Convention de la droite: «Eric Zemmour et Marion Maréchal transcendent les clivages partisans»

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L'alliance des droites françaises est-elle possible pour empêcher la réélection de Macron?


Une convention de la droite face à Macron? L’événement, lancé par des proches de Marion Maréchal, aura lieu le 28 septembre. Si François Boulo, figure des Gilets jaunes, a décliné l’invitation, Éric Zemmour sera présent, tout comme un invité-surprise, Raphaël Enthoven. François de Voyer, qui a piloté le projet, nous plonge dans ses coulisses.




Ils sont réputés proches de Marion Maréchal et lancent une «convention de la droite»: François de Voyer (Cercle Audace), Erik Tegnér (Racines d’Avenir) et Jacques de Guillebon (Magazine l’Incorrect) entendent préparer une «alternative à Emmanuel Macron». Le raout aura lieu le 28 septembre prochain. Comment s’est-il monté et qu’en attendre? C’est ce que Sputnik France a demandé à François de Voyer.


Sputnik France: François de Voyer, vous êtes à l’origine de cette «convention des droites», d’où cette idée est-elle sortie?


François de Voyer: «L’idée est venue, car j’avais accompagné Marion Maréchal au Conservative Political Action Commitee (CPAC), à Washington, D.C., un grand rassemblement des différents mouvements conservateurs américains. J’avais été assez impressionné par le foisonnement, la vitalité de la vie associative là-bas et la capacité à rassembler des mouvements très divers, avec en commun l’envie de prendre le pouvoir, tout simplement, et de combattre le progressisme démocrate.


L’autre étape a été le résultat des Européennes. La droite parlementaire est devenue un champ de ruines, il me semblait essentiel de proposer un lieu de débat, de rassemblement, entre la société civile, les politiques, les intellectuels. Nous avions réfléchi à cela dès le mois de mars, nous avons accéléré la cadence pour le faire dès la rentrée, au vu des résultats des élections. Nous avons été très vite soutenus.»


Sputnik France: Vous parlez de «dynamiter des digues factices». À quelles digues pensez-vous, lesquelles avez-vous déjà fait sauter?


François de Voyer: «La première c’est la méfiance entre différentes associations de mouvements conservateurs français, qui se connaissent, mais ne se parlent pas…»


Sputnik France: Alors lesquelles exactement?


François de Voyer: «Il a fallu choisir, nous n’avons qu’une douzaine de places pour les associations. Seront présents L’Institut Pour la Justice (IPJ), l’Institut Vauban et Contribuables associés pour les questions fiscales, L’Avant-garde [association fondée par Charles Millon et Charles Beigbeder, ndlr], la Fondation du Pont-neuf [dirigée par l’universitaire Frédéric Rouvillois, ndlr.], l’Institut de Formation Politique…


«L’idée, c’est de réunir les conditions pour une alternative à Emmanuel Macron.»


Sputnik France: Marion Maréchal a soutenu son ami Damien Rieu, récemment condamné à six mois de prison ferme pour avoir dirigé l’action de Génération identitaire dans les Alpes. Les identitaires seront-ils présents?


François de Voyer: «Non, nous ne l’avons pas proposé, mais non par rejet de principe: on s’est arrêtés là par manque de place en cette première année. Mais une autre année, nous ne sommes pas contre par principe, nous ne voulons pas adopter les mêmes postures sectaires que nos adversaires.





Ensuite, ce que nous voulons faire sauter, ce sont les digues sémantiques, les termes hasardeux de “libéralisme”, “conservatisme” ou “populisme”. Une “convention de la droite” permet un rassemblement le plus large possible. Nous avons essayé de prendre le plus grand dénominateur commun. Ce n’est pas forcément l’union des droites, mais en finir avec le refus de dialogue. Si on en ressort avec un “pacte de non-agression”, ce sera déjà pas mal! Car l’idée, c’est de réunir les conditions pour une alternative à Emmanuel Macron: créer un lieu de débat, qui se renouvelle chaque année, entre chefs d’entreprise, intellectuels, etc.»


Sputnik France: Ce dialogue ne semble pas si simple: on a vu justement que le Gilet jaune François Boulot avait refusé d’intervenir et, plus tôt durant l’été, que Patrick Buisson avait critiqué la stratégie d’union des droites prônée par Marion Maréchal.



François de Voyer: «Concernant François Boulo, c’est surtout parti d’un quiproquo. Je crains qu’il n’ait plutôt écouté les fausses nouvelles parues dans la presse ici et là au mois de juillet. C’est ça qui l’a inquiété: “y a-t-il une récupération, est-ce la création d’un mouvement, y a-t-il création d’un mouvement?” Il a préféré ne pas venir, mais je l’ai eu au téléphone: par principe, il m’a dit avoir un avis favorable pour une participation à une deuxième édition. C’est tout le problème des médias français qui diabolisent autant qu’ils peuvent! Mais les choses ont été clarifiées. Entre autres, nous avons parmi nos invités Raphaël Enthoven, donc la crainte d’un entre-soi n’a plus grand sens au vu du casting que nous allons annoncer, avec une trentaine d’intervenants.»


«Éric Zemmour est un peu la "statue de commandeur" de la droite depuis une quinzaine d’années.»


Sputnik France: Et pour Patrick Buisson?


François de Voyer: «Je suis personnellement en désaccord avec l’idée selon laquelle le clivage politique principal serait celui entre libéraux et non-libéraux. Non pas que ça ne soit pas le cas idéologiquement, mais ça ne parle pas aux gens. Je reviens d’une réunion avec des agriculteurs, ça ne leur parle pas. Alors que droite/gauche, ça a encore de l’écho. Et puis “la gauche” et “la droite” sont deux contenants, dans lesquels les idéologies vont et viennent en fonction des périodes et du contexte. Nous avons proposé à Patrick Buisson de venir à cette convention, c’est un grand intellectuel: on peut avoir des divergences de sémantiques sans qu’il soit impossible de dialoguer.»





Sputnik France: Les deux têtes d’affiche sont Éric Zemmour et Marion Maréchal. Est-ce la réunion des amis de l’un et de l’autre?



François de Voyer: «[Rires] non, ça va bien au-delà: le projet existait avant qu’on en parle à l’un ou à l’autre. Après c’est très simple: Éric Zemmour et Marion Maréchal sont deux personnalités qui transcendent les clivages partisans. Pour des électeurs de LR, du RN ou du PCD, DLF ou de tous les partis de droite actuels, ils sont deux personnalités qui font un peu l’unanimité. Particulièrement Éric Zemmour, qui est un peu la statue de commandeur de la droite depuis une quinzaine d’années. Ça semblait tout naturel. Ce que l’on espère, c’est l’émergence de nouvelles personnalités dans les années à venir, qui transforment ces clivages à droite. C’est aussi un but de cette convention.»