « la femme est servante d'Allah» et qu'elle doit «raser les murs» lorsqu'elle est autorisée à sortir de chez elle, qu'elle «n'est pas libre de faire ce qu'elle veut dans ce monde».

Mohammed Patel souligne, en 2002, sur le site La Page de l’Islam que la femme musulmane peut parler à un homme étranger en respectant l’éthique islamique du langage; mais il ajoute que « … » bien entendu, il est important de souligner à nouveau que les conversations entre hommes et femmes étrangers, l’éthique islamique du langage se doit d’être respectée de part et d’autre. En particulier, la femme ne doit pas parler sur un ton mielleux, mélodieux et séducteur, qui pourrait attirer la convoitise des hommes de mauvaise foi.
Finalement, en 2011, Farid Mounir, fait des prêches à la mosquée d’Élancourt, en France. Il dénonce les péchés dont celui des femmes journalistes décolletées au journal télévisé. " Regardez les femmes dénudées à la télévision. Aujourd’hui, nous tous on regarde les informations, le journal télévisé et parfois on a des demoiselles qui sont presque toutes nues, décolletés sic, on voit tout « … » et personne ne baisse la tête. « …) Et le mari ne dit pas à son épouse ne regarde pas telle et telle personne, elle est mal habillée! Leur tenue n’est pas correcte ! Allah nous a défendu de regarder de telles personnes et nous a demandé de baisser le regard".
C’est Hazar Jerroumi qui, le 30 août 2013, prétend que ces conférenciers ne sont pas des radicaux. C’est dans l’article de la journaliste Gervais que l’on peut lire : « Non, décidément, la Charte ne passe pas auprès de ces jeunes femmes qui se disent féministes, leur destin parfaitement pris en main ».
Autre question.
Est-ce que la journaliste Gervais, savait qu’au moins trois des jeunes femmes qu’elle a rencontrées sont membres du Collectif Indépendance : Hajar Jerroumi, Yassmina Ziad et Sophie Paquette ?
Sur le site du Collectif Indépendance on peut lire que « l’indépendance peut se définir comme l’état de quelqu’un d’autonome. Sachant que personne ne connaitra réellement cet état d’autonomie, nous préférons parler d’une unique dépendance. Cette dépendance est en fait une soumission face à L’Unique, le Créateur de toute créature, Le Tout-Miséricordieux, Le Très-Miséricordieux. Cette dépendance sincèrement à Allah permet une indépendance face à la vie d’ici-bas. En d’autres termes, c’est une dépendance, en état d’espoir et de crainte, quant à l’accession au paradis ».

Ce charabia mystico-religieux qui s’adresse surtout aux jeunes musulmanes et musulmans est caractérisé surtout par un appel à la soumission, à la crainte et à l’espoir quant à l’atteinte du paradis. Pourtant cet organisme qui semble inoffensif, a participé au même titre que le Conseil musulman de Montréal à cette opération de faire venir ces islamistes radicaux et conservateurs pour qu’ils énoncent doctement comment les rapports sociaux entre hommes et femmes, ceux entre pères et mères et ceux entre parents et enfants doivent être soumis au Coran et la Sunna
Peu leur importe les normes juridique modernes comme l’égalité concrète des femmes et des hommes dans la société et la famille. Ils les considèrent à l’opposé des préceptes islamiques; par conséquent, elles doivent être combattues au nom de Allah.
Les rapports sociaux entre les femmes et les hommes, comme ceux entre les pères et les mères, comme ceux entre les parents et les enfants doivent être soumis à l’éthique islamique et non aux normes juridiques actuelles dont celle de l’égalité entre les hommes et les femmes, celle de l’égalité des droits entre les pères et les mères (autorité parentale) et celles qui donnent des droits aux homosexuels et aux jeunes.
En somme, c’est une société patriarcale et sectaire que nous proposent ces imams et leurs adeptes. Sous le couvert d’un droit individuel et religieux, Hajar Jerroumi et certaines de ces consoeurs nous convient à une société que nous ne voulons pas.

