« Pour une Europe de nations souveraines, débruxellisons l’Union européenne ! »

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La droite française doit reprendre le flambeau gaulliste de la souveraineté nationale

Selon Julien Aubert et treize parlementaires d’« Oser la France », l’Union européenne est en train d’agoniser de ses contradictions. Face à ce constat, ils affirment l’importance pour Les Républicains d’opter pour une politique de souveraineté nationale.





« Oser la France » est un laboratoire d’idées lancé en novembre 2017 par le député LR Julien Aubert et rassemblant plusieurs parlementaires et élus gaullistes, souverainistes, patriotes et républicains.





Les Républicains partagent très largement le diagnostic sur la crise de l’Union européenne : l’Europe, construite dans l’ambiguïté d’un fédéralisme que Philippe Séguin avait prophétisé en 1992, est en train d’agoniser de ses contradictions. Faite pour organiser la convergence, la zone euro a creusé le ressenti entre débiteurs et créditeurs. La libre circulation au sein de l’espace Schengen a, sur fond de crise migratoire, fait exploser la solidarité européenne et provoqué le Brexit et la poussée des mouvements contestataires. Emmanuel Macron, au logiciel daté des années 70, s’est isolé avec un discours grandiloquent déconnecté de la réalité. Face à cela, plusieurs attitudes sont possibles. La première pourrait s’appeler « option du guépard », à l’instar du film éponyme : « Tout changer pour que rien ne change ». Elle consiste, après la phase d’un diagnostic plus ou moins sombre qui permet d’exorciser de manière cathartique les remords d’une Droite qui s’est souvent trompée, de continuer à proposer exactement les mêmes solutions politiques que d’habitude. S’ensuit donc une liste impressionnante de souhaits tous plus ambitieux les uns que les autres : « plus d’harmonisation fiscale, pour un nouveau fonds d’intervention, pour une augmentation du budget, pour des ressources propres, pour une nouvelle étape de la construction européenne, pour une Europe de la Défense, de l’Énergie etc. »



Avant de clamer qu’il faut une Europe de ceci ou de cela, il faudrait déjà qu’il y ait une Europe tout court.


Cette fuite en avant est un faux-semblant. Elle ne veut pas voir que le projet européen est encalminé et risque d’emporter les Nations qui composent l’Europe dans sa chute. Avant de clamer qu’il faut une Europe de ceci ou de cela, il faudrait déjà qu’il y ait une Europe tout court capable de correctement gérer les politiques qu’on lui a confiées par le passé. Lorsqu’on voit que malgré la PAC, la France a régressé dans son potentiel agricole, et qu’elle est en passe de devenir importatrice nette dans quelques décennies, il y a lieu de s’inquiéter. En réalité, refuser de tirer les conséquences lucides des erreurs du passé est un mauvais service à rendre à l’Union européenne. Tout occupés à se projeter, ne perdons pas de vue la base de départ. 

L’Europe est le petit problème : le grand problème est la France, qui a perdu tous ses leviers d’action - monétaire, budgétaire, agricole, industriel - qu’elle a sacrifiée pour bâtir une Europe censée démultiplier son influence. Problème : un multiple de zéro reste un zéro. L’option alternative est de croire en la France, en brisant d’entrée un axiome qui s’est insidieusement imposé, comme quoi « la France est trop petite pour survivre seule ».



Sans nier que l’Union est un acteur indispensable pour peser, à condition qu’elle fonctionne, il faut arrêter avec le discours capitulard expliquant qu’on ne croit qu’aux grands ensembles continentaux pour exister dans la mondialisation. La grandeur de la France est un objectif.



Où est l’indépendance aujourd’hui ? Nulle part.


Son indépendance en est la conséquence La puissance en est la clé. Or, où est l’indépendance aujourd’hui ? Nulle part. Nous sommes devenus une colonie numérique américaine, librement vassalisée par les GAFAM. Nos voisins n’ont pas la même sensibilité que nous à ce sujet, ayant accepté depuis plusieurs décennies, le parapluie américain en matière de Défense. Nous sommes devenus une puissance désindustrialisée et donc vulnérable, au nom de la constitution du marché unique et de la nécessité de bâtir des géants européens. Nos fleurons ont été démantelés, avec la complicité naïve de gouvernements décidés à sortir du colbertisme : liquider en 20 ans, 200 ans d’acquis, un record. Nous sommes devenus un pays incapable de maîtriser ses frontières et le flux migratoire, provoquant ainsi le blocage du jeu démocratique par peur de cautionner les solutions du Front National. Nous sommes devenus un pays incapable de mettre ses comptes à l’équilibre, qui a délégué à Francfort le soin de battre monnaie et à Bruxelles les clés du Trésor. Face à cela, sauf à vouloir provoquer un accident démocratique majeur, il convient de récupérer les instruments qui permettent au politique de justifier son existence en permettant l’alternative du choix démocratique. Alors que le débat sur l’Europe s’ouvre aux Républicains, nous proposons que notre ligne emprunte 8 points de passage obligés pour tracer en pointillé un nouveau cap :



Premièrement, s’affranchir du piège tendu par le Frexit mais afficher clairement le refus d’une Europe fédérale comme objectif de la construction actuelle, ce qui signifie mettre fin aux transferts de souveraineté et à la marche forcée vers l’harmonisation ;



Deuxièmement, limiter l’Union européenne à la civilisation européenne, ce qui revient à fermer la porte à la Turquie mais ouvrir des négociations avec la Russie, et donc s’émanciper de la politique étrangère américaine ;



Il faut construire des coopérations

avec quelques États en « débruxellisant » l’UE.


