Ottawa souhaite agir d'ici un an pour interdire les armes d'assaut

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Les Québécois devraient être les premiers inquiets : comment pourrons-nous défendre la nation en cas de crise majeure avec Ottawa ?


Radio-Canada a appris que le gouvernement Trudeau a pour objectif d'interdire les armes d'assaut de type militaire au cours de la prochaine année, idéalement avant l'été prochain. Les partisans d'une réforme sur les armes surveillent avec attention la mise en oeuvre de cette promesse phare des libéraux.




Selon nos informations, le gouvernement voudrait s'assurer que le programme de rachat de ces armes pour indemniser les propriétaires, comme promis en campagne, soit prêt et fonctionnel quand l'interdiction va s'appliquer.


Les libéraux veulent aussi prendre le temps de consulter des experts.


Certaines organisations, comme PolySeSouvient, réclamaient des actions plus expéditives. Le groupe a écrit au ministre responsable, Bill Blair, la semaine dernière pour demander un moratoire immédiat sur la vente d'armes d'assaut.



Nous allons commencer ce travail important le plus rapidement possible, déclarait M. Blair au lendemain de son assermentation le 21 novembre.


Lors de la dernière campagne électorale, le parti de Justin Trudeau a promis d'interdire les armes d'assaut de type militaire et de mettre sur pied un programme de rachat pour les propriétaires qui les ont acquises légalement.


Il s'est aussi engagé à permettre aux villes qui le souhaitent, comme Montréal, de bannir les armes de poing sur leur territoire.


Valérie Plante aimerait que ces changements soient entérinés rapidement au Parlement canadien. Moi, j'aimerais ça cet hiver, honnêtement. Ils commencent à siéger maintenant et ça a fait partie de la campagne électorale, a indiqué Mme Plante en entrevue ces derniers jours.



C’est le 30e anniversaire de la tuerie antiféministe de Polytechnique, donc je pense que ce serait un bon sujet à amener rapidement.


Valérie Plante, mairesse de Montréal


La mairesse de Montréal demande aussi que les réformes soient accompagnées de moyens financiers pour aider les villes à faire respecter les interdictions. La dernière chose que je veux, c'est de créer un faux sentiment de sécurité, a ajouté Mme Plante.


Boufeldja Benabdallah.

Le président du Centre culturel islamique de Québec, Boufeldja Benabdallah


Photo : Radio-Canada / Carl Boivin




Plus tôt cette semaine, Boufeldja Benabdallah, président du Centre culturel islamique de Québec, disait espérer des actions rapides. « Ils ont fait des promesses, on souhaite qu'ils ne traînent pas. C'est tout », a-t-il déclaré.



Maintenant, le compteur tourne. On n’a pas à attendre plus longtemps que ça.


Boufeldja Benabdallah, président du Centre culturel islamique de Québec


M. Benabdallah aimerait voir un geste concret posé avant le 29 janvier, date du triste anniversaire de l'attaque contre la mosquée de Québec.



Selon lui, d'autres pays ont montré qu'il est possible de bouger promptement. Regardez à Christchurch en Nouvelle-Zélande, ils ont pris position tout de suite. On ne zigonne pas avec la puck, a-t-il fait remarquer.


M. Benabdallah rappelle que le bilan de la tuerie à la grande mosquée de Québec aurait pu être encore plus lourd si l'arme semi-automatique qu'Alexandre Bissonnette transportait avait fonctionné. Il aurait pu faire un massacre si l’arme ne s’était pas enrayée, fait-il valoir.


La tuerie à la grande mosquée de Québec a fait six victimes en janvier 2017.


Des partis prêts à bouger


Selon la porte-parole du Bloc québécois en matière de condition féminine, Andréanne Larouche, certains partis d'opposition sont ouverts à collaborer avec le gouvernement libéral sur le contrôle des armes à feu.



Il y a déjà eu des discussions au niveau du Bloc, du NPD et des verts. Je pense qu'il y a une belle possibilité de faire avancer ce dossier.


Andréanne Larouche, porte-parole du Bloc québécois en matière de condition féminine


Le Bloc québécois se dit prêt à appuyer l'interdiction des armes d'assaut, mais laisse entendre qu'il aimerait aller plus loin en ce qui concerne les armes de poing. On a trouvé intéressante la proposition du groupe PolySeSouvient d'arrêter d'en importer et d'en produire pour limiter le nombre d'armes [de poing] en circulation, explique Mme Larouche.


Andréanne Larouche aimerait aussi que les règles d'octroi de permis et d'acquisitions d'armes à feu soient plus strictes et que les vérifications d'antécédents et de l'état de la santé mentale des acheteurs soient plus robustes.


En campagne, les libéraux ont promis diverses mesures pour lutter contre la violence liée aux armes à feu : renforcer les lois relatives à l’entreposage sécuritaire des armes à feu, suspendre temporairement les permis des gens soupçonnés de constituer un danger pour eux-mêmes ou pour autrui, mettre sur pied un système de signalement d'achats massifs d'armes et infliger des sanctions plus sévères aux gens qui tentent d'introduire des armes à feu au Canada, notamment.


Le gouvernement Trudeau rappelle que ces changements seront accompagnés d'un investissement de 50 millions de dollars par an dans des programmes de prévention pour appuyer les communautés à risque et maintenir les jeunes vulnérables hors du système de justice pénale.




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