Coronavirus : plus de 10 000 morts en France, un salarié sur quatre en activité partielle

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Un confinement qui pourrait également durer des mois en France

Après presque trois semaines de confinement, le ministre de la santé Olivier Véran a déclaré, mardi 7 avril, que la France n’est « pas encore au pic épidémique ». Le gouvernement a de nouveau appelé la population à ne pas relâcher ses efforts pour lutter contre la propagation du coronavirus, qui a fait plus de 10 000 morts dans le pays.


Le recours au chômage partiel a été demandé pour 5,8 millions de salariés, soit un sur quatre dans le privé, un nouveau record qui pourrait coûter 19,6 milliards d’euros en trois mois, a annoncé mardi la ministre du travail, Muriel Pénicaud.


« On est le seul pays à être à ce niveau de chômage partiel », a dit la ministre lors d’une audition en vidéoconférence au Sénat. Lors du précédent pointage tout début avril, le recours à l’activité partielle, nom officiel du dispositif, avait été demandé par 337 000 entreprises pour 3,6 millions de salariés.


Au 6 avril, le chômage partiel a été demandé par 544 000 entreprises et concernait « 5,8 millions de salariés pour un total de 2,4 milliards d’heures chômées demandées. En moyenne, c’est douze semaines à 35 heures hebdomadaires qui ont été demandées », a dit la ministre, faisant remarquer que « à peu près la moitié de l’économie est à l’arrêt ». Ce dispositif a été mis en place pour « sauver des millions d’emplois, éviter le chômage à des millions de Français et permettre aux entreprises de repartir plus vite », a-t-elle rappelé.


Le ministre de la santé, Olivier Véran, a assuré comprendre « l’impatience des Français, mais mon message c’est de dire que le confinement continue plus que jamais » et qu’il « durera aussi longtemps qu’il est nécessaire qu’il dure ».


L’aggravation de l’épidémie de coronavirus « est en train de se freiner sous l’effet du confinement et de nos efforts » mais « nous ne sommes pas encore au pic épidémique » car « il y a toujours plus de malades, chaque jour », a souligné le ministre de la santé sur BFMTV et RMC. La période de confinement, prolongée déjà une fois, doit théoriquement s’achever le 15 avril. Selon le ministre, « il ne faut pas parler trop tôt du déconfinement, sinon on a l’impression que c’est fini ».


Depuis lundi, une attestation de déplacement numérique est disponible pour justifier les sorties autorisées, alternative à la version papier jusqu’ici en vigueur. Près de 1,4 million de contrôles ont été effectués ces trois derniers jours. Depuis le début il y a eu « près de 480 000 contraventions dressées, sur 8,2 millions de contrôles », selon le ministre de l’intérieur.


Trois attestations différentes ont également été mises en ligne sur le site du ministère : pour un voyage depuis l’étranger vers la France métropolitaine, pour un déplacement depuis l’étranger vers une collectivité d’Outre-mer, mais aussi pour un déplacement de la France métropolitaine vers les Outre-mer.


« Si vous voyagez depuis l’étranger vers une collectivité d’Outre-mer, un contrôle sanitaire sera réalisé à votre arrivée. Il peut donner lieu à un placement en quarantaine dans une structure dédiée ou à domicile », a précisé le ministère de l’intérieur dans un tweet.


Afin d’être autorisés à entrer sur le territoire français, les voyageurs devront remplir l’une des conditions suivantes : avoir sa résidence principale en France ainsi que leurs conjoints et leurs enfants, être en transit pour rejoindre sa famille, être professionnel de santé aux fins de lutter contre le covid-19, être transporteur de marchandises y compris marin, être d’un équipage des vols passagers et cargo rejoignant sa base de départ, être personnel de mission diplomatique ou d’organisation internationale, être travailleur frontalier aux frontières intérieures terrestres.


De l’interdiction de faire son jogging en journée à Paris et ailleurs en Ile-de-France, à un arrêté anti-crachats dans le Nord, des mesures commencent à être prises, à l’appel du ministère de l’intérieur, pour éviter un potentiel relâchement du confinement.


Anne Hidalgo, la maire de Paris, pense elle aussi « qu’il faut aller dans ce sens », a-t-elle indiqué mardi 7 avril sur Franceinfo. Pour cela, « deux millions de masques en tissu vont être offerts aux Parisiens » dans les prochains jours.


Le ministre de l’économie, Bruno Le Maire, a brossé le scénario d’une économie frappée de plein fouet, avec une récession « vraisemblablement très au-delà des − 2,2 % », soit le « plus mauvais » chiffre depuis la fin de la seconde guerre mondiale, avec un pays en ruine. « C’est dire l’ampleur du choc économique auquel nous sommes confrontés », a-t-il insisté.


Dans un entretien, mardi 7 avril, au Figaro, la directrice générale d’Air France, Anne Rigail, annonce que « le groupe [KLM-Air France] dispose d’une trésorerie de 6 milliards d’euros, mais nous aurons besoin rapidement d’un soutien financier », alors que des discussions sont en cours avec les Etats français et néerlandais. La quasi-totalité de la flotte d’Air France est actuellement au sol.


Emmanuel Macron s’est rendu mardi après-midi en Seine-Saint-Denis, l’un des départements les plus touchés par l’épidémie de coronavirus, pour y rencontrer des professionnels de la santé et de l’accompagnement social.


Portant un masque chirurgical, comme c’est obligatoire pour toutes les personnes entrant dans l’établissement, Emmanuel Macron a discuté des conditions d’accueil des patients et de travail des soignants. La visite de cette maison de santé a été l’occasion de « mettre en exergue le recours massif à la télémédecine depuis le début de la crise et les synergies positives créées entre la médecine de ville et l’hôpital », a indiqué l’Elysée.


Le Monde avec AFP