Coup de la Brink's

La honte

Toute la semaine, j’ai donc scruté les journaux et épié les bulletins de nouvelles, à l’affût d’une réaction du Parti libéral du Canada, ou d’un proche de Trudeau de l’époque, ou encore du journal The Gazette, si durement apostrophé. Et puis, rien. Le mutisme absolu.

PLC, PET, The Gazette, mutisme! Coupables par déduction...

Giliane Chainey - Le 29 avril dernier, c'était le 40e anniversaire de la première élection de Robert Bourassa, en 1970. Ce jour-là à l'Assemblée nationale, un hommage à l'ancien premier ministre vira à la foire d'empoigne entre Jean Charest et Pauline Marois. Le même jour, [Le Devoir publiait un texte de la Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal->27427] relayant les révélations du photographe Tedd Church, seul témoin du «coup de la Brink's», à la revue L'Action nationale voulant qu'à l'époque, il y eût connivence entre The Gazette et le gouvernement Trudeau dans les manigances de ce que la SSJBM appelle à juste titre «cette vaste manipulation des médias et de l'électorat québécois». Trois jours avant le vote, cette fausse fuite des capitaux, ce défilé de fourgons blindés qui valut la victoire à Bourassa sur le PQ de René Lévesque était donc l'œuvre de Trudeau. Encore lui. La lecture de cette histoire m'a donné la nausée. Les commentaires virulents des lecteurs sur le site du Devoir m'ont conforté dans ma réaction première: tout cela était proprement scandaleux. Devant pareil mépris, Félix Leclerc pouvait bien avoir composé L'Alouette en colère.
«Audi alteram partem», me suis-je alors dit en paraphrasant Bernard Landry. «Écoute l'autre partie» qui, dans les jours suivants, ne manquerait pas de se défendre d'aussi graves accusations de violation de notre démocratie. Toute la semaine, j'ai donc scruté les journaux et épié les bulletins de nouvelles, à l'affût d'une réaction du Parti libéral du Canada, ou d'un proche de Trudeau de l'époque, ou encore du journal The Gazette, si durement apostrophé. Et puis, rien. Le mutisme absolu. Pour moi, ce silence n'est autre qu'une vieille stratégie de communication: faire le dos rond, attirer l'attention le moins possible et attendre que l'affaire se dissipe tranquillement. Tout éprouvée qu'elle soit, cette façon de s'esquiver n'est rien de moins qu'un aveu de culpabilité. Rien d'autre que l'embarras des larrons coincés devant l'irréfutable. Ni plus ni moins que le désarroi quant à l'impossibilité de contredire le témoignage incriminant. Devant le peuple tout entier et devant l'histoire, ce silence, c'est la honte.
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Giliane Chainey - Brossard - le 4 mai 2010


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