Revivre l'histoire

Une maison divisée contre elle-même

Tribune libre


Lorsque le RIN s’est sabordé en 1968, la situation politique était fort différente de celle d’aujourd’hui. Le MSA de René Lévesque fusionnait avec le RN de Gilles Grégoire et le RIN restait seul dans son coin. Le matin où la nouvelle de l’échec des négociations entre le MSA et le RIN faisait les manchettes du Devoir, la direction du RIN était assez désorientée, c’est le moins qu’on puisse dire. C’est Lévesque qui avait le vent dans les voiles et qui prenait le leadership du mouvement indépendantiste. Le RIN était marginalisé.
Quand j’ai rejoint Bourgault Chez Vito dans la matinée pour parler de la situation et proposer que le RIN se fasse hara-kiri, la discussion n’a pas duré longtemps. En fait, il n’y a pas eu de discussion. Quel choix s’offrait à nous ce matin-là ? Continuer comme parti politique et présenter des candidats aux prochaines élections qui allaient venir dans deux ans ? Mieux valait plutôt se saborder. Dans tous les mouvements du genre, fis-je remarquer à mon ami Bourgault, les plus radicaux combattent toujours les plus modérés dans des luttes fratricides, comme on dit. « Pierre, faisons le contraire. Lévesque ne veut pas de nous ? Il n’est pas notre adversaire. Entrons un par un dans son parti si on ne peut pas entrer en bloc. Il ne peut nous en empêcher. Tu nous vois faire la lutte à des candidats du parti de Lévesque aux prochaines élections? Les fédéralistes seront morts de rire. » On n’a pris que deux cafés autour de la question. Peut-être trois. Avant de quitter, Pierre me disait, « puisque tu veux appeler D’Allemagne, dis-lui que je suis d’accord avec cette stratégie. » Il n’y a pas eu l’ombre d’une objection lors de mon coup de fil à D’Allemagne.
Aurait-il mieux valu que le RIN continue comme mouvement ? Peut-être. Sûrement. Nous n’avons pas pensé à cette option ce matin-là. Comme parti ? Je ne le crois pas. Je croirai toujours que la dissolution du RIN comme parti politique a été dans les circonstances la meilleure décision à laquelle nous pouvions arriver. Bourgault s’est demandé par la suite si cela n’avait pas été une erreur. Une interrogation normale pour un homme qui réfléchit et qui revoit les décisions qu’il a prises, et surtout quand la situation a changé.
Le RIN comme mouvement aurait été utile sinon nécessaire. Les intellectuels pour la souveraineté (IPSO) ont comblé en partie le vide laissé par le RIN. Mais les tensions auraient été vives entre les membres du RIN-mouvement et les associations de comté du PQ durant les années 1968 à 1976. Voyez ce qui se passe entre ON, QS et le PQ. Si le RIN comme parti avait existé, le PQ aurait-il pris le pouvoir en 1976 ? Et aujourd’hui Québec solidaire et Option nationale aussi bien que la Coalition condamnent le PQ à la défaite électorale en 2014, et éventuellement, c’est mon impression, à la défaite historique de tout le mouvement indépendantiste né il y a plus de cinquante ans. À moins que l’on se ressaisisse. Une maison divisée contre elle-même périt inévitablement.
« On n’a pas fait tout ce travail de mise sur pied d’un parti politique en 2006, pour se saborder quelques années plus tard » tranche Mme David, selon Le Devoir (13-5-2013). Le RIN aurait pu dire la même chose : on n’a pas fait tout ce travail, depuis 1960, de mise sur pied d’un parti politique, pour se saborder quelques années plus tard. Mais il l’a fait, le RIN s’est sabordé.
Le Québec semble revivre la situation qui existait durant la décennie 1840, après la défaite du mouvement des Patriotes des années 1830. Parfois je me dis que la génération de 1840 a montré plus de maturité politique que celle d’aujourd’hui. Il fallait bien continuer alors comme il le faut aujourd’hui. La suite viendra bientôt lors des élections de 2014 et Philippe Couillard jouera, semble-t-il, le rôle que Louis-Hippolyte Lafontaine a joué après 1840. Mais avec moins de grandeur.
