Prospective et perspectives pour le Québec

Chronique de Louis Lapointe

Si 2008 a été l’année de Jean Charest, 2009 a été celle de Stephen Harper. Jean Charest a perdu sa couche de téflon au cours de 2009 et nous devrions assister à un changement de garde au sein du PLQ en 2010.

Au cours des prochains mois, les conservateurs fédéraux fourbiront leurs armes pour devenir le premier gouvernement majoritaire se faisant élire sans l’appui du Québec, puisque la prochaine élection fédérale se gagnera sur le dos du Québec, la patrie des séparatistes et de la corruption libérale, celle de Jean Chrétien et de Jean Charest. Des clous sur lesquels les conservateurs frapperont pour devenir majoritaires.

Alors que le Bloc protégera ses acquis au fédéral, la situation du PQ demeurera beaucoup plus fragile. Sa popularité n’a rien à voir avec le discours de son chef. Le PQ est un parti qui se meure faute de leadership. Il y a de moins en moins de militants pour passer le chapeau. Ceux qui le font depuis trente ans sont épuisés et il n’y a plus personne pour les remplacer!

Pendant ce temps, les libéraux provinciaux se choisiront un nouveau chef qui fuira comme la peste le débat linguistique pour ne pas faire peur à son électorat anglophone et allophone et s’intéressera davantage aux régions. Une recette qui pourrait lui permettre de remporter les prochaines élections, car ne nous leurrons pas, le recul du français à Montréal n’intéresse pas les électeurs francophones des régions. Il faut dire que le PQ n’a rien fait pour préparer le terrain!

Puisque c’est dans les régions que se gagneront les prochaines élections provinciales et que le PQ n’a pas profité des 7 dernières années passées dans le purgatoire pour développer un nouveau discours à ce sujet, la nature détestant le vide, les libéraux auront le loisir de voler quelques bonnes idées parmi les nombreuses qu’a développées le mouvement du Québec des régions et dont Québec Solidaire s’est fait le seul porte-étendard aux dernières élections provinciales.

Je prédis donc l’élection d’un gouvernement conservateur majoritaire à Ottawa sans le Québec où le Bloc maintiendra une forte opposition, ainsi que la démission de Jean Charest. Plusieurs ministres l’accompagneront, tous ceux qui risquent d’être convoqués devant la commission d’enquête sur la corruption que le parti libéral déclenchera au terme d’un processus parlementaire menant à l’adoption d’une loi-cadre, ce qui tiendra lieu de ménage au sein du PLQ.

La personne qui remplacera Jean Charest à la tête du PLQ proviendra des régions. Elle sera une pure laine, une femme, elle aura du leadership et sera capable de parler aux nationalistes, aux fédéralistes, aux régionalistes, aux capitalistes, aux socialistes et aux environnementalistes. Elle développera un discours sur les régions et voudra protéger les institutions québécoises contre les intrusions du gouvernement conservateur. À cause de son image jeune et dynamique, elle deviendra rapidement plus populaire que Pauline Marois.

Ses dossiers les plus chauds seront ceux de la défense des intérêts du Québec, du sénat, de la représentativité du Québec au Parlement du Canada et de la commission canadienne des valeurs mobilières qui menace la survie de l’AMF, ce canard boiteux qui a tant à se reprocher. Il faut dire que son actuel président, Jean St-Gelais, est l’ancien secrétaire général du gouvernement péquiste de Bernard Landry, le bouc émissaire idéal dans les circonstances ! Histoire de sauver la face, on trouvera bien quelques scandales à son sujet, même si c'est Jean Charest qui l'a nommé, comme les libéraux ont essayé de le faire avec Jean-Claude Scraire à la CDPQ et Claude Blanchet à la SGF il y a quelques années!

Le PQ perdra les prochaines élections et son chef sera remplacé tôt ou tard par un chef qui viendra des communautés culturelles, sinon le PQ disparaîtra au profit de Québec Solidaire. Comme nul n’est prophète dans son pays, dans le contexte de la chute de l’empire américain, les Québécois issus de l’immigration ne voulant pas s’identifier aux conservateurs canadiens, pas plus qu’à la culture déclinante de Hollywood, il se trouvera bien un chef charismatique pour leur révéler que " le local c’est l’international ", que le Québec est justement rempli de local et de régional, c’est ce qui fait sa force. Que ce caractère unique est en danger et qu’il faut protéger Martin sur la route, le ragoût de pattes, la tourtière, les œuvres de Michel Tremblay, Fred Pellerin, des Trois Accords et de Gaston Miron.

Ce sont les descendants des immigrants qui feront l’indépendance parce qu’ils voudront se donner une identité internationale enracinée dans le local! À cet égard, Stephen Harper est un puissant repoussoir pour la jeunesse québécoise.

Nous comprendrons alors que Normand Brathwaite était notre St-Jean Baptiste, Amir Khadir notre messie, (souvenez-vous du lancer de la sandale dans le film Life of Brian des Monty Piton !) et Chloé Ste-Marie, Marie-Madeleine. Le seul leader qui se tient vraiment debout au Québec, le Grand chef Ghislain Picard, deviendra le premier président de la république indépendante du Québec.

