À propos de notre jeunesse...

Tribune libre

La main de fer dans le gant de velours

Pour avoir œuvré plus de 30 ans dans le monde de l’éducation, le billet de Richard Martineau paru dans le Journal du 19 mai sous le titre « École : la dictature de l’autorité » m’interpelle au plus haut point.

Au début de ma carrière dans l’enseignement, comme tout jeune professeur, j’ai adopté l’attitude du prof près de ses élèves dans l’intention de créer un lien avec eux et ainsi de pouvoir mieux communiquer ma matière. Toutefois, j’ai vite réalisé que cette approche pédagogique conduisait rapidement à une sorte de camaraderie inconciliable avec mon rôle d’enseignant.

Avec le temps, j’ai pris un recul face à mes élèves de telle sorte que le climat dans la classe s’est progressivement apaisé pour le plus grand bien de la communication des connaissances, ce pourquoi, en réalité, j’avais décidé d’endosser cette profession. En réalité, j’avais décidé d’opter pour l’autorité.

Une autorité qui ne s’impose pas mais qui s’acquiert avec le temps en adoptant la main de fer dans le gant de velours, à savoir une attitude autoritaire tout en ayant la sagesse d’accepter les écarts de conduite occasionnels des élèves.

Aujourd’hui, quand je rencontre mes anciens élèves, ils me remercient d’avoir agi de la sorte et la plupart d’entre eux gardent un bon souvenir de moi parce que, disent-ils, « avec vous, on savait où on allait »…En fait, n’est-ce pas cela enseigner? Communiquer des connaissances dans un climat propice à l’apprentissage.

Si j’étais parent d’un adolescent…

Les récentes arrestations de jeunes s’apprêtant à s’envoler vers la Syrie pour se convertir au djihadisme soulèvent des questions inquiétantes sur les raisons qui poussent ces jeunes à endosser une telle cause qui nous apparaît hors de notre portée.

Bien sûr, on peut alléguer que ces jeunes recherchent des défis auxquels ils sont appelés à vivre en tant que djihadistes. Toutefois, l’énigme demeure la même : pourquoi? Sans avoir une réponse à cette question, je me suis demandé comment je réagirais si j’étais parent d’un adolescent aujourd’hui.

Et spontanément, je me suis dit que je garderais un contact régulier avec lui, je discuterais avec lui de son opinion concernant la radicalisation, je serais attentif à ses réponses sans intervenir dans un premier temps. Puis, je lui demanderais comment il se situe face à ce mouvement de radicalisation.

Dans l’hypothèse où je soupçonnerais des idées favorables à ce mouvement de la part de mon ado, je l’inviterais à en discuter à nouveau avec moi s’il en a le goût, quitte à prendre l’initiative si jamais il ne revient pas sur la question, particulièrement si je remarquais des changements dans son attitude.

En bout de ligne, l’important, à mon sens, est de garder contact avec l’adolescent et d’être attentif à son comportement car, en réalité, qui est le mieux placé pour observer ses changements d’attitude que les parents qui le voient agir à la maison?

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Henri Marineau2033 articles

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Né dans le quartier Limoilou de Québec en 1947, Henri Marineau fait ses études classiques à l’Externat Classique Saint-Jean-Eudes entre 1959 et 1968. Il s’inscrit par la suite en linguistique à l’Université Laval où il obtient son baccalauréat et son diplôme de l’École Normale Supérieure en 1972. Cette année-là, il entre au Collège des Jésuites de Québec à titre de professeur de français et participe activement à la mise sur pied du Collège Saint-Charles-Garnier en 1984. Depuis lors, en plus de ses charges d’enseignement, M. Marineau occupe divers postes de responsabilités au sein de l’équipe du Collège Saint-Charles-Garnier entre autres, ceux de responsables des élèves, de directeur des services pédagogiques et de directeur général. Après une carrière de trente-et-un ans dans le monde de l’éducation, M. Marineau prend sa retraite en juin 2003. À partir de ce moment-là, il arpente la route des écritures qui le conduira sur des chemins aussi variés que la biographie, le roman, la satire, le théâtre, le conte, la poésie et la chronique. Pour en connaître davantage sur ses écrits, vous pouvez consulter son site personnel au www.henrimarineau.com





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