Général Cot - La Grande Peur parcourait les provinces. La prise de la Bastille ne fit qu'aviver le désir d'en finir avec les "droits féodaux". Il fallait mettre un terme au pillage des châteaux.
La noblesse prit l'initiative. Deux des siens, le vicomte de Noailles et le duc d'Aiguillon proposèrent qu'elle renonce à ses privilèges. En pareille situation le bon sens était de jeter du lest, pour sauver le principal.
Ainsi s'ouvrit à l'Assemblée la nuit du 4 août 1789.
Madame et messieurs les ultra-riches, Arnault, Bettencourt, Wertheimer, Pinault, Dassault, Decaux, Bouygues, Mérieux, et tous les autres qui figurez au classement des grandes fortunes françaises.
Messieurs les hyper-riches, la classe en-dessous, vous les PDG qui avez nourri la chronique ces dernières années, et dont la moyenne annuelle des revenus était de 4,7 millions d'euros en 2009, 300 années de SMIC ! Chers concitoyens très très très riches, écoutez-moi ! Vos émoluments, vos actions et obligations, vos stock-options, etc-etc, vous permettent de posséder des châteaux, des chasses, des yachts, des jets, des œuvres d'art. Vous avez en outre l'intelligence de vous entourer d'escouades d'avocats fiscalistes qui minimisent vos impôts en utilisant au mieux les dizaines de "niches fiscales" qui ont été créées pour vous. Certains d'entre vous échappent ainsi à tout impôt, d'autres, malgré ces facilités s'exilent sous des cieux fiscalement plus cléments, d'autres enfin mettent très illégalement leur argent au paradis.
J'ose vous mettre en garde. Attention : le mur de l'argent derrière lequel vous vivez vous rend sourds et aveugles au monde qui vous entoure et vous vous croyez invulnérables.
Vous avez acheté la plupart des journaux, des radios et des télévisions privées. Vous croyez donc ne pas avoir à craindre la colère du peuple puisque vous vous êtes donné le pouvoir de "façonner" l'opinion, et même de conditionner les esprits, comme l'a dit le bon monsieur Lelay, ex-PDG de TF1.
Je vous rappelle cependant que le peuple fut assez souvent imprévisible dans notre histoire. Je crains qu'il ne supporte encore longtemps l'écart, qui va croissant, entre l'opulence que vous affichez et la misère des plus pauvres. Chers concitoyens très très très riches, craignez la révolte du peuple ; pire encore, craignez la révolution.
Comprenez que, pour les humbles, trop c'est trop. Certes vous ne serez pas conduits en charrette place de Grève mais vos châteaux et vos yachts pourraient brûler et tous vos avoirs être confisqués.
Alors, comme le vicomte de Noailles et le duc d'Aiguillon, ramenez vos fortunes à des niveaux moins indécents, réduisez l'écart abyssal entre les plus riches et les plus pauvres.
Non pas de 4 à 1, comme le souhaitait le grand Platon ; non pas de 20 à 1, comme le fit J.P Morgan dans ses banques américaines, au début du 20° siècle ; non pas même de 40 à 1 comme l'imposa Henri Ford dans ses usines, entre les deux guerres.
… Disons de 50 à 1 au lieu de 500 à 1 aujourd'hui. Ce qui veut dire que, par rapport à la vieille dame qui vit avec moins de 1 000 euros par mois, vous ne disposeriez plus que 50 000 euros par mois. Cela sera certes difficile pour vous mais il y va sans doute de votre survie.
Ce sacrifice vous conduira à exiger l'abolition du "bouclier fiscal" par lequel 50% des plus riches reçoivent 95% de "trop perçu" ; l'abolition des récentes facilités créées pour vous concernant les donations familiales, ainsi que des réductions substantielles d'impôts sur les gros héritages ; l'abolition enfin de toutes les niches fiscales dont vous bénéficiez.
En un mot, comme au soir du 4 août 1789, vous allez demander vous-mêmes l'abolition de tous vos privilèges ! Vous ne le ferez pas mus par une éthique citoyenne, non, vous le ferez en considération de votre seul intérêt bien compris.
Rendre beaucoup pour conserver encore beaucoup, n'est-ce point préférable à prendre le risque de perdre tout ? Chers concitoyens très très très riches, comme je voudrais que mes arguments vous donnent à réfléchir ! Vous ne prendrez pas cette décision dès ce 4 août 2010 mais le 4 août 2011, au début de la campagne présidentielle. Vous apporterez ainsi un soutien apprécié au pouvoir en place, qui a tant fait pour vous. Vous prendrez en même temps de court l'opposition qui n'aurait jamais osé exiger de vous le dixième de ce que vous allez rendre. Quel beau coup !
Général Cot
La nuit du 4 août
J'ose vous mettre en garde. Attention : le mur de l'argent derrière lequel vous vivez vous rend sourds et aveugles au monde qui vous entoure et vous vous croyez invulnérables.
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