GUERRE CULTURELLE

Hongrie : « Laissez nos enfants tranquilles », lance Viktor Orban aux LGBT

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La Hongrie résiste au rouleau compresseur des lobbys LGBT

« Laisser nos enfants tranquilles », a déclaré le Premier ministre hongrois, Viktor Orban, ce dimanche, en s’insurgeant contre un livre pour enfants mettant en scène des personnages homosexuels.


« La Hongrie a des lois sur l’homosexualité, qui reposent sur une approche exceptionnellement tolérante et patiente », a déclaré le dirigeant souverainiste lors d’une interview à la radio publique. « Mais il y a une ligne rouge à ne pas franchir », a-t-il poursuivi, fustigeant un « acte de provocation ». « Pour résumer mon opinion : laissez nos enfants tranquilles », a-t-il lancé.


Marche arrière depuis l’arrivée au pouvoir de Viktor Orban


Viktor Orban était interrogé au sujet d’un manuel publié par une association de la communauté lesbienne, gay, bisexuelle et transgenre (LGBT) et adaptant des contes et légendes célèbres avec des personnages issus de minorités marginalisées (handicapés, pauvres, Roms, LGBT…). Ainsi, dans une histoire, Cendrillon est lesbienne, dans une autre un tueur de dragons est transgenre. Un mouvement spontané de la société civile a demandé le retrait du livre du marché, et une élue d’extrême droite en a même déchiré une copie en conférence de presse.


L’association des libraires et des éditeurs a condamné ces réactions, les comparant à l’attitude des censeurs « nazis et communistes », tandis que le manuel profitait de cette publicité involontaire pour se hisser en tête des ventes. Revenu au pouvoir en 2010, le Premier ministre souverainiste a instauré une ère conservatrice dans un pays qui se voulait plutôt avant-gardiste : l’homosexualité y avait été dépénalisée dès le début des années 1960 et l’union civile entre conjoints de même sexe reconnue dès 1996.


Violation des valeurs de l’UE


Viktor Orban a franchi une nouvelle étape avec son projet de « nouvelle ère » culturelle, lancé en 2018, visant à défendre les valeurs chrétiennes et traditionnelles. Parmi les mesures les plus emblématiques de sa politique, la Hongrie, membre de l’Union européenne depuis 2004, avait retiré en 2018 les études de genre de la liste des enseignements universitaires, un champ de recherche interdisciplinaire sur les rapports sociaux entre les sexes.


La même année, la comédie musicale Billy Elliot d’Elton John avait été déprogrammée de l’Opéra national faute de réservations après une campagne des médias progouvernementaux, qui accusaient l’œuvre de promouvoir l’homosexualité. En mai dernier, Budapest a interdit l’inscription du changement de sexe à l’état civil et la reconnaissance juridique de l’identité de genre des personnes transgenres, malgré de nombreuses protestations internationales. Le Parlement européen a activé en septembre 2018 une procédure dans le cadre de l’article 7 du traité de l’Union pour violation des valeurs de l’UE, qui peut en théorie déboucher sur des sanctions.