Au CSSS Ahuntsic-Montréal-Nord, un conseil d'administration surréaliste

Tribune libre


Au CSSS Ahuntsic-Montréal-Nord :
un conseil d’administration surréaliste
par Jacques Fournier
organisateur communautaire retraité
Le 22 juin, j’ai assisté à une des réunions les plus surréalistes de conseil d’administration à laquelle il m’ait été donné de participer. C’est celui du CSSS Ahuntsic-Montréal-Nord. Cet établissement est en crise et la réunion du c.a. a illustré de façon dramatique ce constat.
Au cours de la période de questions du public, le président du c.a., Denis Rousseau, a coupé systématiquement, à plusieurs reprises, la parole aux cinq personnes qui ont tenté, en termes mesurés, de poser des questions. Au bout de six ou sept minutes, le président, nerveux et visiblement dépassé par la situation, a suspendu la séance pour une période de dix minutes. Il y avait dans la salle une cinquantaine de syndiqués, paisibles, très calmes même, venus appuyer les présidents de leurs trois syndicats (APTS, CSN, FIQ) dans leur tentative de dire au c.a. qu’il existe un profond malaise dans l’établissement.
Pendant la suspension du c.a., on a assisté à un discours improvisé de Marjolaine Goudreau, présidente du syndicat local APTS, qui a clairement et courageusement résumé les sources de mécontentement, en présence des syndiqués mais aussi en présence de quelques cadres qui n’avait pas fui la salle, comme les membres du c.a. Ces cadres, mal à l’aise, se sentaient incapables de réagir, tant l’atmosphère était tendue à cause de la décision de suspension et du refus du dialogue.
Les problèmes sont de deux ordres. D’une part, la clientèle, en particulier en santé mentale, ne reçoit pas les services qui devraient lui être offerts dans le contexte de la trop fameuse « désinstitutionnalisation » . Un communiqué émis par le syndicat APTS précise : « Alors que les services du CSSS ont été mis en place pour accueillir en première ligne des patients dans un état stable, plusieurs présentent des symptômes psychotiques et requièrent des services plus intensifs qui relèvent de la deuxième ligne. Or, actuellement, il y a un manque criant de ces services médicaux. Les personnes référées à l’Hôpital du Sacré-Coeur de Montréal doivent attendre de trois à six mois pour voir un psychiatre. Si un patient doit être vu rapidement pour éviter que son état ne s’aggrave, les intervenants en sont réduits à devoir l’envoyer à l’urgence pour y être évalué et référé en psychiatrie. Loin d’assurer un meilleur suivi médical et social de la clientèle, la réorganisation telle que nous la vivons a pour effet de laisser des patients sans soutien psychiatrique et sans accès à un médecin de famille »,
D’autre part, le climat des relations de travail est pourri. « Une atmosphère de méfiance et de peur » règne. Des cadres menacent des employés de perdre leur emploi. Ceux qui posent des questions lors des réunions d’équipe se retrouvent dans le bureau de leur supérieur immédiat le lendemain (« Pourquoi veux-tu collectiviser ton problème personnel? »). Parfois, deux cadres rencontrent un employé, isolé. La situation était mauvaise l’an dernier, elle est encore pire cette année. Les vexations se multiplient envers le personnel qui est de plus en plus démobilisé, voire écoeuré. On constate l’existence d’une gestion axée uniquement sur le contrôle et on note un manque de transparence, dont l’attitude du c.a. est « la cerise sur le sundae ». Un employé a conclu, meurtri par le comportement du président : « J’ai honte de mon employeur ».
La période de questions destinée au public, obligatoire selon la loi, demeure l’un des seuls moments où peuvent intervenir, de façon démocratique et dans la sérénité, les personnes qui veulent faire part d’un malaise ou d’un problème à un conseil d’administration du réseau. Force est de constater que cet exercice n’est pas possible au c.a. du CSSS Ahuntsic-Montréal-Nord où le président, Denis Rousseau, bâillonne systématiquement les personnes qui veulent intervenir.
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Jacques Fournier98 articles

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Organisateur communautaire dans le réseau de la santé et des services sociaux





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