La démocratie existe-elle encore au Québec ? Selon ce que nous constatons, cette démocratie devient pour Jean Charest, ce mercenaire de la politique, un exercice conditionné à la recherche d’intérêts privés et de formalités bureaucratiques depuis la prise du Pouvoir par son PLQ en 2003. En effet, son régime est basé principalement sur le saccage des ressources économiques, fiscales et culturelles afin de dénationaliser au maximum l’État québécois.
Dans cette perspective la trajectoire de Jean Charest exerçant les trois mandats politiques à la tête du Gouvernement du Québec (2003-2010) ne laisse aucun doute puisque plusieurs lois ou déréglementations d’autres lois ont été approuvées afin de démanteler, affaiblir ou neutraliser des institutions publiques ou parapubliques telles la CDPQ, la division Hydro Québec Pétrole et Gaz, la Bourse de Montréal, les secteurs éolien et minier, etc. ; certaines lois à caractère culturel furent modifiées afin de réduire le poids politique de la majorité anti-fédéraliste, imposant à cet effet une immigration massive de 55 000 nouveaux ressortissants par année au Québec détruisant ainsi des acquis socioculturels ancestraux des Canadiens français, ou encore le projet de loi 103 destiné à contourner la Loi 101, donnant aux pro-fédéralistes les moyens d’éviter les écoles francophones, comme le souhaite l’immense majorité des allophones. Sans oublier la concession de permis d’arme violant la loi, des contrats octroyés dans le secteur de la construction et des concessions pour l’exploitation du « gaz de schiste », entre autres abus de pouvoir.
Par ces actions antidémocratiques, Jean Charest et ses valets auliques prônant un néolibéralisme sauvage, tel celui dicté par le « Club Bilderberg » dont il est un assidu des rencontres biannuelles, se donnent l’objectif de dégraisser l’État à partir de son élection comme chef du PLQ en 1998(1). Ainsi, afin de parvenir à accomplir cette dénationalisation de l’État québécois dans le but d’enlever le maximum de pouvoir sociopolitique, culturel et économique aux Canadiens français, lesquels sont en majorité indépendantistes, ils vont appliquer des politiques contraires aux intérêts de cette même majorité, tel que rapporté dans un résumé du livre écrit par l’économiste néolibéral Jean-Luc Migué : « … le sombre tableau de l’économie québécoise (…) se présente comme une occasion unique pour le Québec de reprendre le temps perdu. Avec l’adoption de politiques appropriées, les pays en retard croissent plus vite que les pays plus avancés et tendent à les rejoindre. Le parti politique qui ‘’libérerait’’ ainsi les Québécois de la tutelle de l’État déclencherait une véritable explosion de dynamisme individuel et de prospérité retrouvée »(2).
Ces exemples de prévarications, de népotisme et d’abus de pouvoir sont la constatation, entre autres, de cette dictature silencieuse implantée au Québec par Jean Charest depuis qu’il est à la tête de l’État en 2003 :
● Faire financer le PLQ par des bénéficiaires d’octrois de permis, de concessions ou de contrats gouvernementaux dans plusieurs secteurs de l’Administration publique.
● Accepter la nomination de juges par recommandation de financiers du PLQ.
● Concéder des droits d’exploitation du sous-sol québécois comme s’il s’agissait d’un régime dictatorial où les prébendes s’effectuent en système oligarchique.
● Appliquer le népotisme dans la nomination des adversaires politiques afin d’attirer leur support à son projet politique de désétatiser l’État.
● S’auto-octroyer une prime « d’assurance » de 75 000 dollars par année pour accomplir le travail sale, comme le font les mercenaires de la politique, pour ne pas être dépourvu de revenus dans le cas où il serait condamné par la Justice.
● Contrôler l’appareil de l’État sans qu’il y ait possibilité, pour les partis de l’opposition, de tenir une enquête publique sur l’ensemble des allégations liées à l’industrie de la construction. Etc.
