Je regardais hier une photo de pêcheur et ça m'a rappelé quand mon père a construit son bateau de pêche au début des années 60, deux cents ans après que la France ait quitté le Québec. Il employait alors plusieurs termes de pièces de bateau et je pensais que ces mots étaient des inventions du langage local. Quelle ne fut pas pas surprise de retrouver tous ces mots techniques précis dans un lexique de pièces d'architecture navale, il y a 3 ans. Gabord, étambot, barre d'arcasse, bosse, tolet, mettre du radoub sur le bateau, il y en avait dru, marier l'étrave à la quille.Et si vous allez en mer et que vous devenez malade, vous aurez sûrement le coeur (appuyé ) sur le carreau (du bateau). Ils construisaient avec du bois ''choisi''
Il y avait dans leur langage beaucoup d'adjectifs précis ayant chacun leur subtilité, lesquels ont été remplacé par ''c'est pété'', etc. Aujourd'hui, on emploie des périphrases au lieu des mot qui existent. On dit: murs intérieurs plutôt que cloison. Et si en France ils pouvaient élargir le sens d'un mot jusqu'à rendre un synonyme inutile, ici c'était erratique.
Il y a donc eu au Québec une société de gens ordinaires qui ont maintenu tous ces mots de chez nous dans différents domaines, malgré le peu d'années passées à l'école. Il y a eu aussi une structure éducative efficace qui a su maintenir notre langue, le français bien vivant. Le temps scolaire étant restreint, on apprenait les proverbes et les fables de Lafontaine.
Bien sûr à cause de l'étendue du territoire et de l'origine des multiples régions de France, il s'est établi chez nous différentes sonorités dans le langage oral. Si cela demandait parfois plus d'attention pour saisir ce que disait notre interlocuteur, à l'écrit nous nous comprenions tous. Ma langue, je l'ai apprise chez nous et avec ceux de mon entourage. Les mots pour dire mes émotions aussi.
C'est pourquoi je trouve bien sévère à l'endroit de nos ancêtres les réflexions du Frère Untel sur la qualité de notre langue. Peu de peuples, qui ont dû ne compter que sur eux-mêmes pour reconstruire leurs structures, ont pu comme les Québécois conserver autant de leur originalité.
Nous devons beaucoup à ceux qui se sont investis, sans compter, dans l'ombre et malheureusement dans l'oubli.
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3 commentaires
Archives de Vigile Répondre
15 novembre 2010Monsieur Laflamme,
Dans le cadre Auteurs de Vigile.net, vous trouvez mes texte sous Ouhgo, qui se définit comme fier fils de bûcheron. J'ai donc hérité aussi d'un vocabulaire tant authentique que antique. Je déplore aussi qu'on nous en ait fait sentir honteux au point que nous hésitons aujourd'hui à l'employer, ce qui rend notre élocution hésitante. Nous avons ainsi procréé une génération qui a inventé un langage décadent. Plusieurs envient la langue anglaise, qui peut se parler en quelques dizaines de mots parce qu'on leur a dit que l'accord des participes passés en français, c'était pas nécessaire, c'était un tas d'exceptions. Alors, quand vous dites: "Peu de peuples, qui ont dû ne compter que sur eux-mêmes pour reconstruire leurs structures, ont pu comme les Québécois conserver autant de leur originalité." Alors je me questionne: "Quelle originalité avons-nous réellement conservée?" Raté la rigueur, raté le sens critique, raté la fierté de notre différence. Je peux admirer votre optimisme, qui pourrait se teinter d'une certaine naïveté, quand on connaît les sondages d'opinions actuels. C'est cet optimisme basé sur le courage des ancêtres que je comparais aux flatteurs textes de Marie-Hélène, qui tente parfois de nous réconforter ici, de stimuler notre esprit combatif, du fond de ses collines de Provence. Mon allusion fut très spontanée, et vous devriez la prendre pour un compliment envers un Québécois authentique.
Charles Laflamme Répondre
14 novembre 2010Bonjour O,
D'abord merci d'appeler mon texte une musique. Le vidéo a toutefois été ajouté par le modérateur qui a eu cette aimable intention.
Je ne suis toutefois que moi, Charles Laflamme un Québécois Gaspésien fils d'un pêcheur né au début des années 1900,soucieux du devenir du Québec et qui essaie de garder dans tout ce qui se passe un peu de discernement.
Mes quelques interventions sur Vigile ont une approche bien différente de celle-ci, j'en conviens.
À part mes trois autres textes que vous pouvez repérer facilement sur Vigile, je vous suggère les commentaires que j'ai laissés sur les textes suivant de Caroline Moreno et Andrée Ferretti et que je pense encore d'actualité.
http://vigile.net/Le-pays-inabouti
http://vigile.net/Sans-rire-et-sans-honte
Archives de Vigile Répondre
14 novembre 2010Cette musique nous suggère qu'elle serait d'une Marie-Hélène Morot-Sir qui écrirait ici sous pseudonyme:-)