Laïcité et survie du Québec français

Tribune libre

Ce mot de Rousseau du Contrat, livre premier, chapitre septième, a fait couler beaucoup d’encre, notamment chez Rawls, dans « libéralisme politique ». Or, loin de justifier la « Terreur », ce concept bien compris énonce la pertinence même de la laïcité, conçue comme neutralité idéologique et religieuse de l’État et de ses institutions. Car, du moment où on conçoit le peuple organisé comme « démos », au moyen du suffrage universel du peuple souverain, ou « laos », alors force est de constater que la liberté, entendue en termes de délibération électorale, est l’unique pivot politique permettant à la démocratie d’émerger des divers systèmes de gouvernement. De sorte que, la laïcité est la condition de possibilité de toute démocratie, comme le suffrage universel en est la cause, puisque la délibération ne doit pas être contrainte, surtout par l’État, dont l’existence se justifie et se préserve par le monopole légitime de la violence, autrement dit, par la capacité effective de contrainte (armée, police, juges). C’est pourquoi, en démocratie, il est interdit à l’État d’influencer, idéologiquement ou religieusement, le procès électoral, sous peine de vider la liberté et la démocratie de leur sens, comme le multiculturalisme s’y emploie.

Ainsi, la sentence « forcer à être libre », en démocratie, devra se saisir comme le devoir de neutralité idéologique, politique ou religieuse des organismes publics et parapublics de l’État, neutralité qui contraindra le citoyen à s’auto-déterminer électoralement, peu importe les moments du processus démocratique de délibération.

D’autre part, il serait révoltant, en démocratie, de contraindre les citoyens à subventionner, par leurs taxes et impôts, quelqu’idéologie ou religion que ce soit, qu’ils n’ont pas choisies. De sorte qu’il est du devoir du gouvernement d’imposer à TOUS ses employés la plus stricte neutralité, même en matière vestimentaire. Car, il sera beau le jour où le gouvernement du Québec devra employer la clause « nonobstant » pour protéger la liberté de choix de ses citoyens, face aux délires d’une Cour suprême, dévoyée par le venin multiculturaliste…

En dernière analyse, la laïcité est l’ultime rempart du Québec français face au multiculturalisme « canadian ». Car, si la neutralité de l’État est à l’ordre du jour, alors l’unité linguistique retrouve son caractère péremptoire comme ultime catalyseur de l’unité politique, puisque religion et idéologies auront été reléguées à la simple société civile. Or, au Québec, cette langue est le français. C’est pourquoi, défendre la laïcité revient, au bout du compte, à défendre l’identité nationale québécoise.

Néanmoins, il est à craindre que les intérêts de caste de la classe politique québécoise, en cheville avec le religieux, pour les écoles de ses enfants, ou avec le multiculturalisme idéologique, LGBT, syndical, patronal et autres, pour ses élections, ne se contente que d’épater la galerie par un nuage d’encre, journalistique, aussi faux que néfaste à la survie du Québec français...

Me. Alain Rioux
M.A. philosophie


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2 commentaires

  • François A. Lachapelle Répondre

    19 février 2017

    L'acharnement des fédéralistes québécois en poste à Québec et à Ottawa incluant le porte-voix accompli par mandat par Radio-Canada, télé-radio et la toile, démontre, dans le dossier très politique de la laïcité de l'État du Québec, à quel point cette laïcité ébranle les colonnes du temple kanédiune.
    Je vous cite: « En dernière analyse, la laïcité est l’ultime rempart du Québec français face au multiculturalisme « canadian ». Le Québec et le Canada (ROC) se trouvent en situation d'urgence: le Québec de s'éteindre et le Canada de dominer.
    Tout se tient ou s'effondre. Le régime politique actuel au Québec et au Canada hérité de l'orgueilleux Empire britannique foule au pied chaque jour le peuple que le Régime a réussi à asservir au seul vecteur économique: la création d'emploi est la clé de la victoire pour tout parti politique à Québec et à Ottawa.
    Les exemples pullulent et je pense ici à l'instrumentalisation politique de la Cour suprême pour défaire morceau par morceau la loi 101 du Dr Camille Laurin, pour brimer les droits des partenaires de la Confédération de 1867 tel que soulevé dans le livre de Frédéric Bastien, LA BATAILLE DE LONDRES, Boréal 2013, par l'arrêt de 1981(?) de la même Cour Suprême quant au délestage de l'égalité entre les partenaires de 1867 qui équivalait à un droit de véto de chaque membre dont le Québec pour transformer ce droit de véto en un droit de la majorité des membres, etc.
    Vous avez raison d'écrire, je cite: « Car, il sera beau le jour où le gouvernement du Québec devra employer la clause « nonobstant » pour protéger la liberté de choix de ses citoyens, face aux délires d’une Cour suprême, dévoyée par le venin multiculturaliste…» Cette clause nonobstant fait partie du coffre d'outil; pourquoi répugner à s'en servir ?
    Quand le peuple se rendra-t-il compte qu'il doit reprendre ses droits démocratiques et mettre fin à l'oligarchie en place ? Mettre fin aux politiciens de carrière, limiter leur mandat à un mandat: le peuple serait mieux servi qu'actuellement.

  • Alain Rioux Répondre

    18 février 2017

    En annexe, l'article original, en dépit de coquilles de sa publication...