Assassiner la paix

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Une paix qui est loin de faire l'affaire de tout le monde





L’ambassadeur de la Russie s’est fait assassiner hier à Ankara. Les dirigeants turcs, russes et iraniens venaient de convenir d’une rencontre pour négocier la paix en Syrie.


Il faut croire que cette paix ne convient pas à tout le monde. Cette conférence de paix exclut des acteurs importants du conflit, en particulier les Kurdes, les États-Unis et leurs alliés. Certains groupes ont tout à perdre d’une paix qui les exclurait. Ils souhaitent donc son échec.


1. Qu’est-ce que les Américains ont à perdre ?


La défaite américaine d’Alep est dommageable aux intérêts des États-Unis. Elle les affecte symboliquement. Alep est la seconde plus grande ville du pays. Elle fait mal militairement. La ville est au centre du réseau de communication de la région. La défaite ternit la réputation des États-Unis. Les Irakiens se demandent pourquoi les Russes sont parvenus à nettoyer Alep des rebelles islamistes, mais que les Américains ont de la difficulté à vaincre les islamistes à Mossoul. En cas de paix, les Syriens pourront construire des pipelines qui achemineront vers l’Europe du gaz et du pétrole. Ces pipelines concurrenceront ceux des alliés américains dans la région.


2. Qu’est-ce que les islamistes proaméricains ont à perdre ?


Grâce à la prise d’Alep, les Russes et les Syriens se trouvent en position de négociation avantageuse. La volonté de Donald­­ Trump de travailler en proche collaboration avec la Russie place les islamistes­­ proaméricains dans une situation­­ très difficile. Qui donc va les soutenir désormais? Ils pourraient accepter­­ de déposer les armes. Par la suite, ils devraient sans doute remplir de très dures conditions de paix.


3. Qu’est-ce que les Kurdes ont à perdre ?


En théorie, les Turcs pourraient continuer à soutenir des groupes islamistes en Syrie. Cependant, le président turc, Recep Tayyip Erdogan, déteste les Kurdes. Sa haine est si profonde qu’elle semble le mener à des compromis. Erdogan­­ semble à présent prêt à s’aligner sur les positions de la Russie. En échange de quoi? Probablement de l’assurance­­ que les Kurdes ne vont jamais­­ fonder d’État kurde en Syrie. Les Kurdes, qui ont magnifiquement combattu contre l’État islamique, se trouvent à la croisée des chemins. Les Américains dirigés par Trump vont-ils continuer à les soutenir? Leur exclusion des pourparlers de paix dirigés par les Russes augure­­ bien mal pour eux. Une solution de compromis pourrait être qu’ils se retirent à peu près complètement de la Syrie en échange de garanties sur leur État en Irak. Pour les Kurdes, la paix arrive au mauvais moment.


4. Qu’est-ce que l’État islamique peut perdre ?


Si les Kurdes et les rebelles s’entendent avec les Russes et les Syriens, l’armée syrienne pourra se consacrer entièrement à la guerre contre l’État islamique. Une paix avec les autres belligérants ôterait tout espoir de victoire à l’État islamique­­.




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