Finalement la conférence qui avait été supposément annulée pour des raisons de sécurité, s’est tenue, malgré tout, à la mosquée Al-Omah Al-Islamisah. Il me semble qu’ils aiment agir sous de prétextes fallacieux et dans une certaine clandestinité.
Conclusion
Ces six jeunes femmes ont le droit d’être de bonnes musulmanes mais Le Devoir a manqué à son devoir en participant de façon éhontée à toute cette attaque médiatique (que Pierre Foglia dénonce, de Radio-Cadenas à La Presse de Desmarais) contre la Charte sur la laïcité. Quant à la journaliste Lisa-Marie Gervais, elle doit nous dire ce qu’elle savait et ce qu’elle ne savait lorsqu’elle a écrit cet article pour le moins tendancieux.


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6 commentaires

  • Jean Archambault Répondre

    26 septembre 2013

    Citoyenne;
    D'abord, vous vous cachez sous l'anonymat, avez-vous peur de vos idées ?
    Surtout, vous ne vous attaquez pas au coeur de l'article, la journaliste expérimentée, Lisa-Marie Gervais, nous trace un tableau de 6 femmes supposément modernes et féministes; jamais, elle mentionne que Harar Jemmouri est la porte-parole du collectif Indépendance qui avec le Conseil musulman de Montréal ont invité les 4 orateurs islamistes et elle va jusqu'à les défendre en affirmant qu'ils ne sont pas des radicaux. Or, cette conférence de presse se passe 10 jours avant que son papier soit publié et la conférence est couverte par un journaliste du Le Devoir.
    Je dis que cette journaliste a été manipulée par cette femme ; ou bien, elle a tu des informations sur ces femmes, qui auraient relativiser leur supposé modernisme et féminisme.
    Le Devoir a publié cet article et j'ai demandé à la rédaction du Le Devoir de m'expliquer les raisons qui font que je crois que ce papier est tendancieux. Jusqu'à maintenant, la rédaction n'a pas répondu à ma demande d'apporter des corrections qui s'imposent.

  • Archives de Vigile Répondre

    25 septembre 2013

    C'est votre article qui est tendancieux et certainement non fondé. Quel est donc ce lien entre la conférence indépendance et la charte de la laïcité ?? Puis, si vous prétendez faire un honnête travail de journaliste, pourquoi attaquer des personnes précises. La population québécoise est nombreuse et variée. La charte porte atteinte aux valeurs humaines les plus primordiales qui sont entre autres d'avoir une religion et de pouvoir la pratiquer en privé et en public. Pourquoi l'islam est-il une cible pour vous et pour certains? ne vise-t-on pas par la charte tous les signes religieux??
    Et si la journaliste citait le nom d'autres jeunes femmes, par exemple moi. Moi, qui suis indignée d'une telle fermeture d'esprit, comme si une croix, une kippa ou un voile étaient une outrance envers les autres. Monsieur, la réalité est que le Québec est une province multiethnique et qui, d'ailleurs, ne pourrait se passer de ses citoyens. Citoyens travaillant fort au même titre que les québecois de souche, s'éduquant pour être de meilleurs personnes et donner aux suivants. J'aurai aimé que vous écriviez tel article dénonçant une malhonnêteté suite à l'annonce de la charte des valeurs québecoises. Notre société en est-elle vraiment rendue là?? Ne devriez-vous pas dénoncer la non réaction du gouvernement quant à plusieurs iniquités sociales... Ne devriez-vous pas vous poser la question sur votre propre honnêteté et votre vraie motivation? êtes vous pour la charte ou contre une ou plusieurs religions, ou même plus spécifiquement les personnes pratiquant ces religions. Je dénonce votre comportement non professionnel et subjectif. Ceci étant dit, je vous souhaite cette honnêteté, professionnelle et surtout intellectuelle.
    Une citoyenne

  • Archives de Vigile Répondre

    20 septembre 2013

    Merci pour cette analyse édifiante. Cela fait du bien lorsqu'on démêle les choses de la sorte.
    Il y a une piste qui pourrait décider les musulmanes dans la fonction publique d'abandonner librement le voile : les nombreuses recherches qui ont été faites pour démontrer que le port du voile n'est pas explicitement présent dans le coran. Et aussi que ce voile est soudainement devenue obligatoire dans les années 70 alors que cela ne se faisait pas auparavant.
    Mais il semble qu'il y résistance des musulmanes qui répètent comme des perroquets obstinés "c'est obligatoire dans le coran" et balaient toute argumentation.
    J'espère vous lire prochainement.

