Vite le bûcher!!!
24 mai 2011
une grave erreur à corriger
Lettre ouverte à Bernard Frappier
Mon cher Bernard,
Je sais que vous êtes en faveur de la liberté d’expression parce que vous l’avez prouvé dans votre façon de gérer Vigile.
Toutefois, par amitié pour vous et dans l’intérêt de Vigile, je tiens à exprimer mon désaccord total par rapport à l’emploi par un des intervenants sur Vigile dans deux de ses textes récents de l’expression "führer Harper".
Dans un texte publié par Vigile le 19 mai 2011 intitulé "Il n’y a qu’Amir Khadir qui se tienne debout", l’auteur écrit :
"La plus insignifiante potiche, Josée Verner, mise de côté par le peuple, se retrouve élue par le führer Harper dans la caste à vie des téteux de partis, chacun le sien."
Le 21 mai, dans un texte intitulé : "Vite le bûcher ! ", le même auteur récidive : "La faillite de l’économie américaine ne sera pas sans effet ici, surtout avec les gouvernements pourris et sans colonnes vertébrales que nous avons. Führer Harper veut nous amalgamer aux USA." (fin de la citation)
Voici ce qu’on peut lire dans une biographie sommaire d’Adolf Hitler (1889-1945). "Chef du parti nazi dès 1921, il dirige toute l’Allemagne à partir de janvier 1933 (IIIème Reich), avec le titre de chancelier puis de « Führer » (« guide »). Dès cette date, il met en place une politique de revanche face à la défaite de 14-18 qui passe notamment par le réarmement de l’Allemagne. Il mène aussi une politique anticommuniste et violemment raciste (antisémite). À partir de 1938, Hitler, chef de la Wehrmacht (l’armée allemande) se lance dans la conquête de l’ « espace vital » de la « Grande Allemagne ». Il annexe l’Autriche (1938), la Tchécoslovaquie (1938), et la Pologne en 1939, ce qui déclenche la Seconde Guerre mondiale. Pendant la guerre, Hitler inspire les plans militaires puis prend lui-même la direction des opérations militaires après l’échec devant Moscou en 1941. Il entreprend aussi l’extermination systématique des Juifs. Vaincu militairement, touché physiquement par un attentat (juillet 1944), Hitler perd à la fin de la guerre tous sens des réalités. Le 30 avril 1945, dans Berlin assiégé par les Alliés, il se suicide dans son bunker." (fin de la citation)
L’histoire nous a fait connaître des dictateurs comme Staline et Hitler qui sont responsables de millions de morts. On a le droit de penser que Steven Harper est un dictateur. Mais on n’a pas le droit d’écrire "führer Harper". Mépriser le Parlement, c’est une chose mais planifier et ordonner la mort de six millions de Juifs, de Tziganes et autres civils innocents, c’en est une autre. Nommer trois amis au Sénat, vouloir couper les subventions aux partis politiques, commander des avions F-35, c’est une chose mais perpétrer tous les crimes qu’Hitler a commis, c’en est une autre.
J’ai déjà signalé la propension dans un débat à traiter de nazi celui qui se présente comme l’adversaire. Cela s’appelle la loi de Godwin, "Godwin’s law". J’en ai déjà parlé . Voir : PAR LES POURSUITES, LA MAFIA DEVIENT SUJET TABOU la loi de Godwin (Godwin’s law) appliquée au Québec, Tribune libre de Vigile, vendredi 22 avril 2011
Godwin a observé que, quand une polémique a lieu sur un blogue, quand les belligérants ne s’entendent pas, il arrive fatalement que l’un accusera l’autre d’être un fasciste ou un nazi ou un antisémite en se référant à Hitler ou Goebbles. C’est une forme de terrorisme intellectuel.
Dans le cas qui nous occupe, on est devant un cas où s’applique la loi de Godwin. Ecrire, "Führer Harper", c’est banaliser Hitler et ses crimes contre l’humanité et c’est discréditer toute critique sensée qu’on pourrait faire contre Steven Harper. Et en plus, c’est faire courir à Vigile des risques inutiles. Rappelons-nous ce qui est arrivé à un analyse financier montréalais Richard Lafferty qui a comparé Jacques Parizeau et Lucien Bouchard à Hitler. Il a été condamné par les tribunaux.
Associer Steven Harper à Hitler, c’est un dérapage qu’on ne peut justifier en disant que l’invective est un genre littéraire qui exige l’exagération et le grossissement des traits. L’esprit de polémique n’excuse jamais le manque de jugement.
Je n’ai pas nommé le nom de l’auteur de ces articles non par mépris mais pour qu’on comprenne bien qu’il ne s’agit pas d’une attaque personnelle.
On peut ne pas être d’accord avec cet auteur sans être nécessairement un "mesquin personnage". Des remarques pertinentes ne sont pas nécessairement des "remarques pernicieuses". Ce que je trouve particulièrement pernicieux, c’est une association comme celle que je dénonce ici. Et je ne suis pas le seul à le faire.
M. Frappier, je vous demande donc d’enlever le mot "führer" utilisé deux fois et je vous demande d’interdire que cette expression ou d’autres semblables soient publiés sur Vigile. La crédibilité de Vigile est à ce prix. Et aussi son avenir.
Il serait bien entendu souhaitable que l’auteur lui-même demande au webmestre d’enlever dans ses deux textes précités cette expression gravement malheureuse qui gâche des textes qui ne sont pas sans intérêt. Il me semble qu’une expérience récente qui est allée jusqu’à l’Assemblée nationale pourrait lui avoir servi de leçon à lui, comme auteur, et à vous, Bernard Frappier, comme webmestre.
Salutations amicales,
Robert Barberis-Gervais, Vieux-Longueuil, 24 mai 2011