Accusé d'extrémisme, un étudiant-blogueur russe risque quatre ans de prison

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La Russie demeure un État autoritaire qui ne tolère pas la dissidence


Etudiant d'une université russe prestigieuse, Egor Joukov est accusé d'incitation à l’extrémisme via sa chaîne YouTube. Alors que son procès a été hautement médiatisé, le jeune homme assume les propos qu'il a tenus sur les réseaux sociaux.


Le 4 décembre, une audience concernant la très médiatique affaire d’Egor Joukov s'est tenue à Moscou. L’étudiant, issu d’une des universités les plus prestigieuses de Russie, est accusé «d'appels à l’extrémisme» sur sa chaîne YouTube. Le parquet a requis quatre ans de prison contre lui.


Egor Joukov, 21 ans, est étudiant en quatrième année de licence (la licence se faisant en 4 ans en Russie) à l'Ecole des hautes études en sciences économiques de Moscou. Il possède par ailleurs sa chaîne sur YouTube qui compte, à ce jour, 151 000 abonnés. 


Le jeune homme a été arrêté à la suite de sa participation à la manifestation non-autorisée survenue à Moscou, le 27 juillet, la veille des élections municipales. Il a ensuite été placé dans un centre de détention provisoire comme d'autres manifestants qui furent accusés de violence. Reste que son cas particulier est vite devenu ultra-médiatisé en Russie comme à l'étranger. Début décembre, les enquêteurs ont cependant atténué la gravité des accusations portées contre certains accusés. Egor Joukov a ainsi été assigné à résidence tandis qu'une autre enquête le visant pour extrémisme a été ouverte. Une accusation passible de cinq ans d'emprisonnement selon son avocat.


Les enquêteurs ont déclaré avoir trouvé «des signes d'extrémisme» dans quatre vidéos diffusées sur sa chaîne YouTube. Dans ces vidéos, publiées en 2017, Egor Joukov déclarait notamment qu'il fallait «lutter brutalement contre le système». L’accusation est basée sur une analyse linguistique opérée par le FSB (Service fédéral de sécurité de la fédération de Russie). Selon cette analyse, Egor Joukov éprouverait de la haine envers le pouvoir en Russie et vis-à-vis de l'ordre constitutionnel du pays. Dans ses vidéos, Egor Joukov aurait, par exemple, appelé à «toutes formes d'insurrection», ce qui veut dire, selon les auteurs de l’analyse linguistique, des actions contraires à la loi comme la falsification des documents officiels, de la monnaie et le refus de payer les impôts.


Egor Joukov, sa défense et des experts en linguistique ont fustigé l’analyse établie par le FSB. L’étudiant a ainsi déclaré que l’auteur de l’analyse n’avait pas pris en compte le contexte des vidéos où il n’avait parlé que d’une seule chose, selon lui : de l’inefficacité des méthodes violentes des manifestations, et de l’efficacité des méthodes non violentes.


Lors de l’audition du 4 décembre, dernière avant le jugement, Egor Joukov a fait une ultime déclaration pour sa défense. Ses propos ont depuis été largement diffusés par les médias russes, ainsi que par les utilisateurs des réseaux sociaux. Dans son discours, le Youtubeur accuse les autorités russes de corruption tout en prônant un retour aux valeurs chrétiennes comme l'amour et la solidarité au sein de la société.


Son jugement sera prononcé le 6 décembre.