  • Archives de Vigile Répondre

    19 septembre 2013

    Toutes ces femmes musulmanes que vous nommées dans votre article, sont exactement ce Mme Djemila Benhabib décrit dans son livre:
    'Les "Soldats d'Allah" a l'assaut de l'occident'. Ces femmes musulmanes sont des "Soldates d'Allah"
    Dans les pays européens les femmes musulmanes qui acceptent de porter le voile(instrument politique)reçoivent de l'Arabie Saoudite 200 euros par mois, ce doit être surement la même chose ici au Québec, et elles disent aux Québécois naïfs: "Porter mon voile est mon choix".
    Ce qu'elles veulent plutôt dire: Recevoir de l'argent des princes Saoudiens est mon choix.
    Ces "Soldates d'Allah" sont aux services des princes Saoudiens, comme si ces femmes n'étaient pas assez asservis dans leurs pays, par leurs hommes et par cette doctrine.
    Les Saoudiens restent dans leurs palais d'or et de marbre et envoient leurs combattants naïfs a l'assaut des sociétés libres.

  • Jean Lespérance Répondre

    19 septembre 2013

    Monsieur Archambault, il y a longtemps que j'ai remarqué que vous avez l'oeil ouvert et le bon, je suis ébloui par la qualité de vos observations.
    Le Devoir est ce que j'appelle un journal hypocrite. Après une tournée dans le Nord québécois, j'avais remarqué plusieurs choses qui tranchaient avec le discours misérabiliste sur les autochtones. Il est vrai que certaines font pitié mais d'autres comme les Cris se tirent très bien d'affaire. Voulant mettre les choses au point, j'ai demandé un rendez-vous avec le responsable des articles du journal, le boss et c'est Luc Richer qui m'a répondu. J'ai eu une fin de non-recevoir et il a affiché une sorte de mépris hautain. Pourtant Bernard Descoteaux peu de temps auparavant se vantait à la télévision que son journal était un modèle de liberté d'expression. Je ne l'ai pas digéré et le lendemain, je lui ai fait cadeau d'un rouleau de papier hygiénique ou de toilette parce que je considérais que monsieur avait fait dans son troc.
    Le Devoir me fait penser à Léger et Léger, la firme de sondages. En temps normal ou le PLQ n'est pas en danger, les deux se comportent avec une certaine neutralité, mais proche des élections ou dès que le PLQ risque de prendre toute une raclée comme dans le cas de la Charte, là, situation oblige, on sauve le PLQ et on fait preuve de partialité.
    Le Devoir, pour survivre protège ses arrières, sinon on lui coupera de la publicité et il fera faillite. Donc Le Devoir quand les enjeux sont serrés vire au rouge et copine avec le Parti libéral. Je le boycotte tout comme La Presse.
    À toute personne qui me le demandera, je ferai parvenir gratuitement mes observations que j'avais proposées au journal Le Devoir.
    La neutralité journalistique ici n'existe pas. J'avais même été voir L'autre journal, même attitude de chiant-culotte.
    Merci M.Archambault pour vos observations, on ne peut plus pertinentes.

  • Archives de Vigile Répondre

    19 septembre 2013

    Non Le Devoir n'as pas fait son devoir
    Il s'est fait abuser et il est tombé dans le panneau de la clique des islamistes du collectif indépendance.
    Si ce journal continue a se faire dicter et se faire influencer par des gens appartenant a ce collectif sans le mentionner ,non seulement il ne fait pas son devoir mais manque aussi a son devoir .
    Comme vous le dites ...Nous ne sommes pas dans l’anodin.
    On s'attendrais a beaucoup mieux d'un journal qui se prétend un journal d'idée.
    Espérons que le Devoir et sa journaliste seront moins naif a l'avenir et vérifierons la crédibilité de ceux qu'ils se présentent comme des féministes voilés et libre de l'être.
    Maintenant que vous avez démasqué les commanditaires de ces imposteures prétendument féministes qui tiennent parfaitement en main leur destin c'est au Devoir de rectifier les faits s'il veut garder un tant soi peu de crédibilité .
    Il y as toujours bien des limites a se faire enfirouaper et se faire manipuler de la sorte par la gang d' islamistes du collectif independance