L’anti-Trudeau

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Des femmes en colère contre le régime libéral

La victoire écrasante du candidat conservateur dans Chicoutimi-Le Fjorda une dimension « locale », comme c’est le cas dans toutes les élections partielles.


Les conservateurs ont présenté Richard Martel, l’ancien entraîneur des Saguenéens de Chicoutimi, comme une véritable vedette du coin. Mais on aurait tort de n’y voir qu’une élection locale.


Conservateurs


À un peu plus d’un an des élections fédérales de 2019, on retiendra trois leçons.



  • La première, c’est que les Québécois sont désormais prêts à voter contre Justin Trudeau. Cela faisait un moment que le commun des mortels semblait en avoir assez des frasques du premier ministre.


À tout le moins, l’envoûtement autour de Trudeau se dissipe et à l’automne prochain, il risque d’être évalué à la manière d’un politicien comme un autre. Il n’est pas battu, mais peut être battu.



  • La deuxième, c’est que le Parti conservateur est devenu l’option anti-Trudeau pour 2019. Il faut dire qu’il a travaillé pour cela, en s’adressant aux nationalistes québécois.


Ce n’est pas une stratégie nouvelle. Elle remonte à John Diefenbaker, puis a été reprise par Robert Stanfield, avant d’être menée de main de maître par Brian Mulroney.


Notons que les nationalistes québécois ne sont plus très exigeants. Ils demandent seulement qu’on ne les humilie pas. Andrew Scheer est prêt à leur offrir ça.



  • La troisième, c’est que les souverainistes d’Ottawa sont morts. Le Bloc est désormais un résidu politique insignifiant. Quant à Québec debout, j’en parle à peine, car, pour mourir, faut-il d’abord avoir existé, ce qui n’est pas le cas des démissionnaires anonymes qui ont formé ce « parti ».


Quelque chose de tragique


Il y a là quelque chose de tragique, car si le Bloc ne s’était pas autodétruit de la plus stupide manière, il aurait pu occuper l’espace anti-Trudeau. Mais c’est trop tard. Le cycle souverainiste de la politique québécoise est en train de s’achever. À Ottawa, il vient d’être liquidé.


Une nouvelle carte politique québécoise se dessine.


À Québec, la CAQ a de bonnes chances de l’emporter en octobre. Officiellement, elle se veut nationaliste. Elle jure qu’elle ne fait pas semblant. Si on la croit, on lui demandera quelles revendications historiques québécoises elle entend porter lorsqu’elle arrivera au pouvoir.


À Ottawa, si les conservateurs sont élus avec l’appui du Québec, ils pourraient avoir à tendre l’oreille aux attentes des Québécois.


Nationalistes


Dans ce contexte, les nationalistes doivent se poser une question depuis longtemps oubliée : quelles sont leurs revendications ? Sachant que l’indépendance n’est pas à la veille de se faire, quelles sont les réformes qu’ils jugent nécessaires pour le Québec ?


On peut en suggérer quelques-unes : le Québec devrait pouvoir se soustraire au multiculturalisme fédéral, soumettre la loi fédérale sur les langues officielles à la loi 101 et obtenir les pleins pouvoirs en matière d’immigration, de culture et de communication. Il devrait aussi exiger d’Ottawa qu’il fasse respecter le plus rapidement possible la frontière pour stopper l’immigration illégale.


Et ce n’est que le commencement. Appelons ça un socle de revendications élémentaires. Si on prend au sérieux notre intérêt national, la liste s’allongera rapidement.