Dans mon dernier article paru sur cette tribune en date du 28 juillet sous le titre « Vaincre la peur », j’ai tenté d’illustrer les effets pervers de cette peur viscérale dont souffrent bon nombre de Québécois face à notre accession à l’indépendance. Parallèlement, je faisais allusion à cette même peur utilisée à outrance par nos adversaires politiques, particulièrement quand surviennent des événements cruciaux de notre histoire, tels les deux référendums.
Je terminais mon article en invitant tous ceux qui se sentent capables d’atténuer cette peur sclérosante par de solides arguments à se lever et à le crier sur toutes les tribunes qui leur sont offertes. En lançant cette invitation, je pensais, bien sûr, aux citoyens ordinaires, mais aussi aux militants et aux politiciens qui arborent la cause de l’indépendance.
En ce qui a trait aux politiciens, mon premier réflexe se tourne vers la députation du PQ. Toutefois, force nous est de constater que nous ne risquons pas d’obtenir un appui important des élus péquistes tant et aussi longtemps que le mot « indépendance » sera exhibé comme un « épouvantail », en d’autres termes, comme un mot qui fait peur aux Québécois et, pire encore, qui leur fait peur à eux-mêmes!
À titre d’exemples, on n’a qu’à lire l’article 1 du programme du PQ pour réaliser l’absence de mention à l’indépendance du Québec, le terme
« souveraineté » faisant foi de leitmotiv. Encore aujourd’hui, les députés péquistes utilisent à l’occasion, du bout des lèvres, le mot « indépendance », comme s’ils risquaient de se faire taper sur les doigts par les hautes instances du parti, en particulier par leur chef qui, avouons-le, est loin d’avoir intégrer le « mot épouvantable » dans son vocabulaire!
Enfin, il m’apparaît évident que la souveraineté de l’État québécois ne pourra être reconnue que le jour où l’indépendance du peuple aura été acquise par voie démocratique. Pour ce faire, les ténors doivent mettre sur la table les avantages de l’accession à notre indépendance en commençant par cesser d’avoir peur et d’avoir peur de faire peur en appelant les choses par leurs noms, au lieu de se cacher sous le costume d’un épouvantail!
Henri Marineau
Québec
Vaincre la peur (prise 2)
L'épouvantail de l'indépendance
Tribune libre
Henri Marineau2093 articles
Né dans le quartier Limoilou de Québec en 1947, Henri Marineau fait ses études classiques à l’Externat Classique Saint-Jean-Eudes entre 1959 et 1968. Il s’inscrit par la suite en linguistique à l’Université Laval où il obtient son baccalauréat et son diplô...
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Né dans le quartier Limoilou de Québec en 1947, Henri Marineau fait ses études classiques à l’Externat Classique Saint-Jean-Eudes entre 1959 et 1968. Il s’inscrit par la suite en linguistique à l’Université Laval où il obtient son baccalauréat et son diplôme de l’École Normale Supérieure en 1972. Cette année-là, il entre au Collège des Jésuites de Québec à titre de professeur de français et participe activement à la mise sur pied du Collège Saint-Charles-Garnier en 1984. Depuis lors, en plus de ses charges d’enseignement, M. Marineau occupe divers postes de responsabilités au sein de l’équipe du Collège Saint-Charles-Garnier entre autres, ceux de responsables des élèves, de directeur des services pédagogiques et de directeur général. Après une carrière de trente-et-un ans dans le monde de l’éducation, M. Marineau prend sa retraite en juin 2003. À partir de ce moment-là, il arpente la route des écritures qui le conduira sur des chemins aussi variés que la biographie, le roman, la satire, le théâtre, le conte, la poésie et la chronique. Pour en connaître davantage sur ses écrits, vous pouvez consulter son site personnel au www.henrimarineau.com
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3 commentaires
Luc Archambault Répondre
1 août 2011Vous faites bien de mettre sur la table la question de la peur. Elle est centrale.
La peur est un facteur d'alerte essentiel à la vie animale et humaine. Une faculté qui fait la différence entre la vie et la mort.
Elle est utile quand elle mobilise, nuisible quand elle paralyse.
La peur a changé de camp ! Hier, elle était nôtre...
Aujourd'hui c'est le peuple du Canada qui est pétrifié de peur, paralysé qu'il est par son propre statu quo de blocage.
Cette paralysie est un effet de la peur canadianisatrice. Une paralysie qui ne fait que confirmer le rejet des Québécois,es. Le Canada ne passe pas au Québec, ce qui fait peur au Canada qui, pétrifié, s'en trouve paralysé de peur. Le statu quo de blocage qui en résulte, ne fait que confirmer le rejet des Québécois,es... et ainsi de suite.
Pour le Canada pétrifié de peur, bouger est une menace.
Le Québec bouge, il a changé la donne le 2 mai. Le Canada s'en trouve tétanisé.
La peur n'est plus dans le peuple que nous sommes, elle est dans nos élites.