Tout cela a permis que l’actuel premier ministre du Québec, Jean Charest, depuis son assermentation le 29 avril 2003, puisse contourner la manière de gouverner comme le faisaient démocratiquement ses prédécesseurs premiers ministres en tant que défenseurs des intérêts nationaux du Québec et non comme le prévoyait René Marcel Sauvé :
« Jean Charest va faire notre jeu sans le savoir. Il va poursuivre l'œuvre commune malgré son fédéralisme qui ne peut plus être inconditionnel puisque les provinces anglaises ne l'acceptent plus (…). Appréciez soigneusement le contexte actuel, faites-le froidement, et vous verrez qu'Ottawa est en danger, pas nous. Il l'est davantage parce que tous les ignorants croient que le "grand et beau Canada est sauvé" maintenant que Jean Charest a pris la barre au Québec (…). Charest ne pourra naviguer que dans les chenaux étroits de la politique actuelle, dont on ne trouve nulle description dans les journaux de l'Establishment. »(3)
La dictature silencieuse implantée au Québec par Jean Charest, depuis qu’il contrôle le Pouvoir, fait aussi partie du concept stratégique de la géopolitique telle que le Suédois Rudolf Kjellen (1864-1922), professeur de Sciences Politiques et Histoire, inventeur du néologisme « géopolitique », l’avait définie en ces termes : « Science de l’État comme organisme géographique, tel qu’il se manifeste dans l’espace (…) comme phénomène spatial, c’est-à-dire, la réalité politique de l’État-nation ». En effet, pour Jean Charest, la dénationalisation de l’État-nation du Québec, comme stratégie géopolitique d’anéantissement du triomphe démocratique du pouvoir étatique du Québec, doit passer avant tout par l’imposition des mécanismes totalitaires pour y réussir. En effet, puisque l’étatisme, employé comme concept émancipateur, surgit en raison du dualisme existant entre le pouvoir centraliste d’Ottawa et la défense des intérêts des Canadiens français à partir de la Révolution tranquille. Celle-ci fut possible en renforçant radicalement l’entité nationale du pouvoir politique qui est, par la concaténation de réalités vives dans le cadre historique, la conscience géographique de l’État et le stade initial de cette même géopolitique confrontée.
En définitive, les trois piliers fondamentaux du concept de la géopolitique sont le territoire, l’État et l’identité. Toutefois, pour comprendre la stratégie politique entreprise par Jean Charest et ses complices de dénationaliser les acquits socioéconomiques culturels et politiques constituants la force de la majorité de ces francophones opposés au régime centraliste d’Ottawa, cet État-nation ne doit pas être l’unique mécanisme de représentation géopolitique. Ainsi, ces nouvelles manières d’agir, pour pouvoir concurrencer et rivaliser avec lui, doivent se profiler stratégiquement et s’appliquer. Cette circonstance pose un nouveau problème : si l’État est conçu en tant que fondement historique et de raison d’être, une géopolitique non étatiste est-elle possible ? Par exemple, une géopolitique référée aux mafias et au crime organisé transnational est-elle concevable?
Ce qui se dégage de cette analyse est que le concept géopolitique symbolise la réussite de l’État-nation, puisque celui-ci est le résultat historique d’une structure concrète d’organisation de la collectivité publique. Or, nous ne pouvons pas nous surprendre que cette discipline politique perçoive le monde fondamentalement à travers du prisme étatiste. Les anti-Canadiens français ont compris vers la fin des années soixante ―la prise du pouvoir par le French Power à Ottawa est une des conséquences― que la géopolitique pouvait être une arme multidisciplinaire pour contrer les rivalités de pouvoirs ou d’influence sur des territoires et populations qui sont contre le fédéralisme centralisateur, arbitraire et colonisateur d’Ottawa. Ainsi, les mercenaires politiques pro-fédéralistes au Québec, de concert avec ce pouvoir centralisateur violant la démocratie lors du référendum de 1995, prennent le pouvoir en 2003 au Québec et mettent sur pied une stratégie des rapports de forces entre divers acteurs sur un espace politico-économique bien défini : la destruction de l’État québécois tout puisant et triomphant qui avait conquis la modernité libératrice de cette majorité francophone, puisque depuis les années soixante c’est elle qui a fait de ce nationalisme fondamental et anti-centraliste fédéral l’instrument politique indispensable à sa survie collective.
Pour conclure, la logique de la géopolitique repose inéluctablement sur l'analyse des objectifs visés par les acteurs et leurs moyens mis en œuvre pour y arriver. Les acteurs sont variés : ils peuvent être des États, mais également des mouvements politiques de comportements mafieux, tels ceux du PLQ de Jean Charest ou des groupes oligarchiques plus ou moins clandestins dont ceux qui orbitent autour de ce parti aux attitudes antidémocratiques assumant des consignes dictatoriales.
