La langue de l’histoire
15 avril 2007
Le nationalisme civique qu'on nous impose depuis trop longtemps est bien plus pernicieux qu'on le croit. Il se prétend inclusif mais est bien loin de l'être réellement.
Ce nationalisme civique se veut un identitaire réduit à la langue française. À la francophonie.
Or, comme vous en témoignez dans votre texte, les Canadiens français portent en eux toutes les identités de la fondation du Québec et qui ne sont pas que françaises. Le nationalisme civique exclue toutes ces identités chez le Canadien français afin de le réduire à son déterminant linguistique. Il y a une recherche de la pureté ethnique ici. Les néo-québécois se voient invités à intégrer un peuple absolument francophone et donc se sentiront toujours des immigrants à cause de leurs identités d'origine. Ils ne pourront jamais être de cette pureté francophone. Leur intégration est impossible sans qu'ils subissent la même réduction que nous. Un idée qui les répugne, avec raison.
À mon avis, ce penchant à l'épuration ethnique est un vestige de notre passé catholique que dans notre empressement à se laïciser n'avons pas pris le temps de remettre en question. L'Église, qui dominait l'enseignement, s'assurrait de nous montrer une image pure de notre nation. Une image bien blanche française et catholique. Notre métissage avec des protestants et surtout avec les indiens était sytématiquement et fortement nié.
Les déclarations de savants, tel le grand ethnologue Jacques Rousseau; "Plus de 40% des Canadiens français ont du sang indien. Et à partager leur pays nous avons fini par leur ressembler." ne faisaient pas parti du curriculum chez les frères des écoles chrétiennes.
C'est en partie pourquoi Gérard Bouchard remonte son concept civique à l'arrivée de Cartier, à la Nouvelle France, en chevauchant complètement nos souches canadiennes française. Notre histoire commence en France et après une longue période catholique et de noirceur nous avons notre petite récolution française bien à nous, grâce à nos "lumières", et ne reste plus qu'à faire la république.
La francophonie d'Amérique. Une petite France, quoi. Toujours la Nouvelle France.
Toute notre spécificité canadienne française, nos liens intimes et métissages autant génétiques que culturels entre les autres communautés et surtout les indiens, pendant 400 ans, bref, tout ce qui fait que de Français nous sommes devenu un nouveau peuple unique sur une terre qui n'a rien de la France et un mode de vie qui n'en a pas plus, a été balayé, renié, effacé, pour vouloir refaire de nous des Français. Des francophones.
Comment s'étonner alors que pas même le PQ ne dénonce de toutes ses forces l'entreprise d'Ottawa de faire du 400eme de Québec, à coup de 100 millions, une gigantesque commandites de propagande célébrant la victoire de la colonisation britannique sur le peuple Canadien français et en poussant l'insulte jusqu'à en remettre la préparation et la création à des institutions anglaises de Toronto qui s'empressent d'envoyer les invitations aux représentants et dignitaires du conquérant!
Un 400eme ouvert par la Reine de l'Empire colonisateur, suivit d'expositions par les communautés collaboratrices traditionelles, et clôt par un cirque à la gloire du multiculturalisme canadian trudeauiste!
Le Temps des Bouffons en Haute Définition! Et non pas à l'abri des regards au Queen Elizabeth de Montréal, mais à la face du méprisé et en grandes pompes au coeur même de sa Capitale Nationale!