L’intimidation, un fléau de société
27 juin 2024
Bonjour M. Marineau,
Merci encore de votre réflexion sur l’intimidation,
Je dois cependant émettre un doute sur votre conception de celle-ci.
Vous dites, «À l’origine, l’enfant ne naît pas intimidateur, il le devient.»
Concevoir (comme Rousseau) que «l’Homme» naît bon et que c’est la société qui le corrompt me semble réducteur de l’aspect animal intelligent de l’humain et son instinct de conservation.
Je me souviens très bien avoir été particulièrement «méchant» envers ma jeune soeur lorsque j’étais enfant; combien de fois ai-je vu mon aîné maltraité son jeune frère alors que celui-ci était sans défense; de même avec mes petits-enfants pourtant tous élevés avec le respect envers les plus petits ou les plus faibles. Oui, j’avais d’excellents parents… C’est toujours à l’adolescence que se stabilise cette fougue infantile alors que les parents et les maîtres d’école font de leur mieux.
Un de mes amis avait une entreprise de transport d’écoliers et son plus grand défi était d’avoir des conducteurs d’autobus qui sauraient aussi maintenir l’ordre dans ses autobus!
J’ai eu la chance de produire un essai sur la violence morale au travail; vous pourrez le lire sur mon blogue à l’adresse suivante: http://francoischampoux.wordpress.com/ sous le titre suivant:
«La violence morale au travail» 30 octobre 2023
C’est long à lire, mais, en toute modestie, c’est riche de considérations psychologiques, biologiques, philosophiques et managériales. Non, ce n’est pas la fin du problème, mais une approche, un commencement…
En décembre dernier (2023), j’ai produit deux conférences sur «L’amour, l’art d’aimer»: c’est à la suite du suicide d’un ami d’enfance que j’ai voulu promouvoir l’enseignement de «L’amour, l’art d’aimer» auprès des ados, à l’intérieur même de leur cursus scolaire du secondaire, là où le problème de la violence a de bonnes chances d’être bien encadré vers une résolution positive pour la société. Vous pourrez les retrouver sur mon blogue en décembre 2023.
Vous avez raison: au primaire, les professeurs devraient aujourd’hui être deux par classe: maintenir l’ordre est leur plus grand défi et il est croissant parce que nous avons créé depuis 50 ans des cellules familiales en manque d’amour, du vrai amour. Les causes sont multifactorielles…
Je pense humblement que la Révolution tranquille n’est pas terminée et qu’il faut la poursuivre par une meilleure éducation des jeunes sur les choses de la vie. Les féminicides font maintenant les manchettes comme des faits divers; chez Desjardins, l’exclusion des membres qui osent critiquer l’administration devient monnaie courante comme si avoir le pouvoir permettait de juger et condamner un membre qui ose prendre la parole démocratique à l’encontre de l’autorité: on instaure des règlements (4,6 et 4.7) qui intimident les membres afin de leur faire peur pour les faire taire. Ce n’est pas la manière de respecter ses membres.
J’ai aussi été voir le film «Dis-moi pourquoi ces choses sont si belles»; une oeuvre cinématographique qui flirte avec le chef-d’oeuvre, mais surtout qui nous démontre l’évolution lente de notre esprit critique sur les choses de la vie et de l’existence. Au Québec, la religion avait pris trop de place depuis des siècles; une chance qu’il y a eu la Révolution tranquille, mais la révolution n’est pas fini…
Oui, on dépasse les bornes parce qu’on n’a pas appris à respecter l’autre, tout autre, soi d’abord! On ne sait pas aimer comme il faut, on ne sait s’aimer comme il faut; on ne sait pas s’aimer soi-même; alors on intimide pour se prouver qu’on mérite le respect! Évidemment, l’intimidation est une erreur grave tout comme «l’exclusion est une violence» (Paul Ricoeur).
Si l’on veut se sortir de ce cercle vicieux de la violence, il faut enseigner «L’amour, l’art d’aimer». Là, la révolution sera sur une voie constructive: celle de l’Éducation avec un É majuscule.
François Champoux, Trois-Rivières