« Avec 4% d’appuis dans les sondages, 8000 membres et une caisse électorale assez bien garnie », Option nationale pense aller quelque part ? Aussant propose même que le PQ se saborde! Et Québec Solidaire, qui voit ses appuis grimper à 11% dans les mêmes sondages, rêve d’une percée électorale significative l’an prochain. Un ou deux députés de plus? Fort possible. Puis après? Québec Solidaire jouera au Québec, pour un avenir prévisible, le rôle que le N.P.D. a joué au Canada anglais pendant des années. Et Françoise David n’est pas Jack Layton. Comme Pauline Marois n’est pas René Lévesque qui avait su fédérer tout son monde. Je conclus donc que Philippe Couillard sera très probablement le prochain premier ministre du Québec, et qu’il jouera, mutatis mutandis, au 21e siècle, le rôle qu’a joué Lafontaine au 19e. Mais avec moins de grandeur.
Mme Marois veut avoir un gouvernement majoritaire et « donne un conseil simple aux partis indépendantistes rivaux », qu’ils se sabordent. Un conseil plutôt simpliste. Comme dirait Jean-Martin Aussant, je ne comprends pas ses calculs. Option nationale et Québec solidaire pensent avoir le vent dans les voiles, à 4% et 11%. Le vent de l’histoire ne me semble pas souffler très fort de ce côté-là. Et à 20%, le vent s’est quelque peu affaibli du côté de la Coalition Avenir Québec dont l’avenir est incertain. En tout cela je vois plutôt des tourbillons et des turbulences. Chacun veut que l’autre se saborde! Et l’on se chamaille à qui mieux mieux. Plus d’amateurisme politique que cela, tu meurs. Nés dans l’enthousiasme, le mouvement indépendantiste et les partis politiques nés de lui mourront-ils dans le ridicule? La démence, disait Einstein, c’est de faire jour après jour la même chose et penser avoir des résultats différents.
Les militants d’une cause qui ne semble aller nulle part ont le choix entre le retrait dans la vie privée ou la « plainte », « la sortie » ou « la parole ». La recherche d’une autre voix et d’un chemin nouveau où cheminer. Ou de demeurer sur le chemin qui ne mène nulle part. Durant la décennie 1840, Papineau s’est retiré dans son château et a pris quelquefois la parole. Comme Jacques Parizeau ou Bernard Landry ou Lucien Bouchard de nos jours. Cela ne semble guère changer la réalité. Les Canadiens devaient bien continuer à vivre sous la constitution de 1841, comme les Québécois doivent vivre, en 2013, sous la constitution de 1982. Et les Québécois semblent s’en accommoder. Ils ont balayé le Bloc québécois en 2011 et le PQ traîne à 25% dans les sondages en 2013. Quant au PLQ de Philippe Couillard, il est le premier parti politique du Québec avec 38% d’appuis populaires.
Pour une société de la taille du Québec vivant en Amérique du Nord, et seule de sa langue sur ce continent, cinq partis politiques qui se disputent les faveurs d’un peuple qui ne sait trop où il va ni où il veut aller, cela augure mal pour l’avenir. On crée des partis politiques selon ses humeurs : pas assez à gauche, Québec solidaire, voilà la solution, pas assez à droite, c’est la Coalition, pas assez souverainiste, qu’à cela ne tienne, Option nationale. Pas assez riche, vive la corruption! Coderre et Justin pointent à l’horizon! Le PQ au pouvoir cafouille à la ronde! Et l’on danse à Montréal et l’on chante à Québec! Et l’on hurle dans les arénas et les amphithéâtres! Et l’on rit sur les tréteaux à gorge déployée et à fendre l’âme! Et l’on espère et l’on se console en un hypothétique avenir d’un Québec indépendant! En un peuple qui tout à coup se réveillerait de sa torpeur!


