Pour un rapport Canada-Québec démaquillé
19 février 2016
Il est temps de sortir les idéalistes du quartier général.
Bossuet : « le plus grand dérèglement de l’esprit consiste à voir les choses telles qu’on le veut et non pas telles qu’elles sont ».
Merci à monsieur Verrier pour votre série de textes qui nous sortent des cadres convenus de l'analyse sur ce qui explique le cul-de-sac dans lequel nous a conduit la stratégie souverainiste jusqu'à maintenant. Merci aussi à ceux qui ajoutent leurs réflexions sur ce thème, particulièrement ceux qui nous invitent à passer de l'idéalisme au réalisme. Dans ce contexte Mathieu Bock Coté nous invitait à «être lucide jusqu’à la cruauté.».
Cette déflexion est d'autant plus urgente que, ce n'est plus tant le projet souverainiste qui est en péril que, la nation qui porte le projet. Message aux référendistes datistes : il ne peut être question de perdre la prochaine élection (merci M. Pierre Schneider).
Depuis quelques années, il était devenu de plus en plus clair qu'il nous fallait changer de cadre d'analyse, de changer de paradigme. Le but étant de se doter d'une doctrine politique claire ; absente depuis le début du mouvement souverainiste. D'où tous nos malheurs.
Et il ne peut y avoir de doctrine politique claire si on ne sort pas le projet de l'idéalisme pour le ramener dans le champs du réel.
«Il n'y a pas de politique qui vaille en dehors de la réalité » (Général De Gaule)
Depuis le début, le mouvement souverainiste a inscrit son projet dans le registre de l'idéal. Clairement à partir du postulat que l'État canadien était une démocratie idéale, qui allait se soumettre au verdict démocratique du Québec. Ce, malgré le fait qui démontraient le contraire : sur la question et les résultats jamais assez claires; ajouter, la menace réelle de la partition du territoire québécois. Ce qui a fait du référendum un repoussoir pour la population, que les libéraux n'ont cessé d'agiter pour garder le pouvoir.
Il est donc urgent de mettre fin à ce déni de réalité qui nous confine à «la canadianisation de la souveraineté» ( merci à M Verrier).
De ce déni de réalité depuis le début, qui n'est rien d'autre que l'incapacité congénitale du mouvement souverainiste d'apprécier correctement les rapport de forces en présence, découle toutes les tergiversations et convulsions à l'intérieur du mouvement tout au long de son parcours : déchirement sur l'article 1, départs des chefs, défaites référendaires, etc. Et avec pour conséquences graves, le déclin de la nation. À cet égard le mouvement souverainiste porte une responsabilité grave face à l'histoire.
Le cul-de-sac actuel et ses conséquences gravement préjudiciable à notre nation, nous oblige à un retour forcer à la réalité.
Et la réalité c'est qu'il y a deux conditions à réunir pour en arriver à un changement de statut du Québec, de province à État souverain :
Un : rendre notre décision effective sur notre territoire (l'incontournable principe d'effectivité)
Deux : faire reconnaître notre décision par d'autres États souverains à l'international
Ces deux conditions supposaient que l'État du Québec aurait été dans un rapport de forces favorables face à l'État canadien lors des deux derniers référendums. (le changement de statut survient quand les forces du statu quo ne peuvent le contenir). Ce rapport de force n'a jamais exister. Contrairement à ce que croit les idéalistes, ce n'est pas un référendum gagnant en 1995 qui aurait changé la donne.
Simple constat qui nous ramène à l'erreur historique de départ du mouvement souverainiste. Savoir, l’abandon de l'édification de l'État du Québec, seule voie pour construire le rapport de force favorable, pour la quête d'un pays fantasmé. Qu'on obtient après avoir gagné un concours d'art oratoire et compté des bouts de papier. Nous avons ainsi abandonné la proie pour l'ombre !
Le retour à la réalité c'est le retour à l'État :
L'État, sur les assises duquel repose la pérennité de l'existence de notre nation française en Amérique.
L'État, dont il faut faire de la reprise de son contrôle un enjeu existentiel.
L'État, le véhicule du projet souverainiste.
Bref : « L'État, la voie royale » P K Péladeau
...
Il y a deux périodes dans notre histoire durant lesquelles notre projet politique a été inscris dans le registre de l'idéal et avec de graves conséquences :
Les Patriotes de 1837, qui a résulté dans l'Acte d'Union de 1840 ; et, le mouvement souverainiste, qui a résulté dans la constitution de 1982 (et le déclin depuis 1995). Deux statuts visant clairement le même objectif : l'assimilation de notre nation. Les statuts résument et portent l'histoire !
Il est temps de sortir les idéalistes du quartier général.
Bossuet "Dieu se rit des hommes qui déplorent les effets dont ils chérissent les causes"
JCPomerleau