Nos immigrants et leurs descendants devenus Québécois se seront enfin reconnus en nous et nous pourrons alors sauver notre langue, notre culture et nos autochtones. Nous serons dès lors délivrés de nous-mêmes comme dans la prière du Notre Père!

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Louis Lapointe534 articles

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L'auteur a été avocat, chroniqueur, directeur de l'École du Barreau, cadre universitaire, administrateur d'un établissement du réseau de la santé et des services sociaux et administrateur de fondation.





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7 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    5 janvier 2010

    Je commence à prendre la mesure du silence de Monsieur, lorsqu'interrogé, on lui demandait qui représentait l'avenir, il a répondu par un silence évocateur.
    J'avais cru que Pauline était la leader qu'il fallait pour le Québec. C'est une femme qui a de grandes qualités certainement, mais je ne crois plus qu'elle représente l'avenir.
    L'absence de leadership dans le mouvement souverainiste est la pelle qui creuse la fosse dans laquelle tombera notre mouvement s'il ne survient pas des leaders charismatiques capables de donner le change. Et manifestement, madame Marois ne possède pas les impérieuses qualités rassembleuses qui nous font cruellement défaut.
    Ce qui fait que je suis passablement d'accord avec votre analyse.

  • Archives de Vigile Répondre

    4 janvier 2010

    Réflexion intéressante. Mais n'est-ce pas un peu pessimiste? Ironique? Absurde même, par moments? Il est vrai qu'il est question de la politique québécoise et canadienne, mais quand même... ;-)
    @Oliviero
    Et de quelles frilosités parlez-vous? Je vous incite à écouter le discours d'Amir Khadir et de Françoise David à la fin du dernier congrès d'orientation du parti. Les membres y ont notamment voté des positions portant sur l'indépendance du Québec. Serait-ce frileux de vouloir parler d'indépendance? J'aurais cru l'inverse...
    Le discours (Youtube) :
    http://www.youtube.com/watch?v=nXpDBdZFbNY&feature=player_embedded
    L'assemblée constituante est une stratégie intéressante pour réaliser l'indépendance du Québec, mais surtout pour créer concrètement la société que nous voulons, collectivement.

  • Raymond Poulin Répondre

    4 janvier 2010

    Publiées le 1er avril, beaucoup de ces contre-prévisions transformées en nouvelles feraient un sacré tabac! Bonne année et sus aux esprits chagrins.

  • Archives de Vigile Répondre

    4 janvier 2010

    Monsieur Lapointe,
    Comme vous, j'adore l'ironie et le 2e degré.
    Bizarre toutefois que certains de nos lecteurs avertis ne semblent carburer qu'au 1er degré. Pourtant, votre message est clair : "Bande de flancs-mous, attendez-vous que les autres fassent la job à notre place?" Le pire risque de celui qui écrit : être mal compris.
    "Les beux sont lents, mais la tere est patiente", comme disait l'autre.
    Au plaisir

  • Archives de Vigile Répondre

    4 janvier 2010

    Bravo pour la réflexion M. Lapointe!
    Par contre, il serait étonnant que Québec solidaire devienne un véhicule dynamique et rassembleur de l'indépendance du Québec. La frilosité de ce parti de gauche sur la question nationale et ses positions idéologiques prônant le multiculturalisme en sont la preuve éloquante.

  • Archives de Vigile Répondre

    4 janvier 2010

    Je ne crois pas que le PQ sera si mal pris que vous l'écrivez. Les sondages actuels sont plutôt favorables...pourvu que ça dure. Je constate dans votre texte des perspectives surprenantes...peut-être...qui sait vraiment...qui vivra verra.
    « Demain ne sera pas comme hier. Il sera nouveau et il dépendra de nous. Il est moins à découvrir qu'à inventer. »
    Gaston Berger
    Extrait de la Phénoménologie du temps et prospective
    Bonne année M. Louis.

  • Archives de Vigile Répondre

    4 janvier 2010

    Dans votre introduction, je n'y vois aucun Canadien français ou Québécois de souche!!!! Que seront-ils devenus? Des citoyens du monde, d'ailleurs et de partout? Des citoyens virtuels? Des androïdes multiculturels ? Des objets et des instruments folkloriques ? De nouveaux porteurs d'eau ? Des faire-valoir, comme c'est le cas actuellement, pour les politiciens canadiens et québécois ?
    Quant à votre article précédent sur l'éducation, je dirais qu'il faut mettre la hache dans le MEQ et le vider de ses spécialistes de l'ombre... Recommencer et revaloriser le métier d'enseignant. C'est là qu'on fomente notre assimilation et notre disparition. Je le répète depuis des années. Et à chaque réformette, qui permet à nos politiciens incultes de se donner bonne conscience, nous nous retrouvons dans une situation encore pire que la précédente. D'ailleurs M. Parizeau ne s'inquiète-t-il pas lui-même de cette situation?
    En passant, je crois que Chloé Ste-Marie est métisse.
    Et continuez, M. Lapointe, à nous faire réfléchir.
    Meilleurs Voeux!