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15 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    3 octobre 2015

    Voilà l'histoire politique du Québec, depuis une cinquantaine d'année, qui voulait faire un pays ...
    Quel sera notre AVENIR = PAYS ou PAS PAYS du Québec ???????????????????????????

  • Archives de Vigile Répondre

    1 août 2013

    Elmismo ajoute que nos divisions ne sont bonnes que pour la GRC, Stephen Harper, le NPD (Françoise et Khadir) et Desmarais.
    Le cynisme et l'angélisme sont les 2 faces actuelles d'une mouvance trop immature pour reconstituer sa force de frappe.
    VIVE LE QUÉBEC LIIIIIBRE!

  • Archives de Vigile Répondre

    1 août 2013

    Merci l'auteur de nous expliquer pourquoi une tradition indépendantiste n'est pas digne d'exister au Québec. Tous n'étaient pas d'accord avec votre position et celle de Bourgault. Pour gagner du temps vous en avez fait perdre beaucoup et on continue de payer...
    Rentrer dans les rangs du PQ, un à un, la tête basse... et le reste à l'avenant. Or, le climat de l'époque se prêtait bien à l'indépendance, et notamment à l'indépendance des esprits. Le refus de faire face à Lévesque et de développer la doctrine indépendantiste à l'encontre de l'homme du «beau risque» et du «renérendum», ne fut pas des plus glorieux. Même des décennies plus tard, ça passe difficilement.
    L'histoire prouve qu'une position de principe en faveur de l'indépendance aurait joué en faveur du RIN, j'en suis convaincu. Pourquoi ne le reconnaissez-vous pas ? Il nous faut bâtir aujourd'hui dans des conditions beaucoup moins favorables un très incertain ON, ne le voyez-vous pas ?
    Les peuples qui n'ont pas connu le pouvoir n'ont malheureusement pas d'élites formées pour les diriger, c'est vu. La voie de l'indépendance est une voie difficile car elle demande de s'affirmer collectivement à ceux qui ne l'ont jamais fait. Dur, dur, dur !
    Un café de plus ?
    Gilles Verrier

  • Ouhgo (Hugues) St-Pierre Répondre

    1 août 2013

    "...que le jour où le peuple québécois se sentira prêt à gérer ses propres affaires."
    Wow! Hé, kid! T'as bientôt 35 ans, ta mère pis moé, on te fournit toujours gîte et pension depuis ta naissance, pour t'aider à trouver ta voie... voiture fournie et vacances d'hiver, ç'a dû t'aider à atteindre ta maturité... commences-tu à te sentir prêt à gérer tes propres affaires?...

  • Luc Bertrand Répondre

    1 août 2013

    @ Elmismo 61,
    Le PQ a beau être vu comme le "vaisseau-amiral" du mouvement indépendantiste, si ses canons se taisent à chaque fois qu'il est question d'indépendance, la flotte ennemie ne court pas grand risque. Tant qu'à voter, je préfère voter pour un destroyer (ON) qui n'hésite jamais à lancer ses torpilles, peu importe l'adversaire, que faire confiance au "Tirpitz" et son commandant timoré, l'amiral Oskar Kummetz (le PQ et Pauline Marois), qui craint trop la colère de son Führer en cas d'échec (la peur de replacer l'indépendance au centre de toute son action politique) et qui reste en retrait du combat, voire se terre dans son Kafjord (les bonnes vieilles pantoufles provinciales).
    Pourtant, même en ne prenant aucun risque, le "vaisseau-amiral" est loin d'être impugnable. En effet, l'ennemi dispose d'infiniment plus de ressources (milieux économiques et financiers, ingérence fédérale, nuisance à l'économie québécoise, mainmise quasi totale sur les médias, Cour suprême, etc.), l'équipage du vaisseau a perdu ses habiletés de guerrier et sa confiance et, enfin, l'ennemi contrôle la mer et le ciel. Notre "vaisseau-amiral" peut donc être coulé dans son propre repaire, comme le "Tirpitz" qui a été rendu inopérant suite à une incursion de sous-marins nains et achevé finalement par la RAF.
    De même, à force de se discréditer en étant incapable de régler nos problèmes graves du fait de sa renonciation tacite aux 50 milliards de dollars que nous envoyons à Ottawa, le Parti québécois ne constitue plus une menace pour l'unité canadian et est de plus en plus perçu comme un PLQ 2.0. Même majoritaire au pouvoir, le PQ ne pourra empêcher Ottawa de nous faire reculer, le gouvernement fédéral et ses institutions financières contrôlant l'économie et ses tribunaux pouvant renverser toute loi contraire aux intérêts de la nation canadian. Il ne pourra que décevoir ses électeurs et perdre leur confiance.
    C'est le cadre juridique canadian qui est la cause de notre impuissance collective. Un cadre qui a été bâti sans nous avoir consultés d'aucune manière et qui est conçu expressément pour nier notre différence. Ce n'est qu'en reconnaissant solennellement l'illégitimité de la constitution de 1982 et de sa charte et en s'engageant à rompre avec ce cadre en déposant une loi pour enclencher le processus menant à l'indépendance que le PQ nous sortirait de ce cercle vicieux. Malheureusement, les politiciens professionnels du PQ tiennent trop à leurs privilèges pour risquer de les perdre en assumant la cohérence à la cause. Ce ne pourra être que sous un nouveau parti, ouvertement indépendantiste et opposé à toute forme de gouvernance strictement provinciale, que reprendra la marche vers l'indépendance. Option nationale ne prendra le pouvoir (et réalisera l'indépendance) que le jour où le peuple québécois se sentira prêt à gérer ses propres affaires.

