Trump évoque une possible intervention militaire au Venezuela, «de la folie» selon Caracas

Les États-Unis cherchent un endroit où faire la démonstration de leur puissance politique et militaire

Donald Trump a évoqué une éventuelle option militaire au Venezuela, où le président Nicolas Maduro, vilipendé par les pays occidentaux et plusieurs Etats latino-américains, avait promis de répondre «les armes à la main» à une agression américaine.
«Nous avons de nombreuses options pour le Venezuela, y compris une possible option militaire si nécessaire», a lancé le 11 août le président américain, lors d'un échange avec des journalistes dans son golf de Bedminster, dans le New Jersey, où il est actuellement en vacances.

Appelé à donner des précisions sur cette annonce, qui intervient dans une période d'extrême tension avec la Corée du Nord, le chef d'Etat est resté évasif. «Nous avons des troupes dans le monde entier qui sont parfois très loin. Le Venezuela n'est pas très éloigné et les gens souffrent et les gens meurent», a-t-il simplement ajouté, entouré du secrétaire d'Etat Rex Tillerson et de l'ambassadrice américaine à l'ONU Nikki Haley.
Interrogé sur cette déclaration, le Pentagone s'est borné à faire savoir, par la voix de son porte-parole Eric Pahon, qu'il n'avait «à ce stade» reçu aucune consigne sur ce dossier.
Caracas dénonce un «acte de folie»
Le ministre vénézuélien de la Défense, Vladimir Padrino, a qualifié d'«acte de folie» cette déclaration du président Donald Trump.
Nous serons tous au premier rang pour défendre les intérêts et la souveraineté de notre Venezuela bien-aimé
«[En cas d'agression] nous serons tous au premier rang pour défendre les intérêts et la souveraineté de notre Venezuela bien-aimé», a déclaré Vladimir Padrino.
Le ministre des Communications du pays, Ernesto Villegas, a également qualifié la déclaration de Donald Trump de «menace sans précédent pour la souveraineté nationale», dans une interview à la télévision publique.
Washington et Caracas, qui n'ont plus d'ambassadeurs respectifs depuis 2010 mais dont les relations s'étaient quelque peu améliorées à la fin du mandat de Barack Obama, conservent des liens économiques et commerciaux étroits, avant tout dans l'industrie pétrolière.
Début août, les Etats-Unis avaient néanmoins infligé des sanctions au président vénézuélien, qu'ils avaient alors qualifié de «dictateur».
L'adoption de ces sanctions américaines est survenue au lendemain de l'élection de l'Assemblée constituante vénézuélienne voulue par le président chaviste, un scrutin marqué par des violences qui ont fait dix morts. Rejetée par l'opposition et nombre de pays occidentaux, cette assemblée a confirmé à l'unanimité Nicolas Maduro dans ses fonctions de «président constitutionnel de la république bolivarienne du Venezuela».
Il est extrêmement rare que le gouvernement américain prenne des sanctions contre un chef d'Etat étranger en exercice. Nicolas Maduro est seulement le quatrième à être ainsi sanctionné par Washington, rejoignant un groupe composé du président syrien Bachar el-Assad, du dirigeant nord-coréen Kim Jong-un et du président zimbabwéen Robert Mugabe.
La Maison Blanche refuse le dialogue avec Maduro
Une nouvelle série de sanctions américaines a par ailleurs été adoptée cette semaine à l'encontre de huit responsables vénézuéliens impliqués dans la mise en place de l'Assemblée constituante, jugée «illégitime» par Washington.
«Ce régime est inacceptable et les Etats-Unis se tiendront au côté de l'opposition [qui se bat] contre la tyrannie jusqu'à ce que le Venezuela restaure une démocratie prospère et pacifique», a lancé à cette occasion le secrétaire américain au Trésor Steven Mnuchin.
De son côté, Nicolas Maduro a dit souhaiter «un dialogue» avec son homologue américain. «S'il est autant intéressé par le Venezuela, je suis là, je suis le chef de ce qui l'intéresse», a-t-il affirmé lors d'un discours le 10 août devant l'Assemblée constituante.
Nicolas Maduro souhaite que cette discussion ait lieu par téléphone ou qu'elle se tienne à New York, à l'occasion de l'assemblée générale des Nations unies à la mi-septembre.
La Maison Blanche a révélé que Nicolas Maduro avait effectivement sollicité une conversation avec Donald Trump le 11 août, mais a implicitement fait savoir que sa demande n'avait pas été acceptée. «Les Etats-Unis se tiennent aux côtés du peuple du Venezuela face à la répression permanente exercée par le régime de [Nicolas] Maduro. Le président Trump parlera volontiers avec le dirigeant du Venezuela dès que la démocratie sera restaurée dans ce pays», a déclaré la Maison Blanche dans un communiqué.
ALors qu'il prétend vouloir entretenir des relations «normales» avec les Etats-Unis, Nicolas Maduro a averti le 10 août Donald Trump que son pays répondrait «les armes à la main» à une éventuelle agression et «ne se rendra[it] jamais».
Les manifestations contre Nicolas Maduro ont fait plus de 125 morts depuis début avril dans un contexte de grave crise économique et institutionnelle.


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