Et si nos élites indépendantistes était pétrifiées de peur ? Elles ont peur que ce peuple ne choisisse pas l'indépendance. Elles se crispent sur l'idée d'indépendance de l'État. En lieu et place de mettre au centre de leurs préoccupations, de leurs discours, le peuple. En lieu et place de s'occuper de rendre effective, maintenant, sans délai ni condition, sa souveraineté démocratique de peuple Souverain.
Autant les forces canadianisatrices que les indépendantistes et soi-disant souverainistes sont pétrifiées de peur.
Aucun de ces clans ne parvient à obtenir le OUI du peuple Souverain du Québec pour l'État indépendant qu'ils veulent fonder. Ça leur fait peur que ce peuple ne disent pas OUI à l'État qu'ils veulent fonder.
Nos élites ont peur du peuple. Elles évitent de s'en remettre à lui. Elles l'évacuent. Autant les canadianisatrices qui sont incapables d'obtenir le OUI de ce peuple, que les indépendantistes qui en sont pareillement incapables. Le mépris du peuple n'aura qu'un temps.
La solution : ne plus avoir peur du peuple, ni peur de ce que pourra produire son Autorité démocratique suprême.
Il faut s'engager à rendre effective cette Autorité souveraine, sans peur. Car cette peur paralysante est nuisible. Elle n'est d'aucune utilité. Les partisans de la cause du peuple, ne doivent pas craindre le peuple.
Ce peuple Souverain peut et doit INVALIDER l'État dont il ne veut pas. Ce peuple dispose des pleins pouvoirs Souverains pour ce faire. Du coup, il use de ces pleins pouvoirs, ceux qui lui permettent ensuite de VALIDER l'État qu'il désire fonder.
Pour cela, il faut s'engager à faire confiance à ce peuple Souverain, sans condition ni délai.
À qui fera confiance ce peuple ?
Réponse : à qui décidera de lui faire confiance !
Qui décidera le premier de faire confiance à ce peuple ? Les partisans de la souveraineté démocratique du peuple ou les canadianisateurs ?
On fait confiance au peuple quand on décide de s'engager à rendre effective sa Souveraineté démocratique.
Elle est contrée par un État illégitime qui n'a pas sollicité et obtenu son OUI.
Ce n'est pas de pédagogie qu'il nous faut. C'est organiser le fait de donner la parole à ce peuple. Pour qu'il INVALIDE l'État dont il ne veut pas, pour qu'il VALIDE l'État dont il veut. Respecter sa VOLONTÉ c'est ça aussi, INVALIDER ce dont il ne veut pas.
Ce peuple n'a pas à être convaincu qu'il existe et qu'il doit choisir la démocratie. Ce peuple existe, se veut démocratique et veut vivre en démocratie. Nul besoin d'argumentaire, de pédagogie pour l'en convaincre. Seulement besoin de s'engager à lui donner la parole pour qu'il se prononce.
Tout État qui n'a pas le OUI de la démocratie québécoise est INVALIDE sur SON sol national. Tout État qui fera effectivement du peuple Souverain du Québec la seule Autorité démocratique suprême sur SON sol national aura l'aval du peuple, et son clair et fier OUI.
C'est une question de confiance et de dignité démocratique.
Les indépendantistes doivent cesser d'avoir peur que les Québécois,es ne choisissent pas l'indépendance s'ils décident d'appeler ce peuple à trancher. S'ils décident de s'engager à appeler ce peuple à INVALIDER tout État qui n'a pas le OUI de la démocratie québécoise, les Québécois,es feront confiance à celles et ceux qui auront décidé de lui permettre d'user de ses pleins pouvoirs souverains pour fonder l'État que ce peuple désire fonder librement depuis la Conquête. Un État où ce peuple est Maître chez lui. Rien d'autre.
Pour ne pas engorger davantage ces pages, voir la version longue au lien suivant pour celles et ceux que ça intéresse.
Vaincre la peur !? Vraiment !?
Archives de Vigile Répondre
31 juillet 2011Malheureusement la principale peur viscérale dont souffrent bon nombre de québécois face à notre accession à l'indépendance est le Monstre "économie " dont nos adversaires utilisent a toutes les sauces de propagandes. pourtant lorsqu'une Nation prend en main sa Destinée ,sa liberté, chaque individu de cette âme-nation devient cocréateur écomomique de cette nouvelle entitée ou "égrégore économique " dans la joute internationale.
La liberté d'une Nation se manifeste par son "Nom"
Et le principal véhicule d'expression de cette Nation est son "Pays " son "Nom ".
Nommer c'est créé.
" Je me souviens " de mon Nom, et par mon "Nom " je m'affranchirai
Archives de Vigile Répondre
31 juillet 2011Merci,Monsieur Marineau ,d apporter ce sujet de reflexion... Mais ,je vous ferais remarquer qu en politique quebecoise,le PLQ n utilise que tres rarement les termes suivants;federalisme,confederation...je vous ferais remarquer aussi ,que lors de la derniere election federale le NPD ,ses candidats, Mulcair et Layton devaient etre brasses pour parler de federalisme...Ils ont repondu ,un peu plus allegrement... apres l election.