  • Archives de Vigile Répondre

    31 juillet 2013

    @ M. Elmismo61,
    Sans être d'accord avec tout ce que propose QS, il faut admettre qu'ils sont les seuls à proposer un revenu minimum garanti de 12 000$ par année pour tous les Québécois sans exception.
    Cela aiderait grandement à faire en sorte que tous les Québécois sans exception accèdent à une vie décente et heureuse parce qu'à l'aide sociale avec 600$ par mois, tu ne vis pas gros.
    Il ne faut pas oublier que ce grand souverainiste qu'était Pierre Bourgault avait écrit dans une chronique, du temps qu'il avait sa chronique dans le journal de Montréal, qu'il abandonnerait même le projet souverainiste s'il se trouvait quelque part une solution à ce problème de pauvreté qui n'a pas sa raison d'être dans une terre riche en ressources comme le Québec.

  • Archives de Vigile Répondre

    31 juillet 2013

    Merci pour ce rappel qui nous fournit des éléments pour prendre le si nécessaire recul.
    Le PQ reste le navire amiral.
    Une flottille veut prendre seule le large.
    Ces gens-là ne connaissent rien à la navigation!
    Mme David se croit infaillible à la manière d'une "papesse".
    Son MOI hypertrophié passe avant toute cause collective.
    Au surplus, héritière de la gau-gauche des décennies révolues, Son travail de quelques années importe bien plus que celui de plusieurs décennies...
    Elle incarne magnifiquement la "maladie infantile du communisme".
    Qui peut affirmer que cette "maladie" est curable?
    Quant à ON, quel avenir radieux pur le PQ si ces "exilés" si inspirés revenaient au sérail!

  • Ouhgo (Hugues) St-Pierre Répondre

    31 juillet 2013

    @ G.C.
    Excellent, ce texte référé Le Fruit est-il mur...
    et aujourd,hui " Le PQ s’illusionne s’il pense pouvoir gagner à un jeu dont toutes les règles sont définies par Ottawa. Celui-ci a tous les pouvoirs pour le discréditer, ainsi que le projet qu’il dit représenté."
    Tout ça est vrai aujourd'hui, parce que le parti de René Lévesque n'a jamais su convaincre ce "peuple vaincu" du pourquoi et du comment de l'indépendance. Ceci a donné une jeunesse réfractaire à cette cause. Le printemps érable, hélas, ne fut qu'un pétard de quelques jeunes, que nous avons accompagnés, mais que nos élus ont éteints à jamais.
    Comme les "raisins de la colère" ne peuvent plus croître, on ne verra pas le seul événement qui aurait pu faire mentir votre théorie, soit que ce peuple diffus décidât de se lever en bloc pour envahir ce gouvernement timide de l'absence d'encouragement du peuple et réclamât sans délai la promulgation d'un État indépendant.

  • Ouhgo (Hugues) St-Pierre Répondre

    31 juillet 2013

    ERRATUM contrit: "Comment se peut-il que nous nous soyons passés de votre texte si longtemps..."
    l'erreur?? ... que nous nous soyons passé de votre texte...
    lo siento

  • Archives de Vigile Répondre

    31 juillet 2013

    Bon, sabordons ON et QS. Soyons optimiste, et disons que le PQ forme un prochain gouvernement provincial majoritaire.
    Vous dites qu'alors, le PQ aura les outils en main pour réaliser la souveraineté. Rien n'est moins sûr. La situation du Québec a beaucoup changé depuis 1995 (merci à Trudeau, Chrétien, et la Cour Suprême). La main mise du fédéral sur le Québec est maintenant telle, qu'il peut torpiller à volonté tout gouvernement souverainiste qui oserait monter le ton.
    Le PQ s'illusionne s'il pense pouvoir gagner à un jeu dont toutes les règles sont définies par Ottawa. Celui-ci a tous les pouvoirs pour le discréditer, ainsi que le projet qu'il dit représenté.
    Il y a quelques semaines, j'ai soumis ce texte qui exprime assez bien mon point de vue sur ce que vous proposez. Je n'ai pas changé d'opinion.

