C’est en vieillissant qu’on apprend à vieillir
13 juin 2025
13 juin 2025
“C’est en vieillissant qu’on apprend à vieillir.”
Voilà bien une lapalissade digne de celle qui nous enseigne que “c’est en forgeant que l’on devient forgeron.”
Mais je doute que ce soit toujours en vieillissant que l’on apprenne à vieillir; il y a des gens âgés de plusieurs années qui n’ont jamais appris les leçons de la vie : ils ont connu un blocage qui les a laissés à une fixation, à des certitudes sans jamais les remettre sérieusement en question. Et le tout n’a rien à voir avec le niveau du quotient intellectuel.
Dernièrement, nous avons fait un café-philo sur les affres et les dangers de la vieillesse, et la question nous venait du plus jeune de nos participants (à peine 26 ans). J’ai d’emblée commencé mon argumentation par souligner qu’il y avait bien des mots qui ne devaient plus être dits, en référence au mot en “N” (Nègre) qui ne devait plus être utilisé. J’y ajoutais ironiquement ce mot en “V” (pour Vieux) que tout un chacun devait éviter d’utiliser pour se qualifier en parlant de sa propre personne.
Je soulignais qu’il y avait de jeunes personnes qui par leur intransigeance devaient être qualifiées de “vieux” tellement il répondait à la définition sarcastique et ironique de “vieux” du Père Gédéon Plouffe : “Les raideurs changent de place en vieillissant.”
L’art de bien vieillir demande justement de garder cette souplesse d’esprit pour toujours remettre en question des certitudes qu’on croit absolues. Je me souviens de m’être considéré “maintenant vieux” : je venais d’avoir 30 ans! Quelle erreur! Par chance, avec le temps j’ai réalisé ma méprise : on est “vieux” parce qu’on décide que nous le sommes! Une erreur à chasser de notre esprit.
C’est encore celle que nous rappelait Jean Gabin dans son monologue chanté “Maintenant je sais” : il concluait sa chanson par cette loi socratique qu’“on ne sait jamais”. Il croyait savoir parce que maintenant, il avait 60 ans!
Je pense de plus en plus que pour se garder jeune, il faut dire NON à la vieillesse; un NON qui refuse justement l’excuse de la vieillesse pour arrêter de se garder jeune, en forme. Comment? Par une juste modération sans s’interdire les joies que notre jeunesse nous a apprises, il n’y a pas si longtemps. Et rien n’empêchera notre disparition à jamais. Mais nous aurons su être vifs par cette capacité à dire NON à une fatalité qui nous vient trop souvent des autres.
C’est le philosophe Alain, qui nous y a conscientisés par cette courte maxime : “Penser, c’est dire NON.”
Je pense qu’il faut refuser de juger sur les apparences, car celles-ci sont souvent trompeuses.
François Champoux, Trois-Rivières