Troisièmement, remettre les parlements nationaux au cœur de la mécanique institutionnelle en supprimant au passage le rôle politique de la Commission ;



Quatrièmement, construire des coopérations avec quelques États en « débruxellisant » l’UE, sur des sujets immédiats comme la construction d’un Amazon ou un Google Européen, capable de nous protéger des fausses informations et des espionnages divers et variés ;



Cinquièmement, instaurer dans la constitution la primauté de la loi française sur le droit européen dérivé, lorsque cette dernière est postérieure, afin de permettre à un Parlement de suspendre par une loi de souveraineté l’application d’un texte qui porte atteinte à nos intérêts. Ce n’est qu’ainsi qu’on mettra fin à l’illusion d’une construction fédérale : imagine-t-on les résolutions de l’assemblée générale des Nations Unies l’emporter sur la loi ? ;



Sixièmement, remettre la notion de service public au cœur de la logique européenne en mettant fin à la politique de libre concurrence sans limite et en protégeant nos derniers fleurons français sous monopole ;



Septièmement, s’engager à voter contre toute nouvelle libéralisation commerciale, qu’il s’agisse du Mercosur ou du CETA ;



Huitièmement, assouplir les critères de Maastricht en excluant les investissements d’avenir (santé, éducation) ou les dépenses que la France endosse en matière de sécurité extérieure (Opex, nucléaire) pour le plus grand bénéfice de nos voisins. L’heure est venue non seulement de changer de discours mais aussi de mettre en place les mesures susceptibles de permettre une réorientation de l’Union. A défaut, le débat se cantonnera à ceux qui affichent clairement leur fédéralisme et ceux qui n’en veulent pas mais qui le construisent quand même. Or, les jusqu’au-boutistes prennent le sujet par le mauvais bout.



Il faut oser une autre Europe, une Europe de Nations souveraines, une Europe qui n’est pas l’avenir de la France, ni même sa substitution, mais un complément utile pour sa grandeur et son destin.









Tribune écrite par Julien Aubert, député de Vaucluse, président d’Oser la France. 

Cosignée par : 



 Thibault Bazin, député de Meurthe-et-Moselle, vice-président d’Oser la France 



 Valérie Beauvais, députée de la Marne et vice-présidente d’Oser la France 



 Jean-François Parigi, député de Seine-et-Marne et vice-président d’Oser la France 



 Bérengère Poletti, députée des Ardennes et vice-présidente d’Oser la France 



 Patrice Verchère, député du Rhône et vice-président d’Oser la France 



 Stéphane Viry, député des Vosges et vice-président d’Oser la France 



 René Danesi, sénateur du Haut-Rhin 



 Alain Dufaut, sénateur de Vaucluse 



 Bernard Fournier, sénateur de la Loire 



 Olivier Paccaud, sénateur de l’Oise -Philippe Pemezec, sénateur des Hauts-de-Seine 



 René-Paul Savary, sénateur de la Marne 



 Jean-Philippe Mallé, ancien député PS et vice-président d’Oser la France 



 Bernard Carayon, maire LR de Lavaur et conseiller régional d’Occitanie, vice-président d’Oser la France 



 Stéphane de Sallier Dupin, conseiller régional de Bretagne 



 Stéphane Sauvageon, conseiller régional de Provence-Alpes-Côte D’Azur 



 Thierry Horry, conseiller régional du Grand Est et maire de Marly 



 Olivier Arsac, adjoint au maire de Toulouse en charge de la sécurité et conseiller métropolitain de Toulouse Métropole 



 Gurval Guiguen, conseiller municipal et métropolitain de Rennes 



 Jean-Claude Castel, conseiller départemental des Alpes-de-Haute-Provence et maire de Corbières 



 Alexandre Rassaërt, maire LR de Gisors et conseiller départemental de l’Eure 



 Pierre Laget, adjoint au maire des 11ème & 12ème arrondissements de Marseille chargé des Finances 



 Jean-Louis Ghiglione, adjoint au maire de Chatenay-Malabry 



 Nicolas Leblanc, adjoint au maire de Maubeuge 



 Jérôme Besnard, conseiller municipal de Mont-Saint-Aignan.

Julien Aubert