  • Archives de Vigile Répondre

    30 juillet 2013

    M. Léger,
    Le problème ne serait-il pas qu'il n'y a plus d'idéalisme chez les jeunes générations de Québécois?
    Le Système les a rendu "réalistes". L'important n'est-il pas de s'éduquer pour pouvoir un jour "répondre aux besoins du marché" dans un monde de plus en plus compétitif dans l'espoir d'avoir une carrière, un emploi et de se faire une vie?
    La soumission au Système chez les jeunes générations est à un tel point qu'il n'y a plus de place pour l'idéalisme.
    Comment voulez-vous unir un peuple dans un projet de pays ou un projet de société quand le Système incite au "chacun pour soi" et au "au plus fort la poche"?

  • Ouhgo (Hugues) St-Pierre Répondre

    30 juillet 2013

    M. Roger Léger,
    Comment se peut-il que nous nous soyons passés de votre texte si longtemps, dans un lieu de libre pensée comme ici? Chacun émet son hypothèse de solution pour l’avenir du peuple québécois, sans rarement référer à l’Histoire. Or vous concevez tellement bien le cours de cette Histoire que vous l’énoncez on ne peut plus clairement et les mots pour le dire vous viennent en 2 simples pages (qu’on aimerait pourtant voir ventilées en paragraphes ).
    -Lévesque ne veut pas de nous ? Il n’est pas notre adversaire. Entrons un par un dans son parti si on ne peut pas entrer en bloc. Il ne peut nous en empêcher. Tu nous vois faire la lutte à des candidats du parti de Lévesque aux prochaines élections ? Les fédéralistes seront morts de rire.
    -Si le RIN comme parti avait existé, le PQ aurait-il pris le pouvoir en 1976 ? Et aujourd’hui Québec solidaire et Option nationale aussi bien que la Coalition condamnent le PQ à la défaite électorale en 2014, et éventuellement, c’est mon impression, à la défaite historique de tout le mouvement indépendantiste né il y a plus de cinquante ans.
    -Parfois je me dis que la génération de 1840 a montré plus de maturité politique que celle d’aujourd’hui. Il fallait bien continuer alors comme il le faut aujourd’hui. La suite viendra bientôt lors des élections de 2014 et Philippe Couillard jouera, semble-t-il, le rôle que Louis-Hippolyte Lafontaine a joué après 1840. Mais avec moins de grandeur.
    - Nés dans l’enthousiasme, le mouvement indépendantiste et les partis politiques nés de lui mourront-ils dans le ridicule ?
    -Les Canadiens devaient bien continuer à vivre sous la constitution de 1841, comme les Québécois doivent vivre, en 2013, sous la constitution de 1982. Et les Québécois semblent s’en accommoder. Ils ont balayé le Bloc québécois en 2011 et le PQ traîne à 25% dans les sondages en 2013.
    -cinq partis politiques qui se disputent les faveurs d’un peuple qui ne sait trop où il va ni où il veut aller, cela augure mal pour l’avenir.
    - Et l’on danse à Montréal et l’on chante à Québec ! Et l’on hurle dans les arénas et les amphithéâtres ! Et l’on rit sur les tréteaux à gorge déployée et à fendre l’âme ! Et l’on espère et l’on se console en un hypothétique avenir d’un Québec indépendant !
    J’ajouterais :
    Peuple décapité par la peur! On a cru, au printemps érable, que cette peur atavique, entretenue dans la Réserve, s’était évanouie. Avons alors marché aux côtés de Léo, Gabriel, Martine, et une jeunesse débridée bravant les gaz lacrymogènes… or, Poëti, Lafrenière, Ouellet, policiers galonnés courent encore mais les Patriotes éborgnés lèchent leurs plaies. Et nous faisons l’humour sur Harper qui cherche un nom pour remplacer celui du père de Nouvelle-France, Champlain, un pont qui enjambait le Saint-Laurent.

