La dette italienne, nouvelle pomme de discorde entre Rome et Bruxelles 

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En cas de nouvelles élections, Salvini pourrait écraser le Mouvement 5 Étoiles


La Commission européenne menace d'imposer une amende de milliards d'euros à l'Italie pour son non-respect des règles budgétaires de l'Union, une décision susceptible de braquer la fragile coalition gouvernementale au pouvoir à Rome.




Selon le commissaire européen aux Affaires économiques, Pierre Moscovici, la dette publique accumulée par la troisième économie de la zone euro est si énorme qu’elle justifie l’ouverture d’une procédure disciplinaire.


« Une procédure de déficit excessif fondée sur la dette est justifiée », a-t-il plaidé mercredi. « Au lieu d'être réduite, la dette publique de l'Italie, qui représente une charge importante pour l'économie, a encore augmenté, passant de 131 % à 132 % du produit intérieur brut (PIB) » en 2018, a-t-il souligné.


Selon la commission, la dette italienne risque de gonfler avec le projet du gouvernement de coalition d’augmenter fortement les dépenses publiques dans son budget de 2020. Elle pourrait atteindre 133,7 % du PIB en 2019, puis 135,7 % en 2020, bien au-delà du seuil de 60 % fixé par les règles européennes.



La Commission souligne en outre que l'Italie est en train de revenir sur ses engagements en matière de réformes structurelles et de réforme des retraites, ce qui « pourrait affecter négativement [son] potentiel de croissance ».


Si la procédure disciplinaire était approuvée par les États membres au cours des deux semaines à venir, la Commission pourrait aller de l’avant. Le cas échéant, l’Italie s’exposerait à une amende pouvant atteindre 0,2 % de son produit intérieur brut, soit environ 3,5 milliards d’euros (5,3 milliards de dollars canadiens).


Menace de démission du premier ministre


Ce dénouement survient au moment où le gouvernement constitué du Mouvement Cinq Étoiles (anti-système) et de la Ligue (extrême droite) semble plus que jamais fragilisé, comme en fait foi la récente menace de démission du premier ministre Giuseppe Conte.


L’avocat de 53 ans, très éloigné du monde politique avant de devenir le choix de compromis des deux partis, a prévenu lundi qu’il jetterait l’éponge si les deux partis ne mettaient pas fin à leurs incessantes polémiques. Sa démission plongerait le pays dans la crise, et entraînerait vraisemblablement des élections cet automne.


Les tensions entre les deux partis qui ont atomisé les forces politiques traditionnelles se sont accrues après les élections européennes. La Ligue de Matteo Salvini, europhobe convaincu, y a doublé ses appuis, tandis que le Mouvement Cinq Étoiles de Luigi Di Maio a perdu la moitié des siens.


Selon une source européenne de Reuters, le Fonds monétaire international devrait également indiquer dans un rapport attendu la semaine prochaine que la dette publique italienne constitue un risque majeur pour l’économie de la zone euro, tout comme la possibilité d’un Brexit sans accord.




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