Crise systémique globale

Confirmation - Alerte Majeure pour le second semestre 2011

Fusion explosive de la dislocation géopolitique et de la crise économique et financière mondiales

Crise mondiale — crise financière


- Communiqué public GEAB N°55 (15 mai 2011) -
GEAB N°55 est disponible ! Crise systémique globale – Confirmation Alerte Majeure pour le second semestre 2011 – Fusion explosive de la dislocation géopolitique et de la crise économique et financière mondiales
Depuis près d'un an, /E2020 a identifié le second semestre 2011 comme un nouveau moment décisif dans l'évolution de la crise systémique globale. A l'image de notre anticipation de Février 2008 qui avait anticipé pour Septembre 2008 un choc majeur affectant l'économie américaine, notre équipe confirme dans ce GEAB N°55 que toutes les conditions sont désormais réunies pour que le second semestre 2011 soit le théâtre de la fusion explosive des deux tendances fondamentales qui sous-tendent la crise systémique mondiale, à savoir la dislocation géopolitique globale, d'une part, et la crise économique et financière globale, d'autre part.
Depuis plusieurs mois en effet, le monde connaît une succession quasiment ininterrompue de chocs géopolitiques, économiques et financiers qui constituent selon LEAP/E2020 les signes avant-coureurs d'un événement traumatique majeur que nous analysons dans ce numéro du GEAB.
Parallèlement le système international a désormais dépassé le stade de l'affaiblissement structurel pour entrer dans une phase de délabrement complet où les anciennes alliances se délitent tandis que de nouvelles communautés d'intérêt émergent très rapidement.
Enfin, tout espoir de reprise économique mondiale significative et durable s'est dorénavant évanoui (1) tandis que l'endettement du pilier occidental, en particulier des Etats-Unis, atteint un seuil critique sans équivalent dans l'Histoire moderne (2).

Le catalyseur de cette fusion explosive sera bien évidemment le système monétaire international, ou plutôt le chaos monétaire international qui s'est encore aggravé depuis la catastrophe qui a frappé le Japon en Mars dernier et devant l'incapacité des Etats-Unis à faire face à l'exigence de réduction immédiate et significative de ses immenses déficits.
La fin du Quantitative Easing 2, symbole et facteur de la fusion explosive en préparation, représente la fin d'une époque, celle où le « Dollar US était la devise des Etats-Unis et le problème du reste du monde » : à partir de Juillet 2011, le Dollar US devient ouvertement la principale menace pesant sur le reste du monde et le problème crucial des Etats-Unis (3).
L'été 2011 va confirmer que la Réserve fédérale US a perdu son pari : l'économie US n'est en fait jamais sortie de la « Très Grande Dépression » (4) où elle est entrée en 2008 malgré les milliers de milliards de Dollars injectés (5), comme le sait d'ailleurs l'immense majorité des Américains (6). Sans pouvoir lancer un QE3 (même officieusement, via ses Primary Dealers, comme elle le faisait de facto avant que le monde ne s'intéresse de trop près au marché des Bons du Trésor US), la Fed va donc contempler impuissante la remontée des taux d'intérêts, l'explosion du coût des déficits publics US, la plongée dans une récession économique aggravée, l'effondrement du cours des bourses et un comportement erratique du Dollar US, évoluant à court terme en dents de scie, au gré des influences de ces différents phénomènes, avant de lâcher brutalement 30% de sa valeur comme nous l'anticipions dans le GEAB N°54 (7).
Parallèlement, Euroland, BRICS et producteurs de matières premières vont rapidement renforcer leurs coopérations tout en lançant une ultime tentative de sauvetage des institutions internationales issues de Bretton Woods et du monde dominé par le tandem US/UK. Ce sera la dernière puisqu'il est illusoire d'imaginer Barack Obama, qui n'a montré aucune envergure internationale jusqu'à présent, faire preuve d'une stature d'homme d'Etat et prendre donc des risques politiques majeurs à un an d'une élection présidentielle.
Evolution de l'index Shiller du prix de vente des maisons existantes aux USA (1890-2011) (en rouge : projection) - Source : R.J. Schiller / Steve Barry / Big Picture / New York Times, 01/2011