  • Marcel Haché Répondre

    30 juillet 2013

    Je me souviens de la déclaration de Claude Charron au soir du référendum de 1995. Il disait en substance que les fédéralistes vont s’employer longtemps à faire « fondre » cet immense vote souverainiste. Je crois qu’il avait raison. Qu’avons-nous vu depuis ?
    Porteur d’une grande Cause, le P.Q. a dû subir le départ d’une gauche radicale, travaillée elle-même maintenant par les forces fédéralistes, qui ne voient même plus la nécessité de fonder un N.P.D. provincial.
    Nous voyons les caribous poursuivre leur indomptable course. Au point que même à 2 % du vote populaire, O.N. persévère et croit voir la lumière au bout du tunnel. Mais quelle lumière…?
    Le vote à propos d’une grande Cause s’est fractionné. Il m’arrive de penser que si Pierre Bourgault revenait parmi nous, il dirait que les élites indépendantistes sont devenues craintives et lâches.
    Toute cette dispersion n’est peut-être pas terminée. Demain, les verts pourraient en avoir trop sur le cœur. Et je n’insiste pas à propos des féministes, qui pourraient être outrées du traitement que toute la « mouvance » fait subir à Pauline Marois, pour le compte et le seul profit de nos ennemis qui ne nous remercieront jamais.
    Il n’y a qu’une façon de mettre fin à cette mauvaise spirale : Gagner. Et gagner la prochaine élection pour commencer. Pour commencer quelque chose, faire le premier pas d’une série d’autres, et dont Nous connaissons tous la Destination.

  • Luc Bertrand Répondre

    30 juillet 2013

    Wow! Quel article, monsieur Léger! Je suis très heureux de voir un témoin privilégié raconter ce qui s'est passé lors d'un moment aussi crucial de notre Histoire.
    À votre question si le Parti québécois aurait pris le pouvoir en 1976 si le RIN ne s'était pas sabordé, je vous répondrai probablement non, mais au moins l'idée d'indépendance aurait continué à gagner du terrain.
    Malheureusement, le PQ et René Lévesque ont fait fi de l'avis des ex-membres du RIN. Ceux-ci ont été marginalisés dans les instances du parti et ont servi de boucs-émissaires pour la défaite de 1973. Pourtant, c'est Claude Morin qui a détourné le parti de sa véritable raison d'être dès le début de cette année et a profité de la démission de Jacques Parizeau du conseil exécutif pour faire adopter l'étapisme dans le programme du parti lors du Congrès national de novembre 1974. En éliminant la réalisation de l'indépendance du mandat d'un éventuel premier gouvernement péquiste, on espérait calmer les craintes des électeurs et accélérer la prise du pouvoir. Effectivement, en novembre 1976, cette stratégie a porté fruit, mais, avec le recul, force est de constater que le "bon gouvernement" a fait plafonner, sinon reculer, l'appui à l'idée d'indépendance. Confortés par les grandes réalisations du premier gouvernement péquiste, les Québécois ont acquis un sentiment de sécurité, ne réalisant pas que les gains dans le dossier de la langue pouvaient s'avérer illusoires vu le droit de veto d'Ottawa. L'Histoire allait bientôt démontrer que cette sécurité était fausse, une fois le référendum perdu en 1980 et la nouvelle constitution de Trudeau (avec sa charte des droits et libertés individuelles) imposée deux ans plus tard.
    Probablement confiant de l'emporter grâce au ressentiment post-Meech et post-Charlottetown, Jacques Parizeau a pourtant répété la même erreur en 1995, lui qui était pourtant fermement opposé à l'idée du référendum et de l'association économique préalable avec le Canada. Lucien Bouchard et Mario Dumont, avec l'appui des sondages, l'ont conduit à offrir cette "poignée" qui a ouvert la porte au chantage économique des fédéralistes. Au moins, Parizeau a été cohérent avec lui-même et sa cause en refusant la gouverne d'une province.
    Monsieur Léger, le pire de tout ça, c'est que le PQ n'a toujours rien retenu de ces leçons. Il n'a jamais admis que ses décisions lors des mandats de gouverne provinciale de 1981-1985 et 1996-2003 ont non seulement fait reculer l'appui à l'indépendance, mais également brisé le consensus entre les souverainistes et les progressistes. Il a refusé de remettre en cause la stratégie référendaire en 2005, il l'a carrément mise aux oubliettes depuis 2008 et agit maintenant comme un membre du Conseil de la fédération canadienne.
    Aujourd'hui encore, il s'entête à blâmer QS et ON pour sa situation de gouvernement minoritaire alors que c'est justement l'électoralisme à courte vue du PQ et de ses chefs qui est à l'origine de la formation de ces partis, au mépris de sa base militante, de ses partenaires syndicaux et de leurs idéaux.

  • André Vincent Répondre

    30 juillet 2013

    ON et Qs sont des culs de sac. Je le crie, je le hurle depuis deux ans. Et pourtant, ses membres et militants foncent fièrement dans le mur, en chantant le pays, alors qu'il faut bien le dire : Sans le savoir peut-être, ils font parti de la cinquième colonne, surtout QS qui lui, le sait très bien. Du moins les hautes instances NPD.
    André Vincent