Les apprentis sorciers

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Une génération sacrifiée

Selon une vaste étude commandée par le ministère de l’Éducation lui-même, la «réforme» scolaire qui sévit dans nos écoles depuis quinze ans serait un échec. Comment s’en étonner? Dès ses débuts, les enseignants allumaient eux-mêmes une brochette de voyants jaunes.
Résultat: recul du taux global de diplomation. Une maîtrise plus faiblarde du français et des mathématiques. Des parents inquiets. Des enfants «à risque» oubliés. Des élèves sacrifiés sur l’autel des idéologues acharnés du ministère et des facultés des sciences de l’éducation – une combinaison létale.
Cette «réforme» est en fait une régression. Imposer dorénavant aux enseignants d’«apprendre à apprendre» aux élèves au lieu de leur transmettre des connaissances tenait de la folie. Idem pour la métamorphose des élèves en «partenaires actifs» du «processus d’apprentissage».
Bref, à force de réinventer la roue de l’éducation, cette bande de joyeux apprentis sorciers auront fini par la faire sauter.
Les bulles du ministre
Égal à lui-même, le ministre Yves Bolduc y allait d’une de ses bulles habituelles d’insignifiance: «Plus ça va aller, mieux ça va aller.» Cet homme devrait être «réaffecté» d’urgence loin de nos écoles. À l’entendre torturer constamment la langue de Molière, ça lui laisserait le temps de suivre quelques cours de français.
M. Bolduc n’est cependant pas le premier désastre à occuper ce poste. Disons-le crûment: les derniers titulaires de calibre datent du libéral Claude Ryan (1985-1990) et du péquiste Jean Garon (1994-1996). C’est d’ailleurs sous ce dernier que les États généraux sur l’éducation furent enclenchés.
Le ver dans la pomme s’est installé par après. Le rapport final de 1996 visait une réelle amélioration du système, mais ses orientations furent détournées autant par les savants fous du ministère que par un manque flagrant de ressources sur le terrain. Le tout, sous le regard béat des successeurs de Jean Garon – Pauline Marois, François Legault et Sylvain Simard. Idem sous Jean Charest et ses cinq ministres consécutifs de l’Éducation.
La tour de Babel
Ce qui nous amène aux responsables ultimes de ce gâchis nommé «réforme»: les premiers ministres. Bleus ou rouges, ils jurent depuis l’an 2000 que le Québec serait à l’avant-garde de l’«économie du savoir». Leurs actions trahissent plutôt leur indifférence. Au poste névralgique de l’Éducation, ils ont souvent fait de mauvaises nominations et enfilé les ministres à la vitesse de l’éclair.
Cinquante ans après la création du ministère de l’Éducation, l’échec de la «réforme» est inacceptable, coûteux et dangereux pour l’avenir du Québec. Socialement et financièrement.
Mon constat, le voici. Pour une population d’à peine 8 millions, notre système d’éducation était déjà une troublante tour de Babel où le faux privé grassement subventionné dispute les élèves au public avec des moyens disproportionnés. En offrant une éducation déficiente, cette «réforme» risque de réduire encore plus la mobilité sociale de ses victimes.
Notre tour de Babel combinée à cette «réforme» bâclée, c’est l’antithèse même d’un des buts premiers de la Révolution tranquille: un Québec où l’égalité des chances en éducation serait un principe non négociable.


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