Barrières, protections, embargos à l'exportation, diversification des réserves, frénésie autour des matières premières, inflation en hausse générale, … le monde se prépare à un nouveau choc économique, social et géopolitique

La Chine vient d'annoncer qu'elle interrompt toutes ses exportations de diesel pour tenter de stopper une hausse du prix du carburant qui a provoqué récemment une série de grèves des transporteurs routiers (8). Que les pays asiatiques qui dépendaient de ces exportations chinoises se débrouillent, d'autant que le Japon a agi de même suite aux conséquences de la catastrophe de Mars dernier !
La Russie cesse également d'exporter certains produits pétroliers pour limiter les pénuries et hausses de prix internes (9), arrêt d'exportation qui s'ajoute à celui des céréales décrété il y a déjà plusieurs mois.
Partout dans le monde arabe, l'instabilité continue à prévaloir sur fond de renchérissement des denrées de base (10), tandis que les interrogations sur l'ampleur des réserves et des capacités de production de l'Arabie saoudite reviennent au premier plan (11).
Aux Etats-Unis, le moindre événement climatique sortant de l'ordinaire provoque aussitôt des risques de pénurie du fait de l'absence de « matelas » de sécurité du système d'approvisionnement US, sauf à mettre à contribution les stocks stratégiques (12). Pendant ce temps, la population réduit ses dépenses alimentaires pour pouvoir remplir le réservoir de ses voitures avec un gallon à plus de 4 Dollars (13).
En Europe, la diminution de la couverture sociale et les mesures d'extrême-austérité mises en œuvre au Royaume-Uni, en Grèce, au Portugal, en Espagne, en Irlande,... font exploser le nombre de pauvres.



L'Union européenne vient de renforcer plus ou moins subrepticement son arsenal douanier pour résister aux importations venues d'Asie en particulier. D'une part, elle revoit tout son attirail de mesures de préférence douanière pour en éliminer tous les pays émergents, Chine, Inde, Brésil en tête. D'autre part, elle a passé discrètement fin 2010 une mesure facilitant la mise en œuvre de mesures antidumping et de sauvegarde puisque désormais une majorité simple suffira pour approuver une telle proposition de la Commission alors qu'il fallait auparavant une majorité qualifiée souvent difficile à rassembler (14).
Parallèlement, les banques centrales continuent à acheter de l'or (15), à annoncer plus ou moins clairement qu'elles diversifient leurs réserves (16) tandis qu'elles prennent des mesures de plus en plus incohérentes et dangereuses, en augmentant les taux pour contrer l'inflation dans un contexte d'économies fragiles ou en récession, afin de contrer l'afflux de liquidités généré par la politique de la Réserve fédérale US (17). Pour paraphraser le titre de l'article d'Andy Xie, publié dans Caixin du 22/04/2011, « La montée de l'inflation rend fous les banquiers centraux » (18).
Et côté américain, on est en effet dans le surréalisme le plus complet : alors que le pays a atteint des niveaux d'endettement insupportables, les dirigeants de Washington ont fait de cette thématique un enjeu électoraliste, comme l'illustre la question du plafond d'endettement fédéral qui sera atteint dès le 16 Mai (19). Les comparaisons abondent dans la presse américaine et financière internationale avec les années Clinton où un problème du même type s'était posé sans grandes conséquences. Visiblement une partie importante des élites US et financières n'a toujours pas intégré le fait que, à la différence des années 90, les Etats-Unis d'aujourd'hui sont vus comme l' « homme malade de la planète » (20) dont chaque signe de faiblesse ou d'incohérence grave peut déclencher des paniques incontrôlées.
Banquiers centraux en folie, leaders mondiaux sans feuille de route, économies en danger, inflation en hausse, devises en perdition, matières premières frénétiques, endettement occidental incontrôlé, chômage au plus haut, sociétés stressées, … pas de doute, la fusion explosive de tous ces phénomènes sera bien l'évènement marquant du second semestre 2011 !
Exemples d'inflation salariale en Chine (comparaison 2011/2010) - Source : Standard Chartered Bank / Getty, 05/2011

