Les créations d’emplois aux États-Unis sont restées solides en septembre et le taux de chômage est tombé à son plus bas niveau depuis décembre 1969, une très bonne nouvelle pour le président Donald Trump fragilisé par une procédure de destitution.
Le taux de chômage a reculé à 3,5% et l’économie américaine a encore créé 136 000 emplois le mois dernier. C’est moins que ne l’espéraient les analystes, mais le marché de l’emploi s’est révélé bien plus robuste qu’initialement estimé au mois d’août.
Une conjonction qui fait dire aux économistes que la première économie du monde se trouve dans la « zone Boucle d’or », ni trop chaude ni trop froide et que les craintes d’une récession à court terme étaient infondées.
Le président ne s’y est pas trompé et a immédiatement cherché à tirer un avantage politique de la bonne nouvelle sur le thème: pourquoi destituer un président qui fait si bien ?
« Wouah l’Amérique, destitue ton président (même s’il n’a rien fait de répréhensible!) », a ironisé Donald Trump sur son compte Twitter.
Wall Street a ouvert en hausse et le dollar s’est renforcé après la publication de ce rapport sur l’emploi.
Le taux de chômage s’est durablement installé sous la barre des 4% cette année. Et nombre d’Américains, qui n’étaient tout simplement plus dans les statistiques, parce que découragés de trouver un travail après la crise financière, sont revenus ces derniersmois sur le marché de l’emploi.
Le chômage pour les Hispaniques est au plus bas depuis 1973, soit depuis le début des statistiques, a précisé le ministère. Pour les blancs, il est au plus bas depuis mai 1969.
Pour les salariés non qualifiés, il est au plus bas depuis 1992 depuis que cette statistique existe.
Le taux de participation à l’emploi, qui atteste en général d’une confiance dans l’économie, est resté inchangé à 63,2%.
Ce rapport de septembre était très attendu, car il s’agit du dernier avant la réunion de la Banque centrale américaine des 29 et 30 octobre qui doit décider d’abaisser ou de laisser inchangés les taux d’intérêt.
Ces derniers mois, le président de la Fed Jerome Powell a relevé que le marché de l’emploi et la consommation des ménages étaient les deux points forts de l’économie américaine.
Incertitude
Et alors que la guerre commerciale menée par l’administration Trump contre la Chine commence à affecter l’économie américaine, le maintien d’un marché de l’emploi solide permet d’immuniser en partie l’économie américaine contre un retournementde la conjoncture.
À Wall Street, on s’attend à une nouvelle baisse des taux pour la troisième fois cette année sur la base du ralentissement de l’expansion économique: +2% au deuxième trimestre après 3,1% au premier trimestre.
D’autant que l’incertitude créée par les tensions commerciales décourage les investisseurs et commence à miner la confiance des consommateurs, moteur traditionnel de la croissance américaine. En outre, l’industrie manufacturière est entrée en récession.
Les chiffres de la balance commerciale ont eux fait apparaître une baisse sensible des échanges de marchandises entre la Chine et les États-Unis depuis le début de l’année.
Quoique positif, ce rapport solide devrait diviser un peu plus le comité monétaire de la Fed.
En septembre, trois membres avaient voté contre la baisse des taux, dont deux estimant que cette baisse était injustifiée par le rythme de croissance encore solide.
Depuis le début de l’année, la croissance des créations d’emplois a toutefois ralenti, constate le ministère du Travail. La moyenne des nouvelles embauches sur trois mois est en effet passée de 223 000 en 2018 à 157 000 en septembre.
L’industrie manufacturière, première victime de la guerre commerciale, est en récession.
Sur le front des embauches en septembre, le secteur de la santé est celui qui a recruté le plus (+39 000), suivi du secteur des services aux professionnels (+34 000) et des emplois publics (+22 000).
Le salaire horaire moyen est, lui, resté quasiment stable à 28,09 dollars contre 28,10 dollars le mois précédent.