Chaque jour, de nouvelles mesures sont prises à travers le monde pour tenter d’enrayer la propagation du Covid-19, qui a déjà contaminé plus de 250 000 personnes sur la planète et en a tué au moins 11 015, dans 163 pays et territoires. Le nombre de cas diagnostiqués ne reflète toutefois qu’une fraction du nombre réel de contaminations, un grand nombre de pays ne testant désormais plus que les cas les plus graves.
La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a annoncé vendredi la suspension des règles de discipline budgétaire de l’UE, une mesure inédite qui permettra aux Etats membres de dépenser autant que nécessaire pour lutter contre les conséquences économiques du coronavirus.
« Aujourd’hui, et c’est nouveau et n’a jamais été fait auparavant, nous déclenchons la clause dérogatoire générale », qui permet de déroger temporairement à ces règles, a-t-elle déclaré dans une vidéo publiée sur Twitter.
Les 27 ministres des Finances de l’UE doivent encore valider cette suspension lors d’une vidéoconférence la semaine prochaine. Créée en 2011, en pleine crise de la zone euro, cette clause n’avait jusqu’alors jamais été activée.
Parmi les obligations que les Etats membres n’auront plus à respecter figure la fameuse règle imposant que leur déficit public reste inférieur à 3 % de leur produit intérieur brut (PIB).
Bruxelles avait déjà promis la semaine passée une « flexibilité maximale » dans l’application du Pacte, une bouffée d’oxygène pour l’Italie, aux finances déjà exsangues, mais qui n’a pas été jugée suffisante face aux conséquences économiques désastreuses de la pandémie.
Le gouvernement britannique a ordonné vendredi 20 mars la fermeture des pubs, restaurants, cinémas, salles de gym et théâtres, renforçant d’un cran ses mesures.
« Nous disons aux cafés, bars et restaurants de fermer ce soir dès qu’ils le peuvent raisonnablement et de ne pas ouvrir demain », a déclaré le premier ministre, Boris Johnson, ajoutant donner la même consigne aux « boîtes de nuit, théâtres, cinémas, salles de gym et centres de loisirs ».
Boris Johnson entend aussi faire passer en urgence une loi lui donnant les pleins pouvoirs, y compris celui d’obliger les Britanniques à rester confinés chez eux. Car, pour l’instant, les mesures de « restriction sociale » n’ont toujours rien d’obligatoire, elles ne sont que des « conseils » donnés à la population.
Deux régions allemandes, la Bavière et la Sarre, sont devenues vendredi les premières à décréter le confinement de leur population alors que des mesures plus strictes sont prises partout dans le pays.
Au niveau fédéral, l’Allemagne a déjà pris certaines mesures pour lutter contre le virus, en fermant les écoles, crèches et les lieux publics considérés comme non essentiels, et en interdisant les rassemblements. Mais les autorités n’ont pour le moment pas pris de mesures de confinement sur tout le territoire, comme la France, l’Espagne ou l’Italie.
La tentation de recourir à cette mesure dans tout le pays grandit cependant de jour en jour. Lors d’une allocution télévisée mercredi, la chancelière Angela Merkel a lancé un avertissement en ce sens, si les consignes de restriction des contacts sociaux continuent à ne pas être strictement respectées.
Le président américain a déclaré, vendredi, ne pas envisager, pour le moment, un confinement général de toute la population américaine, une mesure qui ne sera probablement jamais nécessaire à ses yeux. S’exprimant au cours d’une conférence de presse, Trump a aussi déclaré ne pas être loin d’un accord avec les démocrates, majoritaires à la Chambre des représentants, sur un ensemble de mesures de soutien aux ménages et aux entreprises américaines face aux conséquences économiques de cette crise sanitaire. Il a annoncé que les Etats-Unis et le Mexique s’étaient entendus pour restreindre les déplacements non essentiels à leur frontière.
Les Etats-Unis, qui ont franchi le cap des 10 000 cas sur l’ensemble du territoire, ont exhorté les Américains à ne plus voyager à l’étranger et suspendu, vendredi, la délivrance des visas ordinaires dans le monde.
La Californie, particulièrement touchée, a ordonné jeudi le confinement de sa population de 40 millions d’habitants. Une annonce spectaculaire à l’échelle d’un Etat grand comme un pays. Plusieurs villes californiennes, dont Los Angeles et San Francisco, avaient déjà annoncé des mesures à leur échelle. A l’est du pays, L’Etat du New Jersey, voisin de New York, avait été le premier à annoncer lundi un couvre-feu.
L’Italie est devenue jeudi, devant la Chine, le pays le plus endeuillé au monde. Une semaine après le début du confinement généralisé de sa population, le pays dénombre plus de 4 000 morts, dont 627 ces dernières vingt-quatre heures, selon la protection civile vendredi. Près de 6 000 cas supplémentaires qui ont été détectés et le pic de la pandémie ne semble pas atteint. Ces dernières quarante-huit heures, la péninsule a enregistré un nombre de morts quotidiens dépassant celui enregistré au plus fort de la maladie dans la ville de Wuhan, berceau chinois de l’épidémie.
Le gouvernement italien envisage de nouvelles mesures restrictives qui pourraient être adoptées rapidement. Les gouverneurs des régions du nord, les plus riches d’Italie et les plus touchées par l’épidémie, réclament encore davantage des fermetures d’activités et le déploiement de l’armée pour faire appliquer ces mesures.
La Chine, où 3 245 personnes ont succombé, n’a fait état jeudi d’aucune nouvelle contamination d’origine locale, une première depuis le début de l’épidémie en décembre dans ce pays. Mais 34 cas « importés » ont été dénombrés.
L’Europe, qui a dépassé jeudi 100 000 cas recensés, est le continent le plus affecté. L’Espagne, deuxième pays européen le plus touché après l’Italie, déplore vendredi 1 002 morts et le nombre de cas détectés avoisine 20 000, selon les statistiques officielles. « Les jours les plus durs arrivent (…). Nous allons continuer à voir une augmentation des cas », a prévenu le ministre de la santé, Salvador Illa.
Le pays, deuxième destination touristique au niveau mondial, a ordonné la fermeture de tous les hôtels du territoire à compter de jeudi et pour sept jours ouvrables, afin d’endiguer la progression de l’épidémie. Seuls resteront ouverts les établissements de séjour longue durée, à condition qu’ils aient les infrastructures nécessaires pour que leurs occupants puissent y respecter le confinement quasi total imposé actuellement dans le pays.
« Des millions » de vies sont en jeu si le monde n’est pas solidaire, notamment vis-à-vis des pays les moins riches, a averti jeudi le secrétaire général des Nations unies (ONU), Antonio Guterres.
L’inquiétude concerne les pays les plus pauvres, où le confinement sera impossible, comme dans les immenses bidonvilles asiatiques. En outre, 3 milliards de personnes n’ont même pas les armes les plus basiques contre le virus – l’eau courante et le savon –, s’alarment des experts de l’ONU.