« Confédéralisme ou séparatisme »
12 septembre 2008
Je ne suis pas tout à fait d'accord avec ce que dit Alex Remacle. Il y a les définitions scolaires du confédéralisme (disons une organisation politique réunissant des Etats indépendants comme la CEI post-soviétique). Le problème c'est que la Belgique qui n'est pas une confédération d'Etats indépendants, mais un Etat fédéral a cependant certains traits d'une organisation confédérale puisque la non-hiérarchie des normes, la pleine compétence des entités fédérées sur le plan international (doctrine bien connue au Québec sous le nom de deux hommes politiques dont j'oublie les noms au moment de les écrire), et enfin la nécessité (mais de fait, de facto), d'avoir l'unanimité des composantes pour décider, voilà des traits de confédéralisme. Vincent de Coorebyter que je cite souvent dans mes chroniques s'explique là-dessus en disant qu'il n'y a pas de modèle juridique pur. Ainsi l'Union européenne où le droit communautaire l'emporte sur le droit national: certains militants fédéralistes européens se fondent sur la comparaison entre la Constitution belge et celle de l'Union européenne pour dire que l'Union est bien une fédération et non une Confédération. Donc je suis d'accord avec G.Bousquet. Effectivement, les solutions vers lesquelles on s'oriente en Belgique - et qui d'ailleurs sont déjà effectives pour une part - devraient inciter le Canada à plus de souplesse envers le Québec.
Ceci dit, sur le plan de la reconnaissance, je sais que dans l'esprit des citoyens du pays comme des autres pays, on n'admet qu'une contrée soit un vrai pays que si elle est pleinement souveraine. Il m'arrive encore que, lorsque je dis "des amis québécois", mon interlocuteur me corrige en me disant "Ah! des Canadiens??!!" Et pourtant, nous sommes un pays francophone. Cependant, je crois que, au moins dans les pays francophones, un grand nombre de personnes reconnaissent le Québec. Dès lors, ajouter, à cette reconnaissance morale, la réalité de la souveraineté juridique (ne serait-ce que dans les limites de ce qui existe et va s'amplifier en Belgique), ce serait pas mal.
Maintenant, il faut dire une chose, c'est que l'addition des deux choses pour le Québec (la reconnaissance que je dis "morale" songeant au fait que le Québec est considéré comme une nation, par exemple mais aussi sa reconnaissance de fait comme société distincte + l'effectivité juridique, par exemple la capacité de signer des traités sans l'aval du Canada, dans le cadre de ses compétences), aurait quelque chose d'explosif, peut-être? Si cela n'a pas ce caractère en Belgique, c'est que la Wallonie ne bénéficie pas ou pas encore de la reconnaissance dont bénéficie le Québec tant vis-à-vis de l'extérieur que vis-à-vis de ses propres ressortissants. Car la Wallonie a cette sorte d'indépendance juridique (liée au fédéralisme), moins la reconnaissance effective qui est celle du Québec.
Ce qui m'amène à reformuler la comparaison Québec/ Wallonie que je fais souvent: la Wallonie, qui est en avance sur le Québec sur le plan juridique, est fort en retard sur lui en ce qui concerne sa reconnaissance identitaire. Si nous voulons raisonner, Québécois et Wallons, à partir de nos situations respectives, je crois que c'est cette formule qui est la bonne. Mais je ne sais pas quelle est la meilleure position: parfois, je me dis que c'est le Québec, parfois je me dis que c'est nous. Et en fait, oui, je ne le sais pas et je pense que c'est impossible à établir.
Donnons-nous la main par-dessus l'Océan! Informons-nous les uns des autres! Restons ensemble, car il se fait tard et la nuit descend sur le monde!