Venezuela: Maduro défie l’Occident, l’ultimatum d’Européens expire

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C'est le soutien de l'armée qui est crucial pour l'un ou l'autre des prétendants



Le chef de l’Etat vénézuélien Nicolas Maduro continue à défier l’Occident alors qu’expire dimanche l’ultimatum donné par six pays de l’UE lui enjoignant de convoquer une nouvelle élection présidentielle, faute de quoi ils reconnaîtront son rival Juan Guaido comme président.




Six pays (Allemagne, Espagne, France, Pays-Bas, Portugal, Royaume-Uni) avaient donné à Nicolas Maduro huit jours pour convoquer une nouvelle élection présidentielle, faute de quoi ils reconnaîtraient son opposant Juan Guaido comme président.




A la place, le président vénézuélien, réapparu en public samedi pour la première fois depuis six mois, a lancé l’idée d’élections législatives anticipées, pour remplacer un Parlement où l’opposition est majoritaire.




Des dizaines de milliers de manifestants sont descendus samedi dans les rues de Caracas, les uns pour exiger le départ de Nicolas Maduro, les autres pour célébrer le 20e anniversaire de la révolution bolivarienne et réaffirmer leur soutien au dirigeant socialiste.




Autoproclamé «président», Juan Guaido a affirmé que le mois de février serait «déterminant» pour chasser du pouvoir Nicolas Maduro.




Des deux côtés, les photos prises par l’AFP montraient des rues et des avenues noires de monde. Aucun chiffre fiable ne circule après les manifestations au Venezuela.




Depuis une estrade devant la représentation de l’Union européenne à Caracas, le chef de l’opposition a annoncé l’arrivée dans les prochains jours d’une aide humanitaire destinée au pays à la frontière colombienne, au Brésil et sur une «île des Caraïbes», en demandant à l’armée de la laisser entrer.




«Nous allons continuer dans la rue jusqu’à ce que nous soyons libres, jusqu’à la fin de l’usurpation», a déclaré, la voix enrouée, Juan Guaido, 35 ans, en costume sombre et chemise blanche. «Oui, c’est possible!», lui répondait la foule.




Anticipant un mois de février «qui doit être déterminant», il a appelé ses partisans à ne pas relâcher la pression, lors d’une nouvelle manifestation le 12 février, Jour de la jeunesse au Venezuela. Une autre mobilisation, liée à la distribution de l’aide humanitaire, est prévue dans les prochains jours, a-t-il lancé, sans plus de précision.




«Liberté!»


Sur son compte Twitter, le président colombien Ivan Duque a annoncé l’ouverture dans son pays de trois centres de collecte d’aide humanitaire, dont des médicaments et des aliments, pour le Venezuela.




«Nous n’avons pas été et ne serons pas un pays de mendiants», a rétorqué Nicolas Maduro. En revanche, «il y a en a certains qui se sentent mendiants de l’impérialisme et vendent leur patrie pour 20 millions de dollars», a-t-il poursuivi en référence au montant de l’aide humanitaire promise par les États-Unis à Juan Guaido, mais qui ne peut pas être acheminée sans l’accord des autorités et de l’armée.




Depuis le début des mobilisations le 21 janvier, une quarantaine de personnes ont été tuées et plus de 850 arrêtées, selon l’ONU.




«Liberté! Liberté! Liberté!», scandaient les manifestants en tapant sur des casseroles ou en actionnant des cornes de brume, tandis que d’autres portaient des pancartes avec le visage du président Maduro barré.




«Écoutez, la garde (bolivarienne), écoutez, le Sebin (services de renseignement), ça va tomber, comme le mur de Berlin», pouvait-on lire par ailleurs.




Le rassemblement de l’opposition s’est dispersé sans incident majeur signalé.




A une dizaine de kilomètres de là, dans le centre de Caracas, Nicolas Maduro est réapparu en public pour la première fois depuis six mois.




Il a pris la parole devant un parterre de supporters réunis sur l’avenue Bolivar, où, six mois auparavant, des drones chargés d’explosifs avaient explosé près de la tribune où il se trouvait.




Il s’est déclaré favorable à la tenue d’élections législatives anticipées dans le courant de l’année, alors que le Parlement est justement la seule institution contrôlée par l’opposition.




Le mandat actuel des députés, élus fin 2015, court de janvier 2016 à janvier 2021. Et les prochaines législatives doivent normalement avoir lieu fin 2020.




Pour faire face à ce qu’il a qualifié de «plan macabre» des États-Unis, il a aussi annoncé une augmentation du nombre de soldats, en appelant les miliciens, un corps composé de civils, à rejoindre l’armée.




«Position interventionniste»


Evoquant l’ultimatum lancé par les Européens, la chaîne de télévision vénézuélienne teleSUR déplorait sur son site internet samedi «la position interventionniste adoptée tant par le Premier ministre espagnol, Pedro Sanchez, que par l’Union européenne».




Nicolas Maduro n’est pas reconnu par une partie de la communauté internationale, et l’opposant Juan Guaido, est soutenu par les Etats-Unis, la plupart des Etats latino-américains et certains pays européens.




Jeudi, le Parlement européen a reconnu l’autorité de M. Guaido et a appelé l’ensemble des pays de l’Union européenne de faire de même.




Un premier ambassadeur vénézuélien a rallié M. Guaido. En poste en Irak, Jonathan Velasco a déclaré dans un message vidéo que l’Assemblée nationale était «le seul pouvoir légitime».




Soutenu par la Russie, la Chine, la Corée du Nord, la Turquie ou encore Cuba, M. Maduro, 56 ans, rejette l’ultimatum européen et accuse les États-Unis d’orchestrer un coup d’État.




Dans une main tendue à la Chine, Juan Guaido a assuré samedi dans le South China Morning Post qu’il honorerait, une fois au pouvoir, les accords conclus entre Pékin et son pays et qu’il souhaitait entamer «dès que possible» le dialogue avec la Chine.




État pétrolier, autrefois pays le plus riche d’Amérique latine, le Venezuela a sombré économiquement. Ses habitants souffrent de graves pénuries de nourriture et de médicaments, ainsi que d’une inflation galopante (10 000 000% en 2019, selon le FMI). Depuis 2015, quelque 2,3 millions de Vénézuéliens ont quitté le pays, pour une population de 31 millions d’habitants.