Entretien avec François Morin - professeur émérite d'économie à l'Université de Toulouse-1
22 novembre 2016
J'en ai perdu plus d'un en tentant d'expliquer le dixième de ce qui est écrit. Bravo pour les détails et la manière d'expliquer les CDS, credit default swaps. Le professeur explique très bien mais il ne voit pas la fourberie au moment où elle est créée. Il n'est pas bête, il constate bien les effets mais on dirait qu'il n'en décèle pas la source au départ. Exemple: dès la signature des Accords de Bâle en 78 on perdait le contrôle sur tout, non en 95 comme il pense. ce n'est pas parce qu'on en constate les effets en 95, que ça n'a pas commencé avant.
À quoi sert la mondialisation bancaire ou la création de la Banque Centrale Européenne? À rejeter la responsabilité sur le dos de la population du monde entier, l'incapacité des grandes banques à assumer les dettes qu'elles ont elles-mêmes créées. En somme, on mondialise les dettes.
C'est l'application du principe de la socialisation des pertes et de la privatisation des gains mais à l'échelle mondiale.
Il faut en revenir aux principes de Keynes tout en trouvant une méthode de "juguler" l'inflation qui est en soi un gain. Juguler est un mot mensonger et hypocrite. Limiter pour les besoins essentiels est un mot plus juste et redistribuer pour les besoins secondaires.
L'inflation personnelle qui est la richesse doit être limitée avec une loi du revenu maximum sans pour autant empêcher l'individu de dépasser le revenu maximum. On le laisse s'enrichir pour lui donner le privilège, l'obligation de redistribuer à qui il juge bon. Plus le revenu maximum sera bas, plus il y aura de redistribution.
Ce professeur explique dans un langage édulcoré ce qui s'appelle de la fraude, du vol. Moi, je dénonce. La fraude étant d'établir des principes dans l'énoncé principal et de permettre des activités allant à l'encontre des principes énoncés. Deux: il y a aussi de la fraude dans la manière de comptabiliser. En faisant passer pour des fonds propres, des fonds qui ne le sont pas. Une hypothèque n'est pas un fonds propre, seuls les intérêts sur les hypothèques le sont. Les banques comptabilisent l'entièreté d'une hypothèque comme un fonds propre pour se justifier de prêter encore plus. Les prêts aux compagnies n'étant pas des fonds propres, on laisse ça aux dragons et au gouvernement.
Évidemment, je partage ses inquiétudes justifiées. Le système est voué à sa perte.