Le long chemin vers l’indépendance
21 novembre 2024
Bonjour M. Marineau,
Merci de votre texte sur l'indépendance du Québec.
Toute ma jeunesse, j’ai milité pour l’indépendance du Québec. J’ai voté «pour» celle-ci à deux reprises. Maintenant, je ne milite plus, car la démocratie m’indique que plus de la moitié des habitants de la province de Québec refuse de se donner (se payer) un pays.
À mon humble avis, pour une question aussi importante (se faire un pays) il faudrait une double majorité à la question référendaire (66,7 % «pour» l’indépendance du Québec du reste du Canada). Ce serait plus prudent, d’une prudence élémentaire, pour assurer l’accouchement et la naissance du pays en toute joie et sérénité, en cette Amérique du nord trop près des États-Unis, si cela est possible… La prudence, ce n’est pas la peur; la prudence c’est une vertu qui donne la force d’agir intelligemment, avec doigté et respect. Je pense que Sénèque approuverait…
La naissance d’un pays, ça doit être particulièrement pénible et dispendieux sans parler des tracas sociologiques du genre «ils sont des nôtres » et «ceux-là sont des étrangers… qu’en faisons-nous?» Non, nous ne sommes pas des racistes au Québec, mais si nous votons l’indépendance, il faudra absolument le prouver. Voyez dans quel tracas se dirige nos voisins actuellement: sont-ils racistes les Américains de Donald Trump? Et tout le reste du monde qui aime à les imiter parce que la peur dirige plus qu'on ne le pense. Non pas la prudence...
Le PQ n’est pas le parti de l’indépendance du Québec : c’est le peuple du Québec qui doit l’incarner, cette indépendance : surtout pas un parti politique ni un autre (QS).
Il y a un coût pour être indépendant; aucun enfant n’est indépendant tant qu’il ne l’assume pas financièrement : logement, nourriture, habillement, éducation, et j’oserais ajouter, son équilibre émotif. Tous les oiseaux savent ça: pour sortir du nid, il faut savoir voler de ses propres ailes. De même pour un pays. L’enfantement d’un pays ne tient pas qu’à sa culture, sa langue et sa bière; il y a tout le reste qu’on ne doit pas négliger.
Combien ça coûtera notre pays? Qui a été capable de répondre en toute transparence à cette question de je ne sais combien de milliards de dollars et de sueurs au front? Sortir du nid exige de la maturité et du respect en plus de l’audace.
C’est en tout respect de mes convictions indépendantistes que j’interroge mes politiciens, ceux-là mêmes que je rétribue très bien pour qu’ils me fassent, me bâtissent, m’enfantent un pays où il fait bon vivre. C’est là ma faim et ma soif sans plus, mais c’est là toute ma faim et ma soif.
François Champoux, Trois-Rivières