RADICALISATION

Encore le collège de Maisonneuve

Près de la moitié des jeunes arrêtés par la GRC fréquentaient l’établissement

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Les liens risqués entre le collège et l'imam

Alors qu’on apprenait mercredi que quatre des dix jeunes Montréalais arrêtés la fin de semaine dernière à l’aéroport par la Gendarmerie royale du Canada (GRC) fréquentaient le collège de Maisonneuve, le premier ministre Philippe Couillard a promis de dévoiler sous peu la politique qu’il prépare pour lutter contre la radicalisation.

La GRC a fait savoir tard mardi soir que dix jeunes ont été arrêtés la fin de semaine dernière à l’aéroport Pierre-Elliott-Trudeau. Les autorités les soupçonnaient de vouloir quitter le pays pour gonfler les rangs des djihadistes en Syrie.

Les jeunes ont été longuement interrogés, puis relâchés, faute de preuves. Leurs passeports ont toutefois été saisis. Aucune accusation n’a été portée pour le moment, mais la GRC précise que l’enquête se poursuit.

Les quatre étudiants du collège de Maisonneuve interpellés lors de cette opération portent à 11 le nombre de jeunes fréquentant l’établissement à quitter le pays ou à être arrêtés pour des liens présumés avec des activités terroristes au cours des derniers mois.

Les autorités ont perdu la trace de sept jeunes Québécois partis en Turquie en janvier dernier. Cinq d’entre eux étudiaient au collège de Maisonneuve. Puis, le mois dernier, deux autres jeunes fréquentant l’établissement — Sabrine Djermane et El Mahdi Jamali — ont notamment été accusés d’avoir voulu quitter le pays pour commettre un acte terroriste à l’étranger. Les deux jeunes de 18 ans ont plaidé non coupables.

« Au cours des derniers mois, force est de constater que le phénomène de l’endoctrinement des jeunes a pris une tournure que nous n’aurions pu soupçonner », a commenté le Collège en début de soirée par voie de communiqué.

Un des jeunes arrêtés était inscrit à un atelier du Centre communautaire islamique de l’est de Montréal (CCIEM) d’Adil Charkaoui, selon les informations d’ICI Radio-Canada. Mercredi, le Centre a fait savoir par communiqué qu’« il ne détient aucune information concernant l’identité ou la motivation » des individus interpellés par la GRC. Le CCIEM « prend très au sérieux la question de la radicalisation des jeunes » et souhaite « contribuer à l’intégration harmonieuse de la communauté musulmane dans les sociétés québécoise et canadienne ».

Un plan dévoilé bientôt

La GRC n’a pas voulu confirmer mercredi le lien unissant les dix individus arrêtés récemment et le groupe de jeunes Québécois partis en Turquie en janvier. Elle est également restée muette au sujet de l’arrestation d’un autre jeune vendredi dernier dans l’arrondissement de Saint-Léonard, à Montréal, telle que rapportée par différents médias.

À l’Assemblée nationale, le premier ministre, Philippe Couillard, s’est dit « très préoccupé » par les arrestations des derniers jours. « Il s’agit de jeunes qui sont nés chez nous [et ont été scolarisés] dans nos établissements d’enseignement. C’est préoccupant bien sûr au plus haut point », a-t-il dit mercredi avant-midi. « Les forces de sécurité, heureusement, jouent leur rôle », a-t-il ajouté.

Le gouvernement libéral fera connaître « bientôt » une « politique très large » de lutte contre la radicalisation assortie de différentes mesures de prévention, de détection et de répression, a souligné M. Couillard après le caucus des élus libéraux.

Les ministères québécois de la Justice, de l’Immigration et de la Sécurité publique sont à pied d’oeuvre afin de déposer des « pièces législatives [sic] » avant la fin de la session parlementaire, a indiqué la ministre de la Sécurité publique, Lise Thériault.

La porte-parole de l’opposition officielle en matière de laïcité, Agnès Maltais, a demandé au gouvernement Couillard de presser le pas sur le front de la lutte contre la radicalisation. « Il y a un projet de loi qui a été promis. Ça fait un an et demi qu’on l’attend », a-t-elle déploré.

« Je félicite la GRC et l’Équipe intégrée de la sécurité nationale pour leur vigilance continue en vue de protéger nos rues et nos collectivités contre la menace terroriste continue », a pour sa part déclaré le ministre fédéral de la Sécurité publique, Steven Blaney. Celui-ci a promis de réunir ses homologues provinciaux prochainement lors d’une conférence dédiée au phénomène de la radicalisation des jeunes.


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