L’armée allemande envisage d’acheter jusqu’à trente-cinq avions de combat F-35 du constructeur américain Lockheed Martin ainsi que quinze Eurofighter, a appris l’Agence France-Presse, lundi 14 mars, d’une source parlementaire. Le Bundeswehr, nom de l’armée allemande, souhaite remplacer sa flotte de Tornado destinée à assurer sa mission nucléaire au profit de l’OTAN.
Il est « correct » d’affirmer que Berlin a l’intention d’acquérir ces appareils, a soutenu cette source, sous couvert de l’anonymat, confirmant des informations de médias allemands, dont Die Welt et Bild.
Les F-35 doivent principalement servir à transporter les missiles atomiques américains dans le cadre des opérations de dissuasion de l’OTAN, tandis que les Eurofighter doivent surtout prendre en charge des opérations de brouillage électronique de systèmes de défense antiaériens.
Une session extraordinaire de la commission pour les affaires de défense de la Chambre nationale des députés est prévue en fin d’après-midi sur le sujet.
Cette commande prévue est un mauvais signal pour le projet franco-germano-espagnol SCAF (système de combat aérien du futur) qui doit remplacer à l’horizon 2040 les avions de combat Rafale français et les Eurofighter allemands et espagnols.
L’acquisition de ces F-35 pourrait en effet « supprimer » le besoin d’un nouveau chasseur européen à horizon 2040 pour l’Allemagne, pourtant l’objectif du projet européen SCAF, selon un récent rapport parlementaire de députés français.
Le chancelier allemand, Olaf Scholz, a voulu écarter ces craintes à la fin de février, estimant qu’à long terme, le projet d’avion européen était une « priorité absolue ». « Il est important pour moi (…) que nous construisions la prochaine génération d’avions de combat et de chars d’assaut en collaboration avec des partenaires européens », a-t-il affirmé.
Cependant, l’armée allemande se devait de remplacer à court terme ses Tornado devenus « obsolètes », selon M. Scholz.
Le SCAF, pierre angulaire du projet d’Europe de la défense, est dans la tourmente, depuis plusieurs mois, en raison de rivalités quant à la répartition du travail entre le français Dassault et Airbus, qui représente les intérêts allemands et espagnols.
La guerre en Ukraine a toutefois rebattu les cartes en Europe, donnant un nouveau souffle au projet de défense commune. Berlin a d’ailleurs réalisé une volte-face historique, fin février, en annonçant dégager une enveloppe exceptionnelle de 100 milliards d’euros pour moderniser son armée et vouloir désormais dépenser chaque année au moins 2 % de son PIB dans la défense.
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