FRANCE

Hollande rencontre les représentants des éleveurs sans les rassurer

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L'Europe vire au vinaigre

Paris — Les éleveurs français mobilisés pour obtenir une meilleure rémunération de leurs productions ont intercepté jeudi un camion transportant de la viande allemande, quelques heures après une rencontre de François Hollande avec leurs représentants, qui n’a pas suffi à calmer leur inquiétude.

Le camion frigorifique en provenance de Bavière devait livrer dans le sud de la France une usine du principal industriel français de produits carnés, Bigard. Il a été intercepté sans violences sur un barrage en Franche-Comté (est) par des éleveurs qui dénoncent un « dumping social » des abattoirs allemands.

Selon le président du puissant syndicat agricole FNSEA Xavier Beulin, « un salaire horaire en France dans un abattoir coûte 20 euros contre 14 euros en Allemagne, soit 6 euros d’écart, et ça, je pourrais le décliner tout au long de la chaîne ».

Hollande se fait rassurant

À Dijon (est) où il a rencontré un peu plus tôt les représentants agricoles, le président Hollande a tenté de rassurer les éleveurs en faisant valoir le plan d’urgence de 600 millions d’euros annoncé la veille.

L’objectif : relever les prix payés aux éleveurs, pour le porc comme pour le boeuf, et desserrer l’étau de leur dette. L’État va ainsi engager avec les banques une restructuration de l’ensemble des dettes à moyen et long terme.

François Hollande a aussi appelé tous les acteurs de la chaîne agroalimentaire (abatteurs, transformateurs, distributeurs) à produire « l’effort indispensable » pour aboutir à une hausse des prix de la viande et du lait, dont les cours au plus bas menacent la survie de nombreuses exploitations.

La situation restait confuse en début d’après-midi, mais la tendance était plutôt à la levée des barrages érigés par les éleveurs depuis plusieurs jours sur de nombreuses routes de France. « Je dois leur rendre compte de ce qui a été annoncé hier et puis on va envisager avec eux la sortie de ces mouvements », a déclaré Xavier Beulin.

Barrages

À Lyon, seconde métropole de France et point nodal du chassé-croisé des vacanciers, les tracteurs bloquant les trois voies d’accès principal devaient converger en fin d’après-midi sur l’autoroute du sud pour un rassemblement.

En Normandie, d’où le mouvement est parti la semaine dernière, les trois grands ponts traversant l’estuaire de la Seine ont été rendus à la circulation.

La multiplication des barrages routiers était particulièrement pénalisante pour l’économie et pour le tourisme dans cette période de vacances estivales.

Xavier Beulin a cependant annoncé que les éleveurs préparaient de « nouveaux mouvements dans les deux ou trois jours qui viennent ». La colère doit « pouvoir s’exprimer », a-t-il dit, tout en appelant à la « pondération sur le terrain ».

Lors de sa rencontre avec les représentants agricoles, François Hollande a aussi insisté sur la généralisation de l’approvisionnement local pour la restauration collective de l’État (cantines scolaires, administration…).

« Il y a encore dans les cantines deux tiers de l’approvisionnement qui ne vient pas de France. Il s’agit de respecter les règles européennes mais aussi de faire en sorte qu’il puisse y avoir des approvisionnements qui soutiennent la filière animale, c’est-à-dire les agriculteurs de France », a déclaré le président.

« Manger français »

Le slogan « manger français » est porté par le syndicat FNSEA, l’un des porte-parole de la première puissance agricole d’Europe. Les mouvements écologistes, eux, mettent l’accent sur la nécessité de privilégier la consommation de productions locales et de qualité, un mot d’ordre encouragé par les pouvoirs publics avant la grande conférence internationale sur le climat COP21 à Paris à la fin de l’année.

M. Hollande a aussi annoncé que des initiatives allaient être prises pour valoriser les productions agricoles à l’exportation.

Le ministre de l’Agriculture Stéphane Le Foll a de son côté souhaité la tenue d’un conseil européen de ses homologues en septembre pour « aborder les sujets de préoccupation » des éleveurs (dumping social dans certains pays de l’est de l’Europe, embargo russe sur l’agroalimentaire occidental, fin des quotas laitiers européens).


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