Jean-Louis Pérez
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1. Cette trajectoire politique de Jean Charest, transfuge passant du PCC au PLQ, confirme la manière dont ce mercenaire de la politique s’y prend pour faire du Québec un État contrôlé par des groupes oligarchiques et mafieux au nom de ce néolibéralisme sauvage donnant au fédéralisme d’Ottawa les moyens de maintenir le Québec comme une pérenne colonie interne : « Il a été vice-premier ministre du Canada du 25 juin 1993 au 3 novembre 1993 puis chef du Parti progressiste-conservateur fédéral de 1993 à 1998. Il s'est notamment fait connaître au Québec comme vice-président du comité du « non » lors du référendum québécois de 1995. Il dirige le Parti libéral du Québec depuis 1998 et occupe la fonction de premier ministre du Québec depuis l'arrivée au pouvoir de son parti à l'élection de 2003 »(4).
2. Extrait du livre « Étatisme et déclin du Québec » de l’économiste néolibéral Jean-Luc Migué (Les Éditions Varia, Montréal, 1999).
3. Passage extrait de l’article de René Marcel Sauvé intitulé « Élections décevantes:
continuons le combat! » (publié à Québec un Pays, mercredi 16 avril 2003).
4. Pour plus d’information sur la trajectoire politique de Jean Charest et la tâche dont ce mercenaire doit accomplir au nom de groupes d’intérêts prédateurs, consulter Lettre ouverte à Monsieur Jean Charest (Premier ministre du Québec)
http://www.vigile.net/Lettre-ouverte-a-Monsieur-Jean,24357
Les gouvernements de Jean Charest (2003-2010)
La Dictature silencieuse
Mécanismes totalitaires dans notre démocratie
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2 commentaires
Jean-Louis Pérez-Martel Répondre
13 septembre 2010Avec le PLQ de Jean Charest l’État est dirigé comme s’il s’agissait d’un régime dictatorial
Autre exemple confirmant cet abus de pouvoir :
« Au moment où le Québec est plongé dans le débat sur l'indépendance des tribunaux à l'égard des décisions politiques, la ministre des Ressources naturelles, Nathalie Normandeau, est intervenue pour que la Régie de l'énergie prenne une décision contraire à la loi. »*
JLP
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*. Pour plus d’information, consulter : Une intervention controversée de la ministre Normandeau
www.cyberpresse.ca/actualites/quebec-canada/politique-quebecoise/201009/12/01-4314906-une-intervention-controversee-de-la-ministre-normandeau.php
Marcel Haché Répondre
11 septembre 2010Charest est perdu. Les militants et ministres du P.L.Q.le savent. Charest le sait sans doute.
Sont prêts, ça oui, vraiment prêts les libéraux, résignés surtout, résignés et prêts à manger leurs bas. Ils les mangent déjà pas mal.
N’importe quoi, en effet : manger ses bas, canoniser un ministre, changer de chef peut-être, tout et n’importe quoi, plutôt que d’enclencher une enquête publique sur la « construction ». Car alors, ils le savent, et ils le craignent comme la peste, un nouvel effet Gomery, de niveau provincial et municipal, pourrait les balayer pour deux générations.
Une occasion en or, immense, s’offre au P.Q. Aux indépendantistes. À l’indépendance…
Il y a un vase sacré, discret mais communicant, dans la « construction »au Québec, une sorte de mini Caisse de Dépôt, qui s’appelle Fonds de Solidarité, et qui pourrait et devrait être questionné. Vaut bien mieux manger ses bas, en effet, descendre dans les sondages, descendre sur les genoux si nécessaire, les deux mains, oui les deux mains en l’air, si obligé, au point de n’être plus du tout représentatif de l’électorat (l’ont-ils jamais été?), et perdre toute légitimité. Ayant déjà perdu toute dignité, les libéraux sont prêts…à tout !
Le P.Q. et Mme Marois font bien de réclamer la démission de Charest, du gouvernement même.
Les plus jeunes générations, qui n’étaient pas nées lors de la Révolution Tranquille, pourraient bien être conviées elles aussi à une autre révolution tranquille, une seconde révolution, plus turbulente et moins silencieuse, celle-là complétant une bonne fois la première.
Un redressement national est nécessaire depuis bien longtemps. Il devient maintenant possible.
Vive l’indépendance