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Notes:
(1) Le Telegraph du 05/05/2011 dresse ainsi une liste intéressante des 10 raisons qui prouvent que l'économie mondiale est à nouveau en train de plonger.
(2) Le graphique ci-dessous illustre comment, comme nous le recommandons depuis plus de trois ans, le calcul des grands indicateurs économiques hors effet Dollar donne une vision du monde très différente des indicateurs calculés en Dollar. Ainsi, alors que, calculées en Dollar, les estimations de dépassement des Etats-Unis par la Chine donnent des dates vers 2030, 2040 voire 2050, le FMI aboutit à 2016 … soit presque aujourd'hui dès lors qu’elles font abstraction de cet « étalon » qui change de taille tous les jours !
(3) Signe des temps, le Financial Times, pourtant spécialisé dans les « Unes » sur la fin de l'Euro depuis plus de 18 mois, publie en pages intérieures (plus discrètes) un article du 11/05/2011 intitulé « Le Dollar fait face à un danger beaucoup plus grave que l'Euro ». Tandis que The Age et le Wall Street Journal du 23/04/2011 considère que l'économie US est désormais quasiment dans la même situation que celle de la Grèce.
(4) L'illustration la plus flagrante de la poursuite de cette « Très Grande Récession », comme nous l'avons appelée il y a 4 ans, c'est que la crise de l'immobilier est repartie de plus belle. Les prix sont en train de crever à nouveau les « planchers » atteints en 2009, plongeant des dizaines de millions d'Américains dans des situations économiques et financières dramatiques. Même les plus optimistes ne voient pas d'arrêt de la baisse avant 2012. Or, comme nous l'avons déjà expliqué dans de précédents GEAB, l'immobilier c'est le plancher sur lequel s'est bâtie toute l'estimation de la valeur actuelle de l'économie US. La poursuite de l'effondrement des prix de l'immobilier, c'est la poursuite de la dépression économique. Source : MarketWatch, 09/05/2011
(5) La société d'analyse économique Fathom a ainsi calculé que les quatre principales banques centrales mondiales (Fed, BCE, Banque du Japon et Banque d'Angleterre) ont injecté directement 5.000 milliards USD dans l'économie mondiale au cours des années 2008-2010 (cela n'intègre pas les récentes injections massives japonaises post-catastrophe, ni toutes les mesures de garanties en tout genre qui ont accompagné ces mesures). Cela représente près de 10% du PNB mondial avec le résultat que l'on connaît : un endettement public gigantesque, un endettement privé qui n'a pas vraiment diminué et des économies qui progressent à peine ou sont à nouveau en récession. Source : Telegraph, 26/04/2011
(6) 80% des Américains estiment que l'économie va mal. Seul 1% pense qu'elle va très bien (ils doivent travailler à Wall Street). Source : CNNMoney, 09/05/2011
(7) La fin du QE2 signifie que le marché des Bons du Trésor US n'a en fait plus d'acheteurs (puisque la Fed achète l'essentiel des Bons du Trésor émis depuis la fin 2010 (au moins) ; ce qui, au passage, rend complètement surréaliste les articles et analyses actuelles sur le placement des émissions de Bons du Trésor US. C'est l'évidence de l' « illiquidité » effective du marché des Bons du Trésor, alors que son importance même est conditionnée à son statut de marché le plus liquide du monde, qui jouera le rôle de transmission entre QE2 et chute du Dollar, car cette situation entraînera une accélération brutale de la sortie des opérateurs hors du marché des T-Bonds, principal actif libellé en Dollars. Le phénomène provoquera dans un premier temps un besoin accru de Dollars US, puis très vite une offre excessive de Dollars à la vente. C'est le timing de ces deux phénomènes qui va conditionner l'évolution de la devise US par rapport aux autres grandes devises et à l'or au cours du second semestre 2011.
(8) Source : BusinessInsider, 14/05/2011
(9) Source : France24, 28/04/2011
