Jean Charest sent qu’il a une marge de manoeuvre pour procéder à des coupures dans les dépenses du gouvernement, à la suite de la série Les Québécois dans le rouge, publiée ces deux dernières semaines par le Journal.
Interrogé de façon très spécifique sur cet angle, en marge de l’ouverture de la rencontre économique tenue à Lévis mercredi et hier, M. Charest m’a répondu sans nuances qu’il sentait que l’opinion publique alllait dans ce sens et «qu’on va le faire». Plus tard en soirée, un proche collaborateur a voulu préciser que le premier ministre ne référait pas à des coupures aveugles et horizontales mais que sa volonté politique de réduire les dépenses était bien réelle.
La vice-première ministre et ministre des Ressources naturelles, l’influente Nathalie Normandeau, m’a aussi indiqué en coulisses avoir compris que l’acceptation de hausses de tarifs était conditionnelle à un ménage dans les dépenses gouvernementales. Sa collègue, Monique Gagnon-Tremblay, a pour sa part répliqué au scepticisme sur sa capacité de mener une telle opération de se méfier des eaux tranquilles…
Tous les participants rencontrés à ce forum étaient unanimes pour louer spontanément cette initiative démocratique des médias de Quebecor.
Jean Charest a aussi certifié, au cours de notre conversation impromptue, que la rencontre économique des deux derniers jours influencerait de façon importante les choix budgétaires pour 2010-2011, même si les discussions ont officiellement porté sur le plus long terme et même si tous, dans la population, déplorent que celles-ci ne soient pas contraignantes pour le gouvernement. Plusieurs personnalités invitées ont profité des séances à huis clos et de rencontres privées avec des ministres pour passer leur message sur les gestes à poser à court terme, m’ont-elles certifié.
Le gouvernement Charest a habilement réussi à réduire les attentes au minimum. Les discours de M. Charest, mercredi et hier étaient aussi d’une platitude consommée. La mise en contexte lue hier matin par l’ex-journaliste Madeleine Poulin l’était encore davantage. Dans tous ces cas, on nous a servi un ramassis de lieux communs et de phrases creuses.
L’épicerie
Les rapports des ateliers de discussions ne contenaient inévitablement que des généralités qui auraient pu être écrites et qui valent en tout temps: l’importance par exemple de relever le taux de diplomation, de créer un environnement favorable à la croissance des entreprises ou d’encourager la solidarité. Nous ne savons pas comment nous allons pouvoir payer l’épicerie de la semaine et on demande à un parterre de décideurs socio-économiques et de politiciens d’ergoter sur l’économie du Québec en 2030.
Même si Jean Charest a voulu donner une certaine crédibilité à l’opération en s’assurant de la présence de Paul Desmarais Jr. de Power Corp., personne n’a été dupe. Le conseil des ministres ne voulait pas d’un véritable débat sur les finances publiques souhaité par le ministre des Finances, Raymond Bachand. La rencontre des deux derniers jours n’était qu’un «face saver» pour le gouvernement.
Il est permis de souffler dans notre trompette à l’occasion, quand un coup remarquable est marqué. Les médias de Quebecor ont ouvert aux Québécois un large échange sur les finances publiques. Du jamais vu. La paternité de cet important dossier journaliste appartient à Dany Doucet, rédateur en chef du Journal de Montréal. Je suis honoré d’y avoir été associé à Québec.
jjacques.samson@journaldequebec.com
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