Penchons-nous un instant sur ces anciennes robes noires ou grises
9 décembre 2010
Mme. Morot-Sir,
Vous nous avez habitués, depuis quelques années, à des textes bien léchés et fort pertinents. Le « mécréant » que je suis, je me suis senti personnellement visé, ne peut qu’absoudre l’historienne sérieuse que vous êtes. D’ailleurs, peut-on être historien et pas sérieux?! Nous avons souvent entendu dire que le pouvoir corrompt. Les rouleaux de papier noir,…..pardon, les robes noires que vous décrivez dans vos livres, extrêmement bien documentés d’ailleurs, ont en effet, c’est indéniable, apporté à la nation naissante des bienfaits qu’il serait malhonnête de nier aujourd’hui. Étant, généralement, les personnes les plus instruites de la Nouvelle-France, ils se sont, peu à peu, attribué une aura, une puissance débordant quelque peu de la mission d’évangélisation des « sauvages ». Même s’il signifie « homme des bois », j’exècre ce terme qui a rapidement pris le sens de primaire, bête et non évolué. La connaissance des autochtones, de leurs origines et de leur culture nous fait réaliser qu’en plusieurs occasions, nous aurions pu dire que les vrais « sauvages » venaient d’Europe. Les colonisateurs, d’où qu’ils viennent, ont toujours eu ce détestable défaut de se croire d’une essence supérieure aux conquis, d’avoir, bien sûr, le VRAI dieu, de posséder la seul vraie civilisation.
Il n’est pas besoin de regarder très loin en arrière, les anglo-saxons, même aujourd’hui, considèrent les conquis que nous sommes encore comme des inférieurs. Malheureusement la France n’a pas échappé à ce travers. Il faut être réaliste: tous les colonisateurs ont voulu coloniser par intérêt, pour piller les richesses de pays « sauvages » et asservir, dans la mesure du possible, les gens en place. La Nouvelle-France ne fait pas exception. Partout où les missionnaires ont été placés à l’avant-garde des exploiteurs, excusez, des explorateurs, sous prétexte de faire connaître leur seul vrai dieu, les troubles ont commencé. Bien sûr, certains d’entre eux, peut-être naïfs, n’y ont vu que du feu et se sont véritablement dévoué, autant pour les nouveaux arrivants que pour les autochtones, mais cela n’autorise pas les dérapages qui ont suivis. N’oublions pas que le haut-clergé, les « rouleaux de papier pourpre », la crosse à la main, ont presque toujours, dans le but de conserver leurs privilèges, fait la part belle aux conquérants, contre leur propre peuple. Les exemples sont légion.
Mme. Morot-Sir, nous apprécions tous vos textes et particulièrement les ouvrages que vous avez écrits, bien faits et très bien documentés. Comprenez par contre que la place prépondérante que vous donnez à ces représentants religieux, peut, à certains moments, indisposer les « mécréants » comme moi et comme beaucoup d’autres pour qui ces robes noires ont joué, plus récemment et toujours, un très mauvais rôle.
Ivan Parent