(10) A ce propos, l'information comme quoi le fondateur de l'ex-société de mercenaires BlackWater a été recruté par les Emirats Arabes Unis pour constituer une armée de mercenaires destinée à protéger le pays de toute attaque extérieure ou tumulte interne, illustre l'instabilité croissante des monarchies pétrolières et la fin de la confiance dans la protection américaine. Ceci dit : faire confiance à des mercenaires occidentaux est une grande preuve de naïveté, ou bien de désespoir. Source : New York Times, 14/05/2011
(11) Source : LeMonde, 25/04/2011
(12) Dernier exemple en date, l'actuelle crue historique du Mississipi. Source : Bloomberg, 13/05/2011
(13) Source : NewYorkTimes, 12/05/2011
(14) Source : Sidley, 28/02/2011
(15) Et on les comprend. En effet, quand on entend Timothy Geithner, le ministre américain des Finances, marteler que les Etats-Unis ne tenteront jamais de dévaluer le Dollar pour gagner un avantage commercial, on croit rêver. Tout le monde l'écoute poliment, fait le compte de toutes les autres raisons (dont la dette) pour lesquelles les Etats-Unis sont de facto engagés dans cette dévaluation, et achète donc de l'or, ou diversifie ses réserves hors du Dollar. Ainsi les banques centrales de Russie, du Mexique, de la Thaïlande, … continuent à acheter de l'or. Et Hong-Kong (donc la Chine) lance une attaque directe sur le monopole de Comex Gold Futures en lançant ses propres contrats de Kilo d'or. Sources : MarketWatch, 26/04/2011 ; Bloomberg, 04/05/2011 ; Zerohedge, 08/05/2011
(16) La Chine continue ainsi à se débarrasser en douceur de ses titres US et envisage même pas de diversifier les deux-tiers de ses avoirs libellés en Dollars, soit 2.000 Milliards USD. Sources : CNS, 29/04/2011 ; Zerohedge, 24/04/2011
(17) En effet, malgré les manipulations en tout genre des chiffres du chômage US, Ben Bernanke est bien obligé de constater qu'il faut continuer à soutenir artificiellement l'économie US. Pourtant quoiqu'il dise, avec la fin du QE2 et sans perspective crédible de QE3, l'économie US va se retrouver pour la première fois depuis trois ans sans stimulus majeur comme le confirme Jeffrey Lacker, le patron de la Fed de Richmond. Le second semestre va donc être un test direct de la performance d'une « économie zombie », sans source d'énergie extérieure. Sources : Bloomberg, 05/05/2011 ; MarketWatch, 10/05/2011
(18) En tout cas pas tous, car en Asie les discussions vont bon train pour accroître et renforcer rapidement les fonds et mécanismes communs de soutien pour affronter un nouveau choc comparable à celui de Septembre 2008. Comme l'Euroland, l'Asie se découple de plus en plus du système financier américano-centré de la période pré-2008. Et au-delà des accords financiers, c'est toute la région, sous l'impulsion de la Chine, qui est en train de s'intégrer y compris en terme de réseaux de transport. Sources : AsahiShimbun, 06/05/2011 ; ChinaDaily, 30/04/2011 ; AsahiShimbun, 06/05/2011
(19) Le Trésor américain se prépare d'ailleurs à un blocage sur cette question tandis que cette question semble vouloir être utilisée par les Républicains jusqu'à l'élection de 2012. Nul doute que le système financier mondial aura tranché avant cette date ! Sources : Science Monitor, 10/05/2011 ; WashingtonPost, 27/04/2011
(20) Et ce ne sont pas les mascarades médiatiques du type de l'assassinat de Ben Laden qui vont changer grand-chose à cette situation. En fait l'incroyable cafouillage médiatique qui a entouré cet épisode illustre que, même sur son dernier terrain privilégié, la communication, le grand savoir-faire de Washington, n'est plus que l'ombre de ce qu'elle fut. Le seul résultat durable de l'opération Ben Laden, c'est que les « théories du complot » sont désormais débattues en direct dans les grands médias et que les incohérences des versions officielles de l'histoire sont accusées de les alimenter.
Dimanche 15 Mai 2011


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