Une centaine d'élus sont descendus vendredi manifester à Clichy pour exprimer leur grogne envers les prières de rue réunissant des fidèles musulmans. Parallèlement, une prière «illégale» se déroulait malgré le mouvement des mécontents, exhortant à mettre de l'ordre dans la ville.
D'un côté une prière en plein air, de l'autre une vaste foule d'élus et de représentants de la droite nationaliste la qualifiant d'illégale: c'est l'ambiance qui régnait vendredi à la manifestation à Clichy (Hauts-de-Seine), comme a pu le constater une journaliste de Sputnik présente sur place. Portant l'écharpe tricolore, quelque 100 élus ont exprimé leur souhait de mettre fin aux prières de fidèles musulmans se déroulant hors des lieux de culte.
Les manifestants ont marché entonnant la Marseillaise avec pour mot d'ordre «Stop aux prières de rue illégales», inscrit sur une banderole en première ligne. La manifestation, organisée à l'appel du maire LR de Clichy Rémi Muzeau, a réuni des maires, des parlementaires, des conseillers municipaux et régionaux LR, UDI et MoDem.
«Nous n'acceptons pas les tensions dans l'espace publique», a affirmé aux journalistes Valérie Pécresse, la présidente du conseil régional d'Ile-de-France.
La correspondante de Sputnik a signalé de vives tensions au cours de la prière qui s'est pourtant tenue en dépit de la procession de manifestants, escortés de deux lignes gendarmes. Quelque 200 musulmans ont manifesté de cette façon contre la fermeture de leur lieu de culte en centre-ville, au mois de mars. De même, ils ont accusé le maire de Clichy de refuser de leur fournir un autre espace pour ouvrir un nouveau lieu de culte.
Comme M.Muzeau n'a pas pu une solution au problème des prières ayant lieu dans une rue piétonne de la commune, ni à celui des fidèles qui y affluent le vendredi depuis presque neuf mois, «on demande à l'État d'aider le maire de Clichy à trouver cette solution», a ajouté Mme Pécresse.
Nadia, qui est clichoise, a de son côté confié à Sputnik que le rassemblement n'est qu'une «récupération politique», alors que les députés ne parviennent pas à accomplir leurs promesses électorales.
Selon le maire Muzeau, le ministre de l'Intérieur «doit interdire les prières [de rue]. Moi je dois assurer la tranquillité et la liberté des gens de ma ville», a-t-il-précisé à la presse.
Le 22 mars, la salle de prière d'Estienne d'Orves avait été évacuée par la police, au terme d'un long bras de fer entre la mairie qui veut en faire une médiathèque et l'Union des associations musulmanes de Clichy (UAMC) qui refusait de quitter les lieux malgré une injonction de justice.
Cette salle avait été aménagée sous la précédente municipalité PS et louée sous un «bail précaire» à l'UAMC, qui voulait la racheter. À l'échéance du bail, le nouveau maire Rémi Muzeau, élu en 2015, avait décidé de transformer en médiathèque le lieu qui accueillait quotidiennement de 3.000 à 5.000 fidèles, signale l'AFP.
L'édile de Clichy avait parallèlement inauguré un nouveau lieu de prière dans sa ville, à 1.5 km de là. Mais l'UAMC juge cette mosquée des Trois-Pavillons excentrée, mal desservie par les transports en commun et trop exiguë.