Immigration: la quadrature du cercle
4 septembre 2016
Où sont les données du gouvernement libéral pour justifier une augmentation du taux d’immigration au Québec? Comment peut-il alors prétendre qu’un apport plus considérable de l’immigration est «une évidence, une obligation»? Quels sont les impacts financiers sur les citoyens du Québec ? Une récente étude statue qu’il coûte 20G$/an pour l’immigration au Canada. Notre part serait de 4G$ !
Comment ce gouvernement libéral peut-il affirmer vouloir augmenter l’immigration alors qu’il ne s’est même pas donné tous les moyens financiers inhérents à la politique d’immigration du Québec? Bref, de quelle manière le gouvernement libéral de Couillard s’est-il préoccupé de l’intégration des immigrants? Sinon que par des compressions budgétaires… Où sont passés les 340 568 000$ que le Québec a reçus du fédéral pour l’accueil aux immigrants et pour les classes de francisation ?
Benoit Dubreuil relevait le fait que «nous accueillons annuellement 0,6 % de notre population totale. À ce rythme, il faudra attendre environ 15 ans pour réduire l'âge moyen des Québécois... d'un an. Peut-on parler d'un outil efficace contre le vieillissement?»
Le 12 novembre 2014, le gouvernement Couillard s’est vu remettre une étude sur «L’impact de l’immigration sur la dynamique économique du Québec» de 181 pages qui a été réalisée par les économistes Brahim Boudarbat et Gilles Grenier. Dans cette étude, on retrouve que l’apport économique des immigrants au Québec n’est pas aussi positif qu’on le croit. Selon les nombreuses études passées en revue, «la performance des immigrants récents, peu importe comment on la mesure, est de beaucoup inférieure aux attentes», constatent les chercheurs. De plus, «le rapport constate que l’intégration des immigrants au Québec se fait plus difficilement que dans le reste du Canada. Face à ces constats, le rapport recommande de ne pas augmenter les admissions annuelles au Québec, mais de les maintenir aux niveaux actuels.»
En 2009, Banerjee et Robson recommandaient aussi «de maintenir les niveaux d’admission actuels, soit autour de 50 000 immigrants permanents par an. Rien ne prouve que l’économie ait besoin de beaucoup d’immigrants pour se développer. L’immigration peut contribuer à résoudre les problèmes dus au vieillissement de la population, aux disparités régionales ou aux pénuries de main-d’œuvre, mais son effet est limité, et d’autres politiques sont aussi nécessaires. Ainsi, pour contrer les effets du vieillissement de la population, une augmentation de l’âge de la retraite aurait beaucoup plus d’impact qu’un accroissement de l’immigration.»
Il ne faut oublier qu’en plus de recevoir 50 000 immigrants par année, nous avons plus de 115 000 résidents non permanents au Québec qui sont plus nombreux que jamais!
Le recensement de 2014 démontre que les naissances au Québec se sont accrues de 87 700 alors qu’en 2004, il y en avait 74 068. (En comparaison, voici le nombre de natalité par année pour les années suivantes : 2005 : 76341 ; 2006 : 81962 ; 2007 :84 453; 2008 : 87 865; 2009 : 88 891; 2010 : 88 436; 2011 : 88 618; 2012 : 88 700; 2013 : 88 600. Source : Institut de la statistique Québec). Facile d’observer que bon an, mal an, le nombre de naissances fluctue actuellement au-delà de 80 000 naissances et ce, depuis plusieurs années.
Encore une fois, on observe que «le principal défaut de la manière de procéder habituelle de la politique d’immigration actuelle des libéraux est que les objectifs sont quantitatifs avant d’être qualitatifs.»
Pour l'OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques), le fait de recevoir quelque 50 000 immigrants à chaque année pour une population estimée à 8 millions de personnes, c'est proportionnellement 15 % de plus que le Royaume-Uni, 86 % de plus que les États-Unis, 140 % de plus que l’Allemagne, 150 % de plus que la France, 189 % de plus que la Finlande, 539 % de plus que le Portugal et 1806 % de plus que le Mexique!
Il est un point que ce gouvernement libéral ne semble pas avoir compris qu’une des conséquences indirectes de l’afflux de cette immigration a entraîné le phénomène d'étalement urbain autour de la région de Montréal.
Dans son guide au citoyen Understanding Sprawl : A Citizen!s Guide publié en 2003, la Fondation David Suzuki a, quant à elle, identifié neuf catégories d’impacts, tous négatifs, associés à l’étalement des villes. Elle les nomme de la façon suivante: (1) une faible densité entraînant des coûts élevés; (2) un coût élevé de l’habitation lié à l’étalement; (3) une consommation indue de terres de grande valeur; (4) des effets néfastes sur la santé publique; (5) un impact sur le climat; (6) l’énergie; (7) l’eau; (8) la faune; (9) et l’esthétique ainsi que la qualité de vie (Fondation David Suzuki, 2003).
Avant de s’avancer dans son désir d’accroître l’immigration, on conviendra qu’il serait urgent de mener le débat sur notre capacité d'accueil, et qu'il se fasse d'une manière informée quant aux conséquences démographiques, économiques, sociales